La Belgique est sous le patronage particulier de saint Joseph (depuis 1624), saint Colombanus de Gand, Notre-Dame de Banneux et Notre-Dame de Beauraing.
Saint Adalardus est né à Oudenaerde vers 751. Petit fils de Charles Martel, ce moine et abbé joua un rôle important à la cour de Charlemagne. Il est fêté le 3 janvier dans le diocèse de Gand. (source : Chemins de sainteté)
Sainte Adélaïde, jeune soeur du couvent cistercien de la Cambre, près de Bruxelles, connut beaucoup de souffrances physiques. Devenue aveugle, elle contracta la lèpre, fut frappée de paralysie et dut quitter sa communauté. Offrant ses souffrances pour les âmes du purgatoire, elle obtint des visions de leur délivrance par son intercession. Sa vie a été écrite par un contemporain. Elle est fêtée le 15 juin.
Mort en 420, on ne connaît saint Agricole que par son inscription dans la liste épiscopale de l'ancien diocèse de Tongres.
Mort en 768, saint Anglin était le dixième abbé de Stavelot-Malmédy.
Sainte Anne de Saint-Barthélémy est née Anna Garcia, en 1549 en Castille. Après ses vœux de Carmélites auprès de saint Thérèse d’Avila, elle fut envoyée par la sainte pour réformer les maisons de France et de Flandres. Elle mourut à Anvers le 07 juin 1626 dans le Carmel qu’elle avait fondé. Elle est fêtée le 7 juin. Son nom vient de l'hébreu hannah, grâce.
Évêque de Cambrai et d'Arras, saint Aubert serait originaire de cette région. Devenu évêque, il reçut souvent la visite du roi Dagobert qui avait une grande admiration pour lui. Par ses oeuvres et par sa vertu, il se rendit extrêmement cher à tous ses diocésains. Entre 645 et 667, Saint Aubert, de la colline Baudimont à Arras, voit scintiller une lumière sur la colline Sainte Madeleine. C'est, pour lui, un signe. Il fait, alors, venir des moines Bénédictins à qui il met à disposition la colline Sainte Madeleine. Cet ordre des Bénédictins, fondé par Saint Benoît de Nursie en 529, est appelé à apporter un renouveau dans la chrétienté. Leur règle est basée sur le travail et la prière. Aussi ont-ils défriché, assaini et cultivé les terrains, forêt et marécage de la colline Sainte-Madeleine et apporté la prospérité. Ils y ont construit une abbaye, dédiée à Saint Vaast. En 668, Saint Omer, évêque de Thérouanne, rend visite à Saint Aubert, évêque de Cambrai-Arras, à l'occasion de la translation des reliques de Saint Vaast vers l'abbaye. Aveugle, il y est guéri mais par humilité, Saint Omer préfère la pauvreté de la cécité et il redevient aveugle. Il aida à la fondation de nombreux monastères et prit la direction spirituelle de saint Vincent de Soignies et sainte Waudru. Il fut également l'éducateur de saint Landelin. Plus tard, saint Fulbert de Chartres en écrivit la vie et les miracles.
Saint Aybert (ou Aibert, ou Albert) est né vers 1060 à Espain. Ermite quasiment dès l'enfance, passant des nuits en prière, à genoux ou prostré, il cherchait cependant à cacher sa dévotion et ses jeûnes : il mangeait une bricole pour pouvoir dire en vérité à ses parents qu'il avait mangé. Un trouvère arrivant chez lui chanta les vertus du saint ermite récemment décédé Théobald. Le jeune Aybert partit de suite pour l'abbaye bénédictine de Crespin, où le Père Jean, vivant en reclus, l'admit sous sa direction. L'abbé Rainer le reçut ensuite comme moine, il exerca les fonctions de prévôt et de caviste pendant 25 ans, puis passa, ayant reçu la permission de l'abbé Lambert, 22 ans en réclusion. Cependant beaucoup sollicitaient son conseil spirituel. Il fut ordonné prêtre en 1113 par l'évêque de Cambrai Burchard. Il disait chaque jour deux messes : l'une pour les vivants et l'autre pour les morts. Vu son habitude de réciter l'Ave Maria 50 fois de suite (l'on disait qu'il en disait 150 par jours, 100 avec génuflexion et 50 avec prostration), il est un de ceux auxquels on peut faire remonter l'origine du Rosaire, avec Pierre l'Ermite et saint Dominique. Mort le 7 avril 1140, il est fêté le 7 avril. Un hameau près de Valenciennes porte son nom, et possède un puits éponyme classé au patrimoine historique. Une église lui est dédiée à Bléharies, près d'Antoing, reconstruite entre 1924 et 1926 dans le style cubiste par l'architecte Henry Lacoste.
Aye, ou Austregilde (ou Aia, Aya, Agia, Aghia), était
la fille de Burnulphe, comte d'Ardennes, cousine du roi
Dagobert (qui fit égorger Brunulphe, son oncle) et de Charibert.
Elle était aussi nièce de sainte Waudru
et de son mari saint Vincent, donc cousine
des saints Dentelin, Landeric, Aldetrude, Madelberte.
Avec son mari saint Hidulphe,
ils vécurent près de Lobbes, dans la continence, car ils se
considéraient l'un l'autre comme consacrés à Dieu. Hidulphe se retira à l’abbaye de
Lobbes alors qu'elle terminait ses jours à Châteaulieu, près de Mons,
auprès de sainte Waudru. Elle mourut probablement vers
707, année de la mort de son époux. Guérisons et grâces inspirèrent dévotion et
confiance en elle à la population. Une contestation ayant éclaté à propos
de donations qu'elle avait faites à l'église de Mons, elle intervint du fond
de son tombeau et la dispute prit fin. Elle est fêtée le 18 avril, depuis
la décision de l'évêque Pierre de Mirepoix le 6 juillet 1314.
Une translation de ses reliques eut lieu en 1625, l'archevêque de Cambrai
approuva un nouvel office. Sainte Aye est invoquée contre les
procès iniques. En couple avec saint Hidulphe,
elle est fêtée le 20 avril.
Collecte de la messe de sainte Aye :
Dieu éternet et tout-puissant,
montrez-vous plein de bonté pour nous, qui n'avons guère
confiance en la valeur de nos mérites, et par l'intercession de la bienheureuse Aye, votre élue,
faites-nous sentir votre indulgence et non votre rigueur.
Par Notre-Seigneur Jésus-Christ, votre Fils. Amen.
Compagnon de saint Feuillen et irlandais d’origine, il fut abbé du monastère de Saint-Amand à Deurne. Il est mort à la fin du 7è siècle. Son corps fut transféré à Moustier–sur-Sambre. On le dit un protecteur spécial de la peste et des fièvres ardentes. Aujourd'hui, il est surtout invoqué pour la guérison des enfants atteints de la maladie du carreau, à l'aide de l'eau de la source qui se trouve à Moustier-sur-Sambre et qui porte le nom de Saint-Frédégand. Là a lieu chaque année une procession avec sa châsse. Il est patron de Deurne et d'Anvers. Il est fêté le 17 juillet dans les diocèses d'Anvers et de Namur.
Chanoine de Liège en Belgique, il suivit saint Bernard à Clairvaux, puis il revint dans son pays où il fut le premier prieur de l'abbaye cistercienne d'Aulne. Il mourut en 1180. Il est fêté, localement, le 26 novembre.
Issu d'une famille noble et vertueuse de Bourgogne,
saint Gengoux (ou Gengoul, ou Gangulphe, Gandoul,
Golf, Gigou, Genf, Gingolph) passa son enfance et le début de sa jeunesse dans une
parfaite innoncence, joignant à son don pour les lettres les exercices de la
piété chrétienne. Honnête et pudique, il fuyait la compagnie des
libertins et la vue de tous les objets qui pouvaient ternir la fleur de sa chasteté,
préférant visiter les églises, entendre la Parole de Dieu, la méditer,
lire des livres spirituels l'instruisant des pures maximes de l'Evangile.
Sans paroles indiscrètes ni inutiles, son visage modeste inspirait de la dévotion à
ceux qui l'entretenaient. Riche à la mort de ses parents, il administra ses terres
et seigneuries avec prudence et sagesse, témoignant sa reconnaissance envers Dieu
en Lui en rendant une partie par l'assistance de Ses ministres et de ceux dont Il veut que nous considérions l'indigence comme semblable
à la sienne propre. Il prit une femme d'une maison noble et riche, mais sans sa piété
et ses qualités d'esprit et de coeur; elle était vaniteuse, mondaine, légère. Dieu
permit une société si inégale pour éprouver la vertu
de son serviteur et le purifier dans le creuset des afflictions. Brave, il prit part aux
campagnes de Pépin le Bref, notamment pour soutenir la prédication de l'Evangile dans
la Frise, ce qui expliquerait la dévotion dont il a été et est encore l'objet en
Hollande.
Pour ses faits d'armes et sa sainteté, il était estimé de Pépin, qui le faisait coucher
dans sa tente. Un soir, quand ils furent tous 2 au lit, la lampe, qu'on avait éteinte, se
ralluma. Le roi, s'étant réveillé, fut surpris de cette lumière; il se leva et souffla
la lampe, qui se ralluma encore; le prodige se renouvella 3 fois, et convainquit Pépin
qu'un saint reposait dans sa tente.
Saint Gengoul s'en retournait en Bourgogne pour se reposer de la guerre; passant par le
Bassigny, il s'arrêta dans un endroit délicieux, sur le bord d'une fontaine, d'excellentes eaux.
Il l'acheta et la paya à celui qui en était le possesseur. Dieu voulut punir l'avarice de ce dernier, qui croyait avoir à la fois la
fontaine et son prix, ne voyant pas comment le Saint la transporterait dans
ses terres. Gengoul, arrivé à Varennes, sa résidence habituelle, ficha son bâton
dans la terre et en fit jaillir la magnifique fontaine qui disparut de la terre du
vendeur avare. Modèle de patience, autre Tobie, autre Job, il supporta avec fidélité son
épouse, lui prodiguant de salutaires avertissements. Elle se moquait de sa piété,
insultait à ses vertus, puis lui devint infidèle. Le Saint, s'en étant aperçu, fut
plongé dans une vive douleur et une grande perplexité, trouvant également pénible
et funeste de punir ce crime et de le laisser impuni. Un jour, se promenant seul
avec la coupable, il lui dit : « Il y a
longtemps qu'il court des bruits contre votre honneur. Je n'ai pas voulu vous en
parler avant de savoir s'ils étaient fondés; mais aujourd'hui, il ne m'est plus
permis de garder le silence : je vous rappele donc qu'une femme n'a rien de plus
cher au monde que son honneur; elle doit tout faire pour le conserver ou le recouvrer. »
Elle lui répondit avec impudence qu'il n'y avait rien de plus
injuste que les bruits qu'on faisait courir contre elle; elle lui avait gardé sa
foi jusqu'alors et la lui garderait toujours; il était malheureux pour elle d'être
victime de telles calomnies. « S'il en est ainsi, réplique le Saint, voici une eau
limpide et qui n'est ni assez chaude ni assez froide pour nuire.
Plongez-y votre bras : si vous n'en éprouvez aucun mal,
vous serez innocente à mes yeux. » La coupable, voyant cette épreuve comme un
trait de la simplicité de son mari, s'empressa de fournir un témoignage si facile
de son innocence, et plongea son bras dans l'eau jusqu'au coude. Elle fut bien
surprise quand, à mesure qu'elle l'en retira, la peau, se détachant comme si on l'eût
écorchée, vint pendre jusqu'au bout de ses doigts d'une manière horrible : elle ressentit
des douleurs excessives. Confuse, interdite, elle n'osait plus lever les yeux sur son
mari; et néanmoins, l'orgueil l'empêchant encore de s'avouer coupable et de demander
pardon, elle demeura dans un honteux silence, à l'exception des cris que la douleur
lui arrachait. Gengoul lui dit : « Je pourrais vous livrer à toute la sévérité
de la loi; mais j'aime mieux vous laisser la liberté d'expier vous-même, dans la
pénitence et les larmes, l'adultère dont le Ciel vient de vous convaincre. Cependant
je ne demeurerai pas plus longtemps avec vous; retirez-vous dans la terre que je vous
ai affectée pour votre douaire, tâchez d'y apaiser la colère de Dieu justement irrité
contre vous, compensez par de bonnes oeuvres les iniquités que vous avez commises;
et, pour moi, je me retirerai aussi, afin que la compagnie d'une adultère ne me fasse
pas participant de son crime. » Il
mit sa femme dans une de ses seigneuries et lui assigna un certain
revenu pour sa subsistance, se retirant dans un château qu'il avait auprès
d'Avallon, ville de Bourgogne, sur le Cussin, entre Auxerre et Autun. De là, il continua
de veiller sur la conduite de celle que son infidélité avait rendue indignes de ses
soins : il l'exhortait souvent, par lettres, à rentrer en elle-même et à expier ses
fautes passées par une meilleure vie. Mais ses remontrances furent fort inutiles.
Cette femme libertine, se voyant séparée de son mari, en profita pour confirmer ses
désordres. Elle ne se contenta pas de vivre publiquement dans l'adultère; mais craignant
que son mari ne donnât tout ses biens aux pauvres, à qui il faisait déjà de grandes
aumônes, ou ne la punît selon toute la rigueur des lois, elle résolut sa mort,
avec le complice de ses désordres, qui se chargea de l'exécution. Cet assassin se rendit
donc secrètement à la résidence de Gengoul, et ayant trouvé le moyen d'entrer dans sa
chambre lorsqu'il était seul et encore couché, prit l'épée qui était pendue près de
son chevet, et leva le bras pour lui en décharger un grand coup sur la tête. Mais
Gengoul, s'étant réveillé en ce moment, para le coup, qui le frappa seulement sur la
cuisse. Le Martyr de la justice et de la chasteté n'eut cependant que le temps de
recevoir les derniers Sacrements avant de s'endormir dans le Seigneur, le 11 mai 760.
Il avait 2 tantes d'une insigne vertu à Varennes : Villetrude et Villegose, qui
souhaitèrent que son corps fût enterré en l'église de leur bourg, d'autant qu'il en
était le fondateur et qu'il avait donné de grands revenus pour l'entretien des clercs qui
la desservaient. Avec tout le clergé et une partie des habitants, elles se transportèrent au lieu
où il était décédé. Son corps fut donc conduit à Varennes
avec beaucoup de solennité et au milieu des flambeaux et des chants ecclésiastiques sans
discontinuer. Cette pompe funèbre fut rendue plus éclatante par la miracles qui
témoignèrent de la gloire céleste de saint Gengoul.
La France, les Pays-Bas, l'Allemagne, la Suisse, lui élevèrent des autels; et au pied des Alpes, sur le bord du lac de Genève,
dans le diocèse d'Annecy, un village qui porte le nom de saint Gingolph est dédié à saint
Gengoul. On dit qu'il y séjourna quelque temps retiré parmi les rochers,
anachorète se livrant à la contemplation, à la prière et à la pénitence.
Le meurtre de saint Gengoul ne demeura pas impuni : l'adultère qui l'avait
assassiné, retourné vers son infâme maîtresse
fut saisi sur-le-champ de violentes coliques et mourut dans un lieu digne de lui, au
milieu des plus atroces douleurs. La femme du Saint, qui ajouta à ses crimes celui de
se moquer de ses miracles, fut châtiée par une incommodité honteuse qui lui dura toute
la vie.
On représente saint Gengoul en costume de baron, armé de toutes pièces, avec une croix
sur son écu, la main posée sur la garde de son épée, dont la pointe fait sortir de terre
une source. Saint Gengoul est l'un des patrons de Harlem, de Florennes, de Toul, de
Varennes en Champagne, de Montreuil-sur-Mer...
Ses saintes reliques furent dans la suite transférées à Langres, où une église des
Carmélites a porté son nom. Beaucoup d'autres lieux se glorifient d'en posséder ou
d'en avoir autrefois possédé quelque partie, dont la ville de Florennes, près de
Philippeville, où Gérard, chanoine de Reims et depuis évêque de Cambrai, fit bâtir
une célèbre maison en l'honneur de cet illustre Martyr, qui connut plusieurs miracles.
Il est dans la crypte d'une chapelle de Varennes une fontaine de saint Gengoul
autrefois bien fréquentée, aujourd'hui recouverte de maçonnerie.
Les fidèles de Montreuil se rendaient autrefois en pélerinage à la chapelle
Saint-Gengoul, située sur la paroisse de Saint-Josse (Pas-de-Calais), dévotion
transférée depuis dans une église du faubourg, en même temps que sa statue
équestre. Le culte de ce Saint a persisté à Bernay. Ses reliques sont vénérées
à Saint-Vulfran d'Abbeville, Montreuil-sur-Mer (la nuque obtenue du chapitre de Toul en
1671 fut brûlée en 1793 mais a été remplacée depuis par une autre relique par Mgr Parisis),
Florennes. La célèbre Hroswitha a composé, au 10ième siècle, un poème latin, extrèmement curieux
sur la passion de saint Gengoul. Patron des mal-mariés, il est fêté le 11 mai.
Il est invoqué pour l'union des couples, et une chapelle lui est dédiée à Vielsalm, ainsi
qu'une fontaine construite en pierre d'arkose dont l'eau est bénéfique pour les
maux d'yeux et les rhumatismes.
Son nom vient des mots germain gena, race, et wulf, loup. (source :
AMDG.BE)
Grand seigneur du Hainaut, il employa sa richesse à fonder
des monastères. À partir de 665, il se retira
à l'abbaye de Lobbes, qu'il aida saint Landelin à fonder,
où il mourut le 23 juin 707.
Il est fêté le 23 juin à Mons et à Binche, où on vénère ses reliques
depuis leur transfert le 4 avril 1409.
En couple avec sainte Aye, il est fêté
le 20 avril.
À ne pas confondre avec saint Hidulphe de Trèves.
Sainte Aldegonde est née à Tournai au 7ème.siècle de parents nobles. Elle refusa toute sa jeunesse les propositions de mariage et sous l’influence de sainte Waudru elle se décida à vivre pour Dieu seul. Elle fonda un monastère à Maubeuge après avoir vécu dans un monastère à Mons. Elle est morte le 30 janvier 684. Elle est fêtée le 30 janvier.
Sainte alène naquit à Dilbeek, à l'époque de la conversion des francs, vers 640. On a une trace de son culte à Forest à la fin du douzième siècle. Fille de seigneur païen, elle se convertit très jeune. Un jour, elle s'échappe du château paternel pour entendre la messe à la chapelle de Forest. Son père la fait suivre par ses gardes, mais au bord de la Senne, elle les sème en marchant sur les eaux. Son père, croyant à la sorcellerie, exige qu'on la lui ramène. Elle est tuée dans la lutte, son bras est arraché, un ange alors apparaît, le ramasse et le porte sur l'autel de la chapelle. Ses parents se convertissent est les pèlerins affluent à Forest devant sa dépouille. Elle est enterrée à Forest. Elle est fêtée le 17 juin et est invoquée pour soigner les douleurs aux dents. Une chapelle lui est dédiée dans l'église Saint-Denis de Forest.
Sainte Alice (Aleyde, Aleydis) est née en 1215 à Schaarbeek dans une famille néerlandophone.
À sept ans ses parents la confient aux Dames Blanches du couvent cistercien,
Camera Sanctae Mariae, Notre-Dame de la Cambre (fondé en 1201 par Gisèle, dame bruxelloise),
où elle restera toute sa vie, inspirant toute la communauté par
son esprit d'humilité. Elle fut cependant atteinte de lèpre en 1243, dut être isolée au fond
de la forêt de Soignes, au terme
d'un office liturgique spécial, recevant robe grise à ceinture rouge, gobelet, panier à pain, visière,
gants et cliquette : « Sois morte au monde ! Vis pour Dieu ! »
Elle devint
paralysée et aveugle; sa grande consolation était la réception de la Sainte Eucharistie;
même si, vu le risque de contagion, elle ne pouvait boire à la coupe. Elle bénéficia, dès 1246,
d'une rémission éphémère pendant laquelle elle peut séjourner dans un petit bâtiment construit pour
elle à proximité du chœur, d'où elle pouvait voir le tabernacle et s'unir à la prière
de ses sœur. Elle était une aide et une consolation pour tous les miséreux
de la contrée, qui affluaient au monastère, attirés par sa sainteté. Sa sœur Ida,
religieuse aussi, lui était d'un grand secours. Le Seigneur, dans
l'une de ses nombreuses visions, lui confirma qu'une des deux espèces suffisait. Elle mourut
en 1250. Saint Pie X approuva son culte comme sainte le 24 avril 1907.
Elle est fêtée à Malines le 12 juin. Elle est invoquée contre les maladies de peau. Une chapelle
en son honneur demeure dans les ruines de l'Abbaye de la Cambre.
De cette flamande, l'on raconte des choses si admirables qu'elles en sont incroyables s'il n'y avait pas la caution du très sérieux Jacques de Vitry, cardinal et chroniqueur honnête et intelligent. Il la connut pendant deux ans et il vit en elle s'épanouir les grâces divines. Souvent ravie en extase, elle semblait comme morte. On lui fit même un jour son enterrement. Or pendant le chant du Requiem, elle se leva de son cercueil ouvert et s'envola jusqu'au voûte de l'église. Au couvent Sainte-Catherine de Saint Trond, où elle passa les dernières années de sa vie et mourut en 1224, elle fut un modèle d'humilité et d'obéissance. Elle est fêtée, localement, le 24 juillet.
Originaire de Meerbeke ( Ninove), sainte Berlindis vécut un premier temps à l'abbaye de Moorsel. Plus tard elle choisit avec plusieurs compagnes une vie d'offrande pour les soins aux pauvres et aux malades. Elle est morte vers 930. Elle est fêtée le 3 février. (source : Chemins de sainteté)
Au 13 ème. siècle, on trouve une légende qui fait venir saint Chrysole de Rome en Gaulle vers le 3ème.siècle. Evêque martyr, il serait mort au diocèse de Lille. Il est fêté le 8 février à Tournai. (source : Chemins de sainteté)
Prêtre à Amiens, il aurait fondé l'église de Lustin. Il set fêté le 3 février. (source : Chemins de sainteté)
Sainte Lutgarde est née à Tongres en 1182. Elle est mise à douze ans en pension
chez les bénédictines du monastère Sainte-Catherine de Milen non loin
de Saint-Trond. À dix-sept, poursuivie par les avances d'un gentilhomme,
résolue cependant à se vouer au Seigneur, le Christ lui apparaît,
lui découvrant sa plaie du côté, lui disant : « ne recherche plus
les flatteries d'un vain amour. Regarde ici et contemple désormais ce que tu dois aimer
et pourquoi tu dois l'aimer. C'est ici que je te promets de te faire goûter des délices de toute pureté.
» . Ce fut sans doute la première apparition médiévale du Sacré-Cœur. S'imposant beaucoup
de pénitences, Lutgarde connaît aussi la « nuit des sens ». Notre-Dame et sainte Catherine lui apparaissent
lors de ses nuits de prière.
Sainte Lutgarde devient moniale, elle a le don de guérir les malades
et de comprendre les psaumes en latin. Elle reçoit la grâce de l'échange
des cœurs avec Notre-Seigneur : « Que m'importe à moi, rustique et sans
lettres, moniale et non dans les ordres, de savoir les secrets de l'écriture ? Et Dieu de lui dire : Que veux-tu donc ?
Ce que je veux, dit-elle, c'est votre Cœur. Et le Seigneur : Bien plutôt, c'est moi qui veut ton cœur.
Elle lui répondit : Qu'il en soit ainsi, Seigneur, de telle façon cependant que vous accordiez à mon cœur
l'amour de votre Cœur et qu'en vous je possède mon cœur, bien à l'abri et pour toujours
sous votre garde. Alors eut lieu l'échange des c&oeurs. » (son biographe Thomas de Cantimpré, o.p.)
Une nuit le Seigneur l'invite à boire à sa blessure au côté : « de la croix il détache un bras, il l'enlace,
la serre contre son côté droit et applique sa bouche à la blessure. Elle y but une douceur si puissante
qu'elle fut depuis lors et jusq'à la fin toujours plus forte et plus alerte au service de Dieu. »
Mais elle est très affligée
par sa nomination de prieure.
Après une apparition du Christ lui confirmant sa décision, elle changea d'ordre et
passa ses trente dernières années
cachée au monastère d'Aywiers à Couture-Saint-Germain. Elle obtint la grâce du Seigneur
de ne point apprendre la langue romane de ses sœurs, pour mener
une vie plus recueillie. Elle accomplit trois jeûnes de sept ans, le premier
pour la conversion des Albigeois, le second pour la conversion des pécheurs, qui
blessent si profondément le Cœur du Sauveur, le troisième répondant à
une invitation divine pour écarter de l'église un ennemi très redoutable.
Elle est
morte le 16 juin 1246 et fut inscrite au martyrologe romain en 1584.
Elle est fêtée à Ittre le 16 juin. la Bienheureuse Ida (1243-1300), l'une des sœurs de Lutgarde, qui vécut au monastère Cistercien de Rossendael près de Malines, fut elle aussi favorisée de grâces surnaturelles, reçut les sacrés stigmates et pénétra plus d'une fois dans la plaie du côté du Sauveur.
Le trésor
de l'église Saint-Rémy d'Ittre contient une superbe châsse de sainte Lutgarde,
orfévrerie liégeoise de 1624. Une chapelle Sainte-Lutgarde due à Arthur
Brancart, patron des verreries de Fauquez, mais elle a été réaménagée en musée.
Comte de Huy, chevalier, martyr, le nom de saint Mengold apparaît vers le IXème siècle. Il est fêté le 8 février. (source : Chemins de sainteté)
Né à Fosses à la fin du XIème siècle, le bienheureux Hugues de Fosses est ordonné prêtre et s'attche à saint Norbert. Il participe à la constitution de l'ordre des Prémontrés dont il deviendra, à la mort de saint Norbert, responsable des statuts. Il est mort le 10 février 1164 et est fêté le 9 février. (source : Chemins de sainteté)
Fils de saint Knoet, roi du Danemark, saint Charles le Bon (H. Karel de Goede) dirigea dès 1119 le comté de Flandres. Il fut très attentif aux soins des pauvres. Il est assassiné le 2 mars 1127 à l'église Saint-Donat de Bruges. Il est fêté le 2 mars, à Bruges et à Gand.
Saint Chrodegangus eut une vie importante comme chancelier et premier ministre de Charles Martel, puis de Pépin. Évêque, il réorganisa la vie religieuse dans son diocèse. Mort le 6 mars 766, il est depuis fêté le 6 mars à Hasselt.
Les parents de sainte Colette, qui habitaient Corbie en Picardie, se désolaient de n'avoir pas d'enfants. Ils prièrent saint Nicolas, qui le leur obtint, et dont leur fille reçut son nom, Nicole. Orpheline à 18 ans elle obtint la possibilité d'entrer malgré son âge chez les béguines d'Amiens. Elle fut déçue de leur vie trop douce, de même chez les bénédictines et les clarisses. Son père spirituel, franciscain, comprend son désir d'une vie austère faite de pauvreté, et la fait entrer dans le tiers-ordre franciscain. Elle vit recluse à Corbie, connaît la grâce de la contemplation. Mais elle veut réformer le Second ordre, celui des Clarisses. Elle obtint de rencontrer Benoît XIII, qui résidait en Avignon, anti-pape du Grand Schisme, mais d'un sens spirituel réel et profond. Il la nomme abbesse de tous les monastères qu'elle fondera et réformera, décision confirmée par le pape de Rome, Innocent IV. Elle réformera en premier lieu le monastère de Besançon, puis beaucoup d'autres en Savoie, Artois, Allemagne, Belgique, dont celui de Gand, où elle mourra le 6 mars 1447. Son corps fut ensuite transporté à Poligny dans le Jura. Canonisée le 24 mai 1807, elle est fêtée le 6 mars. Son nom vient de nikê, victoire, et laus, louange, en grec.
Je vous recommande
toujours la sainte Règle, que vous preniez bien garde que tout soit bien
fait et bien gardé, afin que, de la charge qui vous est commise, vous puissiez
rendre bon compte à Dieu. Le labeur est bref mais le repos est long.
(Sainte Colette à ses sœurs - 18 juillet 1446)
Au jour de la Sainte-Colette, commence à chanter l'alouette.
Frère de saint Landry, de sainte Madelberte et
de sainte Aldétrude, fils de sainte Waudru et de saint Vincent de
Soignies, neveu de sainte Aldegonde de Maubeuge, saint Dentelin vécut
au septième siècle. La légende affirme
qu'il mourut à sept ans, et que sa sainteté fut rendue visible par des
prodiges autour de son tombeau. Il devint patron de la ville de Rees,
qui, comme les chanoinesses de Sainte-Waudru auparavant, le fête le 14
juillet. (source : AMDG.BE)
Saint Domitien de Maastricht fut évêque de Tongres et de Maastricht de 535 à 558. Pasteur dévoué, il employa sa fortune à soulager les pauvres et à bâtir églises et hôpitaux, ses interventions au concile d'Orléans en 547 furent remarquées. Il évangélisa les recoins de la Taxandrie (Limbourg). Il est mort en 558. Il est patron de la ville de Huy. La châsse qui est conservée dans le Trésor de la collégiale Notre-Dame de Huy, où se trouvent aussi ses reliques, est un chef-d'œuvre de l'art mosan. Il est fêté localement le 7 mai. Son nom vient du latin domus, maison.
Fille d'Arnold de Saxe et d'Ode de Herstal, sœur de l'évêque saint Modoald de Trèves et mère de sainte de sainte Gertrude de Nivelles (née en 626), de saint Sigebert et de sainte Begge d'Andenne (par laquelle elle est à l'origine de la dynastie carolingienne), ainsi que de Grimoald d'Andenne (né en 616). sainte Itte (ou Iduberge, ou Idoberge) épousa saint Pépin de Landen, duc et maire du palais d'Austrasie. Elle fit venir les trois moines irlandais, saint Feuillen, qui devint son directeur spirituel, saint Ultan et saint Fursy, qui rétablirent le monachisme dans le Brabant et le Namurois, en leur permettant de construire le monastère dit des Scots, à Fosses en 651, et en leur assurant un soutien financier important. Devenue veuve en 639, elle devint abbesse dans le monastère qu'elle fonda à Nivelles avec son mari, monastère dont elle devint ensuite la patronne après sa mort le 8 mai 652. Elle est fêtée le 8 mai. Son nom vient du flamand wit, blanc.
Tropaire
de sainte Itte ton 4
La brillante solennité
La mémoire glorieuse de la servante du Christ
Dont le souvenir réjouit les chrétiens
Épouse fidèle et abbesse bienveillante
Elle porte aux hommes une grâce qui ne tarit.
Par ses prières, Sauveur, sauve le monde qui est tien.
Née à Rétine, près de Liège, en 1192, Julienne, orpheline à cinq ans, est
recueillie avec sa sœur Agnès par les Augustines du Mont Cornillon
--- elle prend l'habit à quatorze ans. Dans une vision en 1208, le Christ
lui demanda de consacrer tout son temps et ses énergies pour que soit fêté
d'une manière toute spéciale dans l'Église le très saint Sacrement de son
Corps et de son Sang. Le globe de la lune rayonnait de lumière mais était
traversé en son diamètre par une ligne obscure; ni elle ni ses
consœ urs n'en comprirent le sens. Elle se résolut à le demander au
Seigneur et, pendant son sommeil, en 1210, une voix lui dit : « L'Église
militante est figurée par le globe de la lune; la tache qui en voile une
partie signifie qu'il manque une fête dont Dieu veut l'institution : c'est
la fête du très auguste et très saint Sacrement de l'autel. Le jeudi
saint, à la vérité, est tout désigné à cet effet, mais les diverses
autres cérémonies de ce jour en empêchent la solennité ; il faut en
établir une autre qui sera honorée et observée dans toute la chrétienté,
pour que la foi aux mystères de la religion, qui diminue et diminuera
encore si l'on n'y porte remède, soit affermie et confirmée en son entier,
pour que les hommes qui aiment et cherchent la vérité en soient pleinement
instruits, et puisent dans cette source de vie des forces pour avancer
dans le chemin de la vertu, enfin pour que les irrévérences et impiétés
journalières qui se commettent contre la majesté de ce sacrement soient
réparées et expiées par une adoration profonde et sincère.» Julienne
connut ensuite une vie mystique extraordinaire, ayant les dons de
prophétie et de connaissance des cœurs.
Prieure en 1222, le Seigneur l'invita à l'action, mais elle fut
ignorée, incomprise et persécutée par son entourage, notamment le
supérieur du mont Cornillon. Son amie la bienheureuse Ève de Liège,
recluse cistercienne, sollicita les savants conseils de Jean de Lausanne,
chanoine de saint Augustin, Hugues de Saint-Cher, Guy de Laon, futur
évêque de Cambrai, Jacques Pantaléon de Troyes, archidiacre de Liège,
confesseur de Julienne et futur pape Urbain IV. En 1247, les chrétiens de
Liège célèbrent la première Fête-Dieu, composée par Jean, religieux du
mont Cornillon alors devenu supérieur grâce à l'évêque de Liège,
Robert de Thourotte. Mais ce dernier mourut et l'opposition reprit;
pourchassée de monastère en monastère, protégée tant bien que mal par les
cisterciens, Julienne mourut à Fosses en 1258, ne pouvant communier mais
fixant l'hostie d'un regard pénétrant. Elle est inhumée dans l'église de
Villiers en Brabant. En 1264, par la bulle Transiturus de hoc
mundo d'Urbain IV, la fête du Corpus Domini (Fête-Dieu en France)
devint fête de l'Église universelle. Sous l'impulsion notamment de sainte
Gertrude de Helfta, sainte Dorothée de Dantzig, Jean XXII, la dévotion au
Saint-Sacrement prit de l'ampleur, et des processions firent leur
apparition (en 1274 à Cologne, en 1350 à Rome).
Le désir suscité par le Christ dans le cœ ur de sainte Julienne est de
rappeler à l'homme la grandeur du mystère de l'Eucharistie et de l'inciter
à s'y unir plus fréquemment et plus intensément. Car Jésus sait mieux que
quiconque combien cette nourriture nous est nécessaire pour vivre
fidèlement en enfants de Dieu. En recevant ce don si merveilleux qu'Il
nous fait de tout lui-même à travers son corps, puissions-nous répondre à
son désir et devenir nous aussi le pain de nos frères. Nous devons vivre
en vérité de cette espérance que « nous pouvons tout en celui qui nous
fortifie ». Elle est fêtée le 5 avril.
Joseph Marmion naît le 1er avril 1858 au 57 Queen Street à Dublin, d'un père irlandais et d'une mère française, septième d'une famille de neuf enfants. Trois de ses sœurs deviendront religieuses au couvent de la Mercy à Clonakilty. Il est baptisé le 6 avril en l'église St-Paul, Arran Quay, où il fait sa première communion en 1864. Après des études à l'école primaire des Pères augustins, au Belvedere College et, ayant obtenu une bourse, au Holy Cross College de Clonliffe, il entre au séminaire Holy-Cross de Dublin, destiné qu'il était dès sa naissance à la prêtrise par ses parents dévots. Il entame des études de philosophie à l'Université catholique de Dublin et est reçu en 1877 comme Bachelor of Arts. au séminaire Holy-Cross de Dublin à 16 ans. Il finit ses études à Rome au Collège de la Propagande de la Foi et il est ordonné en 1881. Passant au retour par Maredsous, il est séduit par ce jeune monastère belge fondé en 1872 par les deux frères Placide (l'Abbé) et Maur Wolter venus de l'Abbaye allemande de Beuron, et il voudrait bien y rester. Son évêque, en Irlande, lui demande de surseoir à son désir monastique et et le nomme vicaire, puis professeur au Grand Séminaire (1882-1886). Il s'initie notamment à la direction spirituelle, ce qui se révélera plus tard l'un de ses grands charismes. En 1886, il entre à Maredsous. Noviciat laborieux pour ce prêtre de 30 ans qui doit changer de coutumes et de langue, son office de cérémoniaire en revanche lui permet de vivre son amour de la belle liturgie. En 1889, son action opportune sauve l'abbaye de l'incendie. Après sa profession solennelle en 1891, dom Columba seconde le Maître des novices et prêche avec succès dans les paroisses alentour. Il participe à la fondation de l'Abbaye du Mont-César à Louvain et prêche des retraites en Belgique et au Royaume-Uni. Il devint le confesseur, confident et ami de Mgr Mercier, le futur Cardinal. Il fut un brillant guide spirituelle, notamment pour Dame Cécile de Hemptinne, moniale de Maredret. Dom Hildebrand de Hemptinne, 2e Abbé de Maredsous étant nommé par Léon XIII premier Abbé Primat de la Confédération bénédictine en 1893, il finit par renoncer à mener les deux charges de front pour se consacrer uniquement à celle d'Abbé Primat. Il resta prieur du Mont César (Keizersberg) de 1900 à 1909, prêchant de nombreuses retraites (à Ampleforth, Douai, Douai-Reading, Erdington, Downside, Haywards Heath, Ramsgate). En 1909 il est élu troisième Abbé de Maredsous à la tête d'une communauté d'une centaine de moines, avec deux écoles et des publications, en particulier la Revue bénédictine. Là il participa au renouveau des recherches bibliques et de la ferveur liturgique, tout en continuant son activité internationale, voulant servir plutôt que présider cette vie fervente pour Dieu, comme l'indique sa devise : Prodesse magis quam praeesse. Il est reçu en audience par Pie X le 22/09/1912. Il aide les moniales et moines anglais de Milford Haven et Caldey qui veulent passer au catholicisme. Lorsque éclate la guerre de 1914, il envoie ses jeunes moines en Irlande et lui-même souffre beaucoup dans sa santé déjà éprouvée. Mais il continue son activité de prédicateur et de directeur spirituel. Ainsi écrit-il à un jeune qui se prépare à l'ordination : « La meilleure des préparations à l'ordination est de vivre chaque jour dans l'amour, partout où l'obéissance et la Providence nous placent. » (1915) Son secrétaire rassemble, pour les publier, ses conférence en trois livres, sur le Christ vie de l'âme (1917), le Christ dans ses mystères (1919) et le Christ idéal du moine (1922), et un quatrième posthume, Sponsa Verbi, qui connaîtront tous un grand succès. La reine Élisabeth lui rendit une longue visite en 1920. En septembre 1922, malgré sa fatigue, il accepte de remplacer l'évêque de Namur pour conduire le pèlerinage diocésain à Lourdes. Il meurt d'une grippe en 1923 à Maredsous, ayant été un apôtre au grand cœur, avide de répandre largement le joyeux message de notre adoption filiale en Jésus-Christ. Le corps de Dom Marmion repose dans la chapelle Saint-Grégoire de l'église abbatiale de Maredsous depuis le 29 avril 1963. Il est est béatifié le 3 septembre 2000. « Puisse le Bienheureux Columba Marmion nous aider à vivre toujours plus intensément et à comprendre toujours plus profondément notre appartenance à l'Église, corps mystique du Christ ! » (Jean Paul II) Voir le livre « Prier 15 jours avec Columba Marmion ».
Abbé en Irlande, les invasions vikings le poussèrent à emmener sa communauté en Belgique. Le 2 février 957, il devint ermite dans le cimetière de saint Bavon à Gand. Sa réputation de sainteté fut rapide et large, de nombreux disciples arrivèrent. Il mourut le 25 février 959 et fut enterré en la cathédrale de Gand. Fété localement le 2 février, il est un des patrons de la Belgique, avec saint Joseph, Notre-Dame de Banneux et Notre-Dame de Beauraing. En tant que tel il est invoqué dans toute litanie publique.
Joseph de Veuster naît le 3 janvier 1840 dans une famille belge de langue
flamande, exploitants agricoles modestes du
village de Tremelo. Il était le septième de huit enfants dont quatre
entreront en religion. Après l'école primaire, il travailla quelques
années dans l'entreprise familiale et étudia ensuite le français à
Braine-le-Comte, avant de suivre à 19 ans son frère Pamphile dans
la Congrégation des Sacrés-Cœurs de Jésus et Marie (ou Pères de
Picpus), prenant le nom
de Damien. Il y développe son amour de l'adoration eucharistique qui sera
son seul soutien dans les heures de solitude, et son amour de la Sainte
Vierge. Dans son ardeur missionnaire, le jeune religieux s'adresse
directement au supérieur général et obtient la permission de partir, à la
place de son frère tombé malade, dans la mission nouvellement fondée aux
îles Hawaï. Il s'embarque le 2 novembre 1863, avant même son ordination
sacerdotale qui lui
sera conférée à Honolulu. Le gouvernement avait regroupé d'autorité tous
les lépreux de l'archipel dans l'île Molokaï, sur la bande de terre
Kalaupapa. En 1873, le Père Damien est choisi
parmi d'autres volontaires pour assurer une présence sacerdotale dans cet
enfer de désespoir et de misère morale. Il organise alors la vie
religieuse, sociale et fraternelle dans cette île mise au ban de la
société, luttant contre la corruption. Il construit des maisons de soin
pour
les filles, pour les garçons, une nouvelle église, une école. Mais seul
au milieu des Canaques, il souffre de ne pouvoir se confesser.
Il se solidarise avec les lépreux (il aimait dire : « nous les
lépreux », dès sa première prédication, il embrassa tous ces malheureux en
disant simplement : « Nous lépreux ». Et au premier malade qui lui dit :
« Attention, Père, vous pourriez attraper mon mal », il répondit : « Mon
fils, si la maladie m'emporte le corps, Dieu m'en donnera un autre. ») et
même, malgré ses précautions, il est atteint à son tour
par la maladie. « Qu'il est doux de mourir comme un enfant des
Sacrés-Coeurs de Jésus et de Marie »,
disait-il à son dernier jour. Il avait souhaité que ce fut le jour de
Pâques; ce fut le Lundi Saint, 15 avril 1889. En 1936, sa dépouille fut
ramenée en Belgique par le bâteau-école belge Mercator, puis inhumée dans la
crypte de l'église Saint Antoine à Louvain. En 1969, les Américains lui
rendirent hommage en érigeant une statue à son effigie au Capitole de
Washington.
En 1957, pour la première fois, on organise en Belgique la Journée des
Lépreux, qui permet de récolter de l'argent pour les lépreux. Cette
initiative débouche, en 1964, sur la création de la Fondation Père
Damien, qui poursuit l'œuvre de Damien. Il a été
béatifié par Jean-Paul II le 4 juin 1995. Il est fêté le 10 mai.
« Sans le Saint-Sacrement, une position telle que la mienne ne serait
pas soutenable. Mais, ayant Notre Seigneur à mes côtés, je continue d'être
toujours gai et content et je travaille avec zèle au bien de mes pauvres
malheureux lépreux. » (Bienheureux Père Damien de Molokaï)
Musée
du Père Damien/Damiaanmuseum (in het
nederlands)
Le site de la fondation
Damien, qui continue l'œuvre du Père Damien.
Saint Euchaire fut évêque de Trèves pendant 23 ans, et fut le premier à évangéliser cette ville et ses alentours. Il est fêté localement le 8 décembre, jour de sa mort. Son nom vient des mots grecs eu et keros, bien et cire.
Saint Eucher fut évêque d'Orléans et confesseur. Depuis sept ans, il vivait heureux à l'abbaye de Jumièges en Normandie, quand ses concitoyens obtinrent de Charles Martel qu'il leur fut donné comme évêque. Il fit mine de ne rien savoir et ne bougea pas. Charles Martel lui écrivit qu'il le ferait transporter à Orléans par ses soldats, s'il tardait à se mettre en route. Eucher dut s'incliner et quitta Jumièges les larmes aux yeux. Tout alla bien jusqu'à la bataille de Poitiers (732). Estimant que ses soldats avait sauvé l'Eglise de l'Islam, Charles décida de s'indemniser en s'emparant des vases d'or servant au culte. Tous les évêques se turent, tant ils avaient peur et seul Eucher protesta. Destitué et exilé à Cologne, cette riche Eglise, déjà trop taxée, le reçut en héros, logé dans un palais et invité à présider les grandes cérémonies liturgiques. Charles Martel se fâcha devant ce centre d'opposition. Il envoya le gouverneur de Liège pour séquestrer saint Eucher. Robert de Liège se laissa convaincre par saint Eucher qui lui demanda de redevenir moine à Saint-Trond comme jadis à Jumièges dont il avait toujours le vague-à-l'âme. Saint Eucher mourut le 20 février 738 en l'abbaye de Saint-Trond. Il est fêté localement le 20 février. Son nom vient des mots grecs eu et keros, bien et cire.
Originaire de Tournai il devint le premier évêque de ce diocèse ( 497-531). Il est fêté le 20 février.
Elle est née le 11 octobre 1818 à Soumagne. Elle fonda l'ordre des Sœurs de Marie Réparatrice. Sœur Marie de Jésus est morte le 22 février 1878 à Florence. Elle est fêtée le 22 février.
La bienheureuse Eugénie Joubert est née le 11 février 1876 à Yssingeaux, près de
Notre-Dame du Puy. Quatrième d'une famille de huit enfants, elle est fille d'un exploitant
forestier, qui vivait à distance car il ne supportait guère sa femme. Elle est mise au pensionnat
des Ursulines à Ministrel. À 19 ans, elle rejoint
sa sœur dans la congrégation de la Sainte-Famille du Sacré-Cœur,
fondée par le Père Rabussier, s.j. et mère Marie Ignace Melin, pour l'enseignement
de la catéchèse. Elle prononça ses vœux le 8 décembre 1897.
Elle fut catéchiste de 1897 à 1901, à Aubervilliers, puis à Saint-Denis. Elle étudie saint Thomas
d'Aquin et les Pères de l'Église. Son allure est vive et son rire joyeux, mais son recueillement
est profond et sérieux. Sa dévotion pour la Sainte Eucharistie
et la Très Sainte Vierge Marie rendait vivantes pour les enfants les vérités qu'elle
enseignait. Elle suivit deux fois les Exercices Spirituels de saint Ignace, aimant particulièrement se placer
dans l'intimité de la Sainte-Famille.
Elle priait la Vierge de l'aider, et la faisait prier par les enfants pour
qu'elle les aide à comprendre et retenir ses leçons. Elle calmait les plus turbulents.
Elle vit de l'esprit d'enfance évangélique, dans une union toujours plus profonde à la Trinité
Sainte, comme sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus et de la bienheureuse Élisabeth
de la Trinité. Ne se ménageant pas, elle est atteinte d'épuisement, puis par la tuberculose.
Elle est morte le 02 juillet 1904 à Liège, ayant deux fois murmuré le nom de Jésus et baisé le crucifix.
Du ciel, elle fera signe : le 1er octobre 1928, Emile Legay atteint d'un cancer des bronches implore son aide.
Au grand étonnement des médecins, il guérit. Elle a été béatifiée le 20 novembre 1994. Elle est fêtée
le 2 juillet à Liège.
« Je vous en supplie, ma bonne Mère, malgré mes infidélités, de vouloir bien m'aider à entrer dans
l'intimité, dans le secret de la Très Sainte Trinité. O beata Trinitas ! » (Bienheureuse
Eugénie Joubert)
« Ô bienheureuse misère, plus je l'aime, plus aussi Notre-Seigneur l'aime et s'abaisse vers
elle pour en avoir pitié et lui faire miséricorde ! »
« Les personnes du monde cherchent à avoir des succès dans leurs désirs de plaire
et de paraître. Eh bien! Notre-Seigneur me permet, à moi aussi, d'avoir des succès dans la
vie spirituelle. Chaque humiliation, si petite soit-elle, est un vrai succès pour moi dans
l'amour de Jésus, pourvu que je l'embrasse de tout mon coeur. » (Bienheureuse Eugénie Joubert)
« Lorsqu'un enfant est plus turbulent que les autres et provoque en moi l'impatience,
je pense à la douceur et à la patience de Jésus envers moi malgré mes infidélités. » (Bienheureuse Eugénie
Joubert)
« Aimer Marie, l'aimer encore et toujours davantage! Je l'aime parce que je l'aime, parce qu'Elle
est ma Mère. Elle m'a tout donné; Elle me donne tout; c'est Elle encore qui veut tout me donner.
Je l'aime parce qu'Elle est toute belle, toute pure; je l'aime et je veux que chacun des battements
de mon coeur lui dise : ma Mère Immaculée, vous savez bien que je vous aime ! » (Bienheureuse
Eugénie Joubert)
« Je ne fais rien, mais c'est plus simple :
je fais la volonté du bon Dieu, c'est ce qu'il y a de meilleur » (Bienheureuse
Eugénie Joubert)
«Depuis mon enfance, écrit-elle alors, mon coeur, cependant pauvre, grossier et terrestre,
cherchait vainement à apaiser sa soif. Il voulait aimer, mais seulement un Époux beau,
parfait, immortel, dont l'amour soit pur et immuable... Marie, vous m'avez donné, à moi,
pauvre et petite, le plus beau des enfants des hommes, votre divin Fils Jésus ! » (Bienheureuse
Eugénie Joubert)
« Si je vis d'esprit de foi, écrit-elle, si j'aime vraiment Notre-Seigneur, il me sera facile
de me faire une solitude au fond de mon coeur et surtout d'aimer cette solitude, d'y demeurer
seule avec Jésus seul. » (Bienheureuse Eugénie Joubert)
« Que mon cœur désormais, semblable à la boule de cire, simple comme le petit enfant, se
laisse revêtir par l'obéissance aveugle, de toute volonté de bon plaisir divin, sans opposer
d'autre résistance que celle de vouloir donner toujours plus. » (Bienheureuse Eugénie Joubert)
« Le bon Dieu ne défend pas de rire et de s'amuser, pourvu qu'on l'aime de tout son coeur et
que l'on garde son âme bien blanche, c'est-à-dire sans péché... Le secret pour rester
l'enfant du bon Dieu, c'est de rester l'enfant de la Très Sainte Vierge. Il faut beaucoup
aimer la Très Sainte Vierge et lui demander tous les jours de mourir plutôt que de commettre
un seul péché mortel ». (Bienheureuse Eugénie Joubert)
« Ô Jésus, dites-moi quelle était votre pauvreté à vous? Dites-moi ce que vous cherchiez avec
le plus d'empressement à Nazareth? Faites-moi la grâce d'embrasser de toute mon âme la
pauvreté qu'il plaira à votre amour de m'envoyer. » (Bienheureuse Eugénie Joubert)
Sœur Eugénie Joubert est un modèle d'union à Dieu dans les petites choses. Elle nous apprend à vivre la sainteté au
quotidien, en nous rappelant que telle est notre vocation. (Monseigneur Brincard)
Recluse cistercienne vivant à Liège, la bienheureuse ève de Saint-Martin, ou ève de Liège, continua l'oeuvre de sainte Julienne du mont Cornillon et propagea la dévotion de la Fête-Dieu. Elle est morte en 1262. Elle est fêtée localement le 14 mars ou le 4 juin. Son nom vient du hébreu hawwah, vivante.
Sainte Walburge, ou Walburgis, était la sœur de saint Richard. Elle vint avec ses frères pour évangéliser nos régions. Elle vécut un temps à Anvers puis devint abbesse à Heidenheim où elle mourut le 25 février 779. Ses reliques furent ramenées à Veurne en 870. Elle est fêté le 25 février.
Née à Marseille le 28 mai 1841, Mère Marie de Jésus Deluil-Martiny est fêtée le 27 février à Anvers. Elle fonda l'Association des Filles du Cœur de Jésus. Elle est morte assassinée en 1884. Elle est fêtée le 27 février.
Paulina Jeuris est née à Schakkebroeck (Herk-de-stad) le 28 décembre 1872. Sœur missionnaire franciscaine de Marie, nommée Marie-Amandine, elle partit en Chine avec un grand nombre de missionnaires pour soigner les plus démunis. Elle est morte martyr le 09 juillet 1900. Elle est fêtée le 10 juillet.
Le 09 juillet 1572 plusieurs prêtres et religieux sont assassinés en Hollande à Brielle. Plusieurs de ces religieux venaient de nos régions : saint Nicolas Janssen, saint Godefroid Coart, saint François de Roye, saint Pierre d’Asse, saint Jacques La Coupe. Ils sont vénérés en l’Eglise saint Nicolas de Bruxelles. Ils ont été canonisés en 1867. Ils sont fêtés en Flandre et dans le diocèse de Malines-Bruxelles le 9 juillet.
C'est vraisemblablement entre l'an 42 et l'an 52 que trois
missionnaires partent de Rome pour évangéliser la Gaule du Nord: Euchère
et ses deux jeunes lévites Valère et Materne. Leur destination : Trêves,
ville la plus importante et la plus opulente de la Gaule Belgique. Les
trois frères y commencent leurs travaux avec un zèle que ne peut rebuter
ni la corruption des romains aisés, ni la farouche idolâtrie des
autochtones. Plus d'une fois, Euchère, qui s'élève avec force contre
l'abomination du culte païen, et proclame que seul Jésus-Christ est digne
dadoration, faillit être lapidé. On les chasse de la ville, mais nos
missionnaires ne perdent pas courage: ils attendent en paix le moment
choisi par Dieu pour faire rejaillir Sa Puissance d'une manière telle que
les conversions affflueront.
Cette occasion est donnée à Euchère par Albana, une noble dame veuve d'un
puissant sénateur. Dieu guérit miraculeusement son fils par les prières
d'Euchère, et Albana se convertit. La nouvelle fait grand bruit, et sert
puissamment à la cause de l'Evangile. Les néophytes se mettent à affluer.
Revenons-en à Materne. Après 23 ans de travaux, Saint Euchère s'éteint
paisiblement à Trèves après une vie pleine de mérites. Valère lui succède,
et le christianisme fait de tels progrès que selon un chroniqueur, à la
fin de son épiscopat qui dure 15 ans, le nombre de chrétiens dans la ville
surpassait le nombre des païens. Materne succède à Valère, mais bien que
son âge soit déjà avancé, il ne tient pas en place. Il songe à étendre son
champ d'action, ou plutôt, son champ d'évangélisation.
Politiquement, c'est une période relativement calme pour les chrétiens.
Rome est préoccupée de défendre ses frontières du Rhin, et ne songe pas à
persécuter les croyants qui jouissent en Gaule du Nord d'une liberté
relative. Materne reprend son bâton de pélerin, il descend la Moselle et
le Rhin, s'arrête dans les bourgades échelonnées le long des deux
rivières, et y prêche la bonne nouvelle. Sa direction est Cologne,
capitale des Ubiens, où l'un de ses disciples, Saint Paulin, meurt martyr
et scelle de son sang le témoignage de Jésus-Christ ressuscité. Materne
établit en la ville des lieux de prière, et pour les desservir, installe
des prêtres chargés de conserver et de faire mûrir le fruit de son labeur.
Puis il bifurque vers l'Ouest, et passe chez les Tongres, dont la
capitale, qui porte encore aujourd'hui le nom de Tongres, est alors une
cité considérable au carrefour de quatre grandes voies militaires vers
Bavai, Cologne, Arlon et Nimègue. Materne a mis le pied sur le territoire
qui est actuellement la Belgique. L'évangélisation de la Belgique
pays a commencé.
Materne connaît à Tongres un succès immédiat, il y bâtit un oratoire en
l'honneur de la Très Sainte Mère de Dieu, et on a prétendu que ce fut le
premier oratoire dédié à la Vierge Marie en-deça des Alpes. Il jette les
bases de l'évêché qui sera plus tard transporté successivement à
Maestricht et à Liège. C'est pourquoi d'anciennes images le représentent
tenant une église à trois clochers, Trèves, Cologne, Tongres, les trois
grandes étapes de sa vie d'évangélisateur. De Tongres, Materne descend
vers la Meuse et se met à parcourir ces rives sauvages où n'existent que
de misèrables huttes éparses dans les bois. Trois endroits seulement, ou
plutôt trois rochers, présentent quelques habitations réunies: Namur,
Maastricht et Dinant. Materne les visite et bâtit un oratoire au pied de
chacun de ces rochers. À Namur, c'est à l'endroit où se trouve
actuellement l'église Saint Materne, rue Notre-Dame, au pied de la
citadelle. Etendant ensuite ses excursions sur les deux rives de la
Meuse, il bâtit des chapelles aux endroits où se trouvent aujourd'hui les
villes de Walcourt et de Ciney.
À propos de Ciney, une gracieuse légende raconte qu'un jour, les cinq fils
d'un homme riche, proconsul ou gouverneur de la station de Ciney, montés
sur un attelage pour une promenade dans les environs, virent leurs chevaux
s'emballer et se diriger tout droit vers les étangs et marais d'Halloy.
Malgré tous leurs efforts, ils ne parvenaient pas à maîtriser les animaux.
En désespoir de cause, ils invoquent le Dieu de Materne. Et il n'en faut
pas plus pour que les chevaux se calment et s'arrêtent au bord des étangs.
Une autre version de la même légende raconte plutôt que les cinq enfants
piquent une tête dans l'étang et se noient, tous les cinq, mais que
Materne réussit à les ramener à la vie, provoquant du même coup la
conversion de toute la famille à la nouvelle Foi. De plus, en
reconnaissance, le gouverneur céda un terrain pour y construire une
église. Cette histoire, qui est à l'origine du blason à cinq têtes de la
ville de Ciney, attire notre attention sur la présence en Condroz de Saint
Materne. Pour ce qui en est de Walcourt, c'est Materne qui, selon une
vénérable tradition, sculpte de ses mains la célèbre statue de la Vierge
Marie, qu'il place sur l'autel d'un oratoire dédié à la mère de Dieu,
édifié sur la colline dominant la vallée de l'Eau d'Heure, avec les débris
d'un temple païen. Que cette histoire soit vraie ou fausse, elle prouve
que nos ancêtres avaient parfaitement conscience que Materne était à
l'origine du christianisme et de la piété dans nos régions.
On signale aussi son passage à Leffe et à Foy-Notre-Dame, où il serait
également à l'origine des célébres sanctuaires que nous connaissons
aujourd'hui. On le signale aussi à Huy, et il n'est pas, dit un ancien
biographe, d'infirmité corporelle ou spirituelle qui ne reçoive
soulagement de l'apôtre. Hérigène célèbre son zèle pour le salut des âmes,
son humilité, sa simplicité, sa douceur, sa bonté, l'austérité de sa vie.
De retour à Cologne vers la fin de la quarantième année de son apostolat,
presque centenaire, miné par les fièvres, Materne reçoit la récompense de
ses travaux, et l'an 130 de Jésus-Christ, rend paisiblement son âme à
Dieu. Ses trois églises se disputent ses reliques, et c'est Trèves qui
l'emporte. Materne repose en paix auprès de ses deux prédécesseurs Euchére
et Valère. Il est vénéré dans le diocèse de Liège (fête le 20 septembre)
et dans celui de Namur (fête le 25 septembre). Ses reliques sont partagées
entre les villes de Tongres, Liège et Trèves. De nombreuses églises lui
sont dédiées, citons la basilique de Walcourt et la petite église
Saint-Materne à Namur.
Une tradition immémorale raconte que le culte de la Sainte Vierge,
conjointement avec le christianisme, fut apporté dans l'Alsace, par saint
Materne, disciple de saint Pierre, et, selon plusieurs écrivains, le fils
unique de la veuve de Naim, que Jésus-Christ ressucita et admit ensuite au
nombre de ses 70 disciples. La tradition ajoute que Materne étant mort à
Eil, dans le cours de ses prédications, Euchaire et Valère, les deux
compagnons de son apostolat, retournèrent à Rome exposer leur douleur à
saint Pierre, que celui-ci leur donna son bâton pastoral, en leur disant
de le poser sur le corps du défunt, et de lui commander de ressusciter;
après quoi il continuerait sa mission avec plus de succès qu'auparavant;
qu'enfin tout se passa comme l'avait dit le Prince des Apôtres; et que par
Materne ressuscité et ses compagnons furent fondées les églises de
Strasbourg, de Trèves, de Cologne et de Liège.
Si cet antique récit a été contredit par certains critiques, qui,
offusqués des faits miraculeux qu'ils rencontrent dans l'histoire,
étudient, sous l'inspiration du préjugé, les moyens de les en bânir, ou du
moins de les mettre en suspicion, on ne peut disconvenir que celui-ci
réunit en ses faveur des raisons et des autorités puissantes : ce sont
les martyrologes des huitième, neuvième et dixième siècles, et divers
écrits de la même époque, qui citent cette tradition comme admise de temps
immémorial; c'est la croyance religieusement conservée en diverses
églises, malgré les grandes distances qui les séparent; c'est le respect
avec lequel Cologne et Trèves ont conservé les deux demi-moitiés du bâton
pastoral de saint Pierre, qu'elles se sont partagé, et l'accord des
anciens auteurs à motiver par ce miracle la coutume qu'on les Papes de ne
pas porter de crosse; c'est l'antique basilique de la Résurrection bâtie à
Eil, et où la foule des pélerins visitait dévotement le tombeau vide qui
avait servi pendant quarante jours de sépulcre à saint Materne; c'est le
témoignage uniforme des historiens alsaciens, allemands, italiens, des
siècles plus rapprochés du nôtre; c'est l'office propre du bréviaire de
Strasbourg; c'est enfin, d'une part, le fait non contesté que saint
Materne fut le premier apôtre de l'Alsace, de l'autre, le fait
incontestable que dès le second siècle l'Alsace comptait des chrétientés
florissantes.
Saint Euchaire tint le siège épiscopal de Trêves pendant 23 ans,
et il
s'endormit dans le Seigneur le 8 décembre; Valère lui succéda, siégea 15
ans et mourut le 29 janvier; Materne continua les travaux apostoliques de
ses deux prédécesseurs immédiats et s'envola au ciel le 14 septembre,
après avoir gouverné son diocèse pendant 40 ans. Leurs corps furent
ensevelis hors des murs de la ville de Trêves. On voit des reliques de
saint Valère dans la crypte souterraine de Saint-Mathias de Trèves; des
parcelles cal 816 transférées à Lisbonne. L'église métropolitaine possède
des ossements de saint Materne. Les peintres ont coutume de représenter
saint Materne avec une église à trois tours, afin de rappeler que son
diocèce comprenait primitivement les trois villes importantes de Cologne,
de Trêves et d'Utrecht, qui, plus tard, à cause du nombre de chrétiens,
devinrent autant de titres épiscopaux.
De l'apôtre Pierre tu fus le disciple,
Et comme lui infatigable dans ton travail d'évangélisation,
Tu parcourus la terre des Belges
Pour l'arracher aux ténèbres de l'idolâtrie,
Et tu tiras de la mort les cinq fils d'un homme de Ciney
Pour proclamer par ce miracle étonnant
Que Christ est le seul Dieu digne d'être adoré,
Vénérable père Materne,
Prie le Christ notre Dieu de sauver nos âmes.
Amen!
Deus, qui populo tuo sanctum dedisti Maternum praedicatorem; concede; ut
tanti Pontificis intercessione et tuae pietatis defensione, ab omnibus
liberemur adversis, et tranquilla prosperitate in tua laude laetemur. Per
Dominum nostrum Jesum Christum Filium tuum.
Dieu qui avez donné saint Materne à votre peuple pour lui prêcher
l'évangile, faites que l'intercession d'un si grand évêque et votre
clémente protection nous délivrent de toutes les forces adverses et nous
fassent jouir, dans l'action de grâces, d'un bonheur paisible. Par ton
fils Jésus-Christ notre Seigneur.
Saint Géry, ou Gaugéric, ou Guric pour les flamands, naquit à Ivoy,
aujourd'hui Carignan, dans les Ardennes françaises, à
deux pas de la frontière
belge, de parents romains et chrétiens Gaudentius et Austadiola.
Matinal et pieux, nourrissant les pauvres de son jeûne et lisant avec
zèle, l'Écriture, ses
éminentes vertus de sainteté et d'intelligence attirèrent l'attention de
saint Magnérie, successeur de saint Nicétas sur le siège de Trêves, qui le
tonsura et lui promit le
diaconat s'il
savait le Psautier à son retour. Son ministère
d'évangélisation et ses miracles le rendirent
célèbres dans toute la Belgique : il amena notamment au baptême un
lépreux païen, qu'il pourra ensuite ordonner; à la mort de saint Védulphe
il fut élu évêque de Cambrai-Arras par le
clergé et le peuple et fut sacré par Égidius archévêque (entre 584 et
590). À son entrée dans la ville de Cambrai, au moment où l'évêque
traversait, au milieu de la foule, les rues qui conduisaient à
l'église, des cris de douleur et de supplication retentirent à ses
oreilles. Saint Géry s'arrête aussitôt, et demandant la cause de
ces lamentations, il apprend qu'elles viennent des maisons
publiques, où 12 criminels, condamnés à mort, le suppliaient
d'avoir pitié de leur sort et d'obtenir leur pardon. L'évêque se
tournant aussitôt vers Wado ou Gaud, gouverneur de la ville, qui
marchait à ses côtés, lui demanda de faire grâce à ces prisonniers
et de les confier à sa charité pastorale. Wado refusa; alors
l'évêque, plein de confiance en Dieu, le supplia de lui accorder ce
que la justice des hommes lui refusait. Quelques instants après, au
moment où saint Géry entrait dans l'église, les prisonniers, rendus
à la liberté, par un effet de la puissance divine, y accouraient en
présence de tout le peuple.
Premier évêque à résider à Cambrai, il
organisa son
diocèse et construisit en particulier un monastère Saint-Médard, dédié
à saint Médard et à saint Loup, sur le
mont des Bœufs ou Bublemont, près de Cambrai, qui était connu pour
héberger des survivances de pratiques païennes. Il donna à ce
monastère son frère Lando pour abbé. Saint Céry parlait
volontiers de l'amour de Dieu et du prochain, de l'observation des
commandements du Seigneur, de la prière fréquente et
des règles d'une vie sainte. Il expliquait les cérémonies usitées dans la
célébration des sacrés mystères et des sacrements. Il entretenait encore
ses auditeurs de l'importance de la religion, de la justice, de la paix,
de la longanimité, du pardon des ennemis et du soulagement des pauvres, du
soin avec lequel on doit entretenir les vertus chrétiennes dans son âme,
de la méditation des fins dernières et du désir des biens célestes et
éternels. C'est par ses instructions et la bénigne influence de ses
exemples que saint Géry opérait, au milieu de son peuple, de nombreuses
conversions. Les hommes violents devenaient doux, les superbes
pratiquaient l'humilité, les voluptueux la continence, les irascibles la
charité fraternelle, les avares apprenaient la charilé, et les
intempérants mettaient un terme à leurs excès. Le souci des
prisonniers, des captifs de guerre et
des esclaves, dont il essayait d'adoucir le sort, et de racheter quand il
le pouvait, fut l'une des caractéristiques de son ministère. Il courut
un jour jusqu'à Chelles, près de Paris, pour calmer le roi Clotaire II
qui voulait châtier ses citoyens pour manque de promptitude à payer
l'impôt. Au moment où il se trouvait près du monarque, il apprit que 2
jeunes hommes, détenus dans la prison par les ordres du seigneur
Landri, devaient, le lendemain, expier par leur mort les crimes qu'ils
avaient commis. A cette nouvelle il se sentit le coeur attendri, et
abordant avec respect le noble leude, il le supplia, par l'amour de
Jésus-Christ, de faire grâce à ces malfaiteurs et de les lui confier,
afin qu'il les remît dans la bonne voie qu'ils avaient eu le malheur de
quitter. Landri restant sourd à ces prières, le saint évêque appela les
disciples qui l'accompagnaient et alla avec eux réciter des prières,
toute la nuit, dans une église voisine. Le matin, les prisonniers
miraculeusement délivrés accouraient à l'église pour remercier Dieu et
son digne ministre, lui promettant qu'ils allaient purifier leur
conscience et mener une vie nouvelle. Quelques instants après, Landri
lui-même entrait dans l'église pour y faire sa prière, et, frappé de ce
qu'il avait sous les yeux, il ratifiait par une parole de pardon la
délivrance des deux condamnés.
Ce fait, qui eut beaucoup de retentissement à la cour, inspira au roi
Clotaire II une bienveillance plus grande encore pour le saint évêque de
Cambrai; tellement, qu'au dire des historiens du temps, il le constitua
un des distributeurs particuliers de ses aumônes. En cette circonstance
surtout des dons considérables lui furent accordés, pour qu'il pût
satisfaire son désir de soulager les pauvres. Aussi le voit-on, dans le
pélerinage qu'il fit au tombeau de saint Martin en quittant la demeure
royale, répandre des largesses partout sur son passage. Au moment où,
entouré de la foule du peuple, il approchait de la ville de Tours, un
mendiant, aveugle depuis 30 ans et conduit par un autre pauvre, vint se
jeter à ses genoux en le conjurant de lui rendre la vue. A ce spectacle
saint Géry fut ému de compassion, et mettant sa confiance dans le
Seigneur, il fit le signe de la Croix sur l'aveugle, en prononçant
d'une voix haute cette prière : "O tout-puissant Jésus-Christ, lumière
du monde, vous qui avez autrefois daigné ouvrir les yeux d'un
aveugle-né, guérissez aussi cet homme, votre serviteur, de son
infirmité, et rendez-lui, dans votre bonté, la lumière qu'il désire,
afin qu'en voyant cette guérison, les Chrétiens vous rendent gloire par
leur reconnaissance". A peine ces paroles étaient-elles achevées que
l'aveugle, poussant des cris de joie, bénissait Dieu de lui avoir rendu
la vue par la puissance de son serviteur. Ce prodige fut promptement
connu dans la ville de Tours, où les religieux du monastère, chargés de
la garde du corps de saint Martin, reçurent le thaumaturge avec toutes
sortes de témoignages de respect. Son activité
missionnaire pendant trente-neuf ans le conduisit dans tout son vaste
diocèse, en particulier dans sa partie septentrionale : l'Est du Hainaut,
le Brabant.
Il parvint un jour sur l'
« île aux porcs », entre deux bras de la Senne, où se trouve aujourd'hui
la place Saint-Géry.
Là, en effet, dit un auteur, « s'étendaient des régions entières encore
assises dans les ombres de la mort. Les rares habitants de ces déserts
paraissaient moins des hommes que des bêtes. À chaque pas le missionnaire
Chrétien trouvait le spectacle affligeant de l'idolâtrie la plus
grossière. Saint Géry fut probablement le premier qui osa s'aventurer à
travers ce pays sauvage. Ni dangers, ni fatigues ne purent le rebuter. Un
bâton à la main, il chemine en priant, dans des bois sans chemins et sans
habitations. Des hommes farouches se sauvent à son approche, et ce n'est
qu'à force de bienfaits et de prodiges qu'il parvient à les attirer. Il
éleva une chapelle, que bientôt des convertis
mueront en église. Telle fut, en 695, l'humble origine de Bruxelles :
bientôt un duc de Lotharingie
y bâtira sa résidence. De
nombreux lieux gardent son souvenir en Hainaut et en Brabant par le nom de
leurs églises. À Saint-Géry
en Brabant wallon (Belgique) en particulier, une fontaine réputée
empoisonnée par les esprits devint connue pour guérir les aphtes et les
maux de gorge après son passage. Il fonda également la localité de
Braine-le-Comte (alors Brennacum) en 619. Sa statue se trouve au porche
de l'hôtel
de ville gothique
de Bruxelles, où tout un quartier porte son nom. Il assista au concile de
Paris de 614, poussa jusqu'à Périgueux par dévotion à saint Front et pour
inspecter les propriétés de l'Église de Cambrai. Mort le 11 août 619,
il est fêté depuis ce jour-là. Apôtre du pays de Bruxelles, il est
souvent représenté guérissant un lépreux, ou avec un dragon à ses pieds,
signe de sa victoire sur les vestiges du paganisme.
Son nom vient du germanique gari, lance. Voir une
statue et une peinture du saint évêque.
D'origine alostoise, Joseph-Benoît Dusmet est né le 15 août 1818 à Palerme. Bénédictin dès 15 ans au prieuré de Saint-Martin de Palerme, il fut ordonné prêtre en 1842, devint abbé du monastère San Nicolo de Catane en 1858 et archevêque de Catane en 1861. Dévoué à son peuple, il participa à la reconstitution du collège romain bénédictin de Saint-Anselme, et à la création de la confédération de congrégations bénédictines. Il refusa la nonciature de Madrid. Cardinal en 1888, il est mort le 4 avril 1894, il fut béatifié le 25 septembre 1988 par Jean-Paul II. Il est fêté le 4 avril.
Née à Cuvilly près de Compiègne le 12 juillet 1751, sainte Julie Billiart
transmettait déjà le
catéchisme à ses camarades à 7 ans. Sa famille, qui compte sept enfants - dont
quatre mourront en bas âge -, vit de lingerie et d'épicerie; son oncle Thibaut Guilbert
dirige l'école du village. Le père Dangicourt, nommé vicaire en 1759 à Cuvilly, s'intéresse
à elle, l'aide à faire oraison, l'autorise dès neuf ans à communier en cachette. Elle
est confirmée à treize ans et fait vœu de chasteté perpétuelle l'année suivante.
À 16 ans, elle travailla aux champs pour aider ses parents, sa sœur mal voyante et son frère
boîteux, ruinés par un vol et des calomnies
éloignant la clientèle; paralysée à 22 ans à la suite de l'agression de sa famille en 1774,
elle est en 1789 menacée par les révolutionnaires car elle aide le séjour clandestin
de prêtres. Elle trouve refuge chez la châtelaine de Gournay sur Aronde, qui l'héberge puis s'enfuit
à l'étranger. Les révolutionnaires se lancent à la poursuite de la « dévote ».
Elle s'enfuit dans une charrette remplie de paille avec sa nièce, elle sont abandonnées dans une
cour d'auberge à Compiègne, où elles demeureront, changeant souvent de domicile car
toujours pourchassées. En 1793, Julie a une vision montrant au pied du calvaire un groupe de femmes
portant un habit religieux inconnu, entend la voix : « Ce sont les filles que je vous donne
dans l'institut qui sera marqué de ma croix. » Mais elle est de plus en plus infirme, et perd
l'usage de la parole. Chez la comtesse Beaudouin sa bienfaitrice, Julie rencontre Françoise,
sœur du vicomte Blin. Françoise, qui se préparait au Carmel, résoud d'aider Julie
dans son projet de donner aux enfants une éducation chrétienne dans un milieu déchristianisé
par les idées révolutionnaires. En 1799, elles rencontrent le Père Varin, et en février 1803,
elles commencent leur œuvre rue Neuve à Amiens sous sa conduite spirituelle.
Le 2 février 1804, sur son lit, Julie se consacre à Dieu avec deux de ses compagnes; quatre
mois plus tard, pendant une neuvaine au Sacré-Cœur, elle guérit miraculeusement. Elles
prennent alors le nom de des Sœurs de Notre-Dame. À l'occasion d'un voyage en Flandre,
Mgr Fallot de Beaumont, évêque de Gand, l'invite à fonder une maison dans son diocèse. D'autres
suivront, dont celle de Namur en 1807. Le Père de Sambucy, nommé supérieur de la communauté,
s'oppose à ses idées, l'éloigne d'Amiens, s'empare de ses ressources financières, la discrédite
auprès de Mgr Demandolx. Ses manœuvres aboutissent à l'expulsion de la congrégation.
Des difficultés avec les autorités diocésaines l'oblige en 1809 à transférer sa communauté à
Namur, sous la protection de l'évêque de Namur, Mgr Pisani de la Gaude. Salency reconnaîtra
ses torts grâce à l'intervention de Mgr de Broglie, évêque de Gand, et Mère Julie sera
réhabilitée. Entretemps, elle avait fondé les institutions de Jumet (1807),
Saint-Hubert (1809), Gand (1810), Zele (1811), Andenne (1813), Gembloux (1813), Fleurus (1814),
Liège, Dinant. Elle répétait sans cesse : « Ah ! qu'il est bon le Bon Dieu ! »
Elle est morte le 08 avril 1816, à la suite d'une lourde chute le 7 décembre 1815. Sa compagne
Françoise lui succéda à la tête de la congrégation, qui s'exporte aux USA en 1840, en Grande-Bretagne
en 1845, au Guatemala en 1859, au Congo en 1894, en Rhodésie en 1895, au Japon, en Chine, au Brésil,
au Pérou, au Nigéria, au Kenya et aux îles Hawaï au vingtième siècle.
Elle a été béatifiée le 13 mai 1906 et canonisée le 22 juin 1969. Vierge, elle est fêtée le 15 mai.
Sa devise : Une grande foi, vivre un amour sans borne, une simplicité
d'enfant
Paroles de sainte Julie Billiart
Natif de Constance en Suisse, Mommolin (ou Mummolinus, ou Mommolinus) devint moine à Luxeuil, où il fut confié à saint Omer, qui le nomma supérieur du vieux monastère, plus tard nommé Saint-Mommolin. De là il partit pour le nouveau monastère, à Sithin, qui venait d'être fondé par son ami saint Bertin le Grand. En 660 il fut appelé au siège de Noyon-Tournai. Il décéda en 686. Il est fêté le 16 octobre. Signalons un superbe tableau de Guillaume Cureau : « Saint Mommolin guérissant un possédé », à l'église Sainte-Croix de Bordeaux. Il est invoqué pour la guérison des bègues.
Duc de Brabant, saint Pépin de Landen était fils du prince Carloman et
de la
princesse Emegarde. Il fut maire du palais sous Clotaire II, Dagobert Ier
et Sigebert II, rois de France, et exerça cette grande charge, qui était
peu différente de l'autorité royale, avec une rare prudence. Il ne se
pouvait rien ajouter à sa fidélité pour son roi, ni à son amour pour le
peuple. Il embrassait, avec une constance invincible, les justes intérêts
de l'un et de l'autre, sans souffrir que, pour favoriser le peuple, on
fit tort aux droits du roi; ni que, sous prétexte des droits du roi, l'on
opprimât et accablât le peuple, parce qu'il préférait les volontés de
Dieu à celles des hommes, et savait qu'il défend de favoriser les
puissants au préjudice des faibles. Ainsi, il rendait au peuple ce que la
justice voulait qu'on lui rendît, et à César ce qui appartenait
légitimement à César. Il n'en faut point de meilleure preuve que son
désir d'avoir pour associé, dans sa conduite, saint Arnoul, évêque de
Metz; il ne faisait rien sans son conseil, connaissant son éminente vertu
et sa grande capacité dans le gouvernement de l'Etat; et après la mort de
saint Arnoul, il prit pour collègue, dans l'administration des affaires,
un autre grand saint, Cunibert, archévêque de Cologne. On peut assez
juger avec quelle ardeur il embrassait les choses justes, puisqu'il
choisissait des hommes si excellents et si incorruptibles pour être les
directeurs de ses conseils et les fidèles témoins de ses actions.
Le roi Clotaire II ne se contenta pas de mettre entre les mains de cet
excellent prince la première charge de l'Etat, en le faisant maire du
palais : il l'honora aussi de toute sa confiance, et lui donna tout le
pouvoir qu'un grand ministre peut espérer. Ayant résolu d'associer son
fils Dagobert à une partie de sa puissance, et de partager avec lui ses
Etats, en le mettant, dès son vivant, en possession du royaume
d'Austrasie, il choisit, parmi tous les grands de la cour, cet homme
admirable pour lui confier entièrement la conduite de ce jeune prince,
qui devait n'agir que d'après ce conseiller (622). Pépin s'acquitta si
dignement de cette charge, qu'il n'oublia rien de ce qui pouvait imprimer
dans l'esprit de Dagobert la crainte de Dieu et l'amour de la justice :
il lui mettait souvent devant les yeux cette belle parole de l'Evangile :
« le trône d'un roi qui rend justice aux pauvres ne sera jamais ébranlé. »
Ainsi ce fut par sa prudence que Dagobert gouverna si bien et si
heureusement, non-seulement l'Austrasie, mais aussi tous les Etats que
son père lui laissa en mourant. Son frère Caribert, et plusieurs grands
les lui ayant disputés, cette faction fut bientôt dissipée par la valeur
de Pépin, qui n'était pas moins généreux dans la guerre que juste et sage
dans la paix; et Dagobert, aprs s'être maintenu dans le droit qui lui
appartenait, gagna de telle sorte le coeur de tous ses sujets par sa
libéralité, sa justice, sa douceur et toutes les autres qualités dignes
d'un grand roi, qu'il égala et surpassa même la réputation des plus
illustres de ses prédécesseurs; son règne eût été des plus beaux, s'il
eût toujours suivi les avis d'un si saint et si habile maître.
Mais, comme rien n'est plus difficile que de conserver son esprit pur au
milieu de la corruption du siècle, et son corps chaste au milieu des
plaisirs qui accompagnent la prospérité et la souveraine puissance, ce
roi se plongea dans la volupté, et il eut recours à des moyens injustes
pour satisfaire à ses dépenses folles et désordonnées. Pépin en eut le
coeur tout perçé de douleur, l'en reprit sévèrement, et lui reprocha son
ingratitude envers Dieu; ce prince reçut d'abord si mal les avis de
Pépin, qu'il pensa même à le faire mourir, étant poussé en cela par
quelques grands de sa cour qui haïssaient le Saint, et portaient envie à
sa vertu.
Mais Dieu, qui est le protecteur des justes, délivra Pépin de
ce péril. Le roi comprit enfin la justesse de ses remontrances et eut
plus de vénération que jamais pour le mérite et la vertu d'un si grand
ministre; et, pour lui en donner une preuve non équivoque, il mit entre
ses mains son fils Sigebert, qu'il envoya règner en Austrasie sous sa
conduite (633). Ainsi Sigebert étant roi de nom, et Pépin gouvernant en
effet le royaume, l'Austrasie se trouva délivrée des grandes incursions
des Barbares qu'elle souffrait auparavant. Il les réprima, les ressera
dans leur pays; et après la mort du roi Dagobert, il eût mis Sigebert en
possession de tous ses Etats, si son père ne l'eût obligé, dès son
vivant, de se contenter de l'Austrasie et de laisser le royaume de France
à Clovis, son puîné.
Ce saint duc mourut en 640, dans son château de
Landen, en Brabant; l'affliction que toute l'Austrasie en conçut fut si
extraordinaire, qu'elle ne le pleura pas moins que l'un de ses meilleurs
rois : car sa vie était toute sainte, sa réputation sans tache, sa
sagesse et sa conduite admirables; et on pouvait le nommer, avec vérité,
le protecteur des lois, le soutien des faibles, l'ennemi de la division,
l'ornement de la cour, l'exemple des grands, le conducteur des rois et le
père de la patrie. Son corps, qui fut d'abord déposé au lieu où il
mourut, fut depuis transféré au monastère de Nivelle.
La maison de saint Pépin était une
compagnie de saints et de saintes : car sa femme, nommée Itte, ou
Ideburge, soeur de saint Modoald, archévêque de Trèves, après avoir vécu
saintement dans le mariage, à l'exemple de son mari, ne s'occupa, quand
elle fut veuve, qu'à pratiquer toutes sortes de bonnes oeuvres; et elle
reçut enfin, des mains de saint Amand, le voile sacré de religieuse dans
le célèbre monastère de Nivelle, qu'elle-même avait fait bâtir : elle y
passa le reste de ses jours dans une si grande perfection, qu'elle
offrait à toutes les religieuses qui y demeuraient un rare exemple de
vertu. L'aînée de leurs filles, la grande et illustre sainte Gertrude,
abbesse de ce même monastère, fut si éminente en sainteté, qu'on peut la
considérer comme une des plus belles lumières de la religion; Saint
Pépin fut l'aïeul de Pépin d'Herstal, par sa fille sainte
Begghe, qui, ayant épousé Ansegise, fils de saint Arnoul, lui donna ce
fils pour le bien de la France et le soutien de cette grande et illustre
monarchie et, ancêtre de Charlemagne, eut l'honneur d'être
l'heureuse tige d'où est sortie la seconde lignée des rois de France.
Saint Pépin de Landen est fêté le 21 février, jour anniversaire de sa mort
et de sa naissance au ciel.
Le renommé pontife Bertuin (Berthuin selon la graphie moderne), de
vénérable vie, était originaire du territoire des Anglo-saxons. Il était
de haute naissance, ses parents étant fortunés et sa famille appartenant
à la noblesse, et dès avant de venir au monde, il était de l'élite.
Lorsqu'il eut grandi, ses parents l'envoyèrent s'instruire des lettres
avec de grands sages au monastère d'Otbell. C'est saint Bertuin qui
hérita de ce monastère et en eut la propriété.
Dès le début de son très saint éveil à la vie, il fut doux, humble,
chaste, pieux et modeste. Non seulement il avait, quoique jeune encore,
les dispositions d'âme de l'homme d'âge, mais tout ce qu'il méditait dans
ses jeunes années, il l'accomplit ensuite dévotement. Chaque jour, sa
sainteté éclatait en bonnes actions et resplendissait de hauts faits et de
miracles : sagesse et tempérance, courage et justice étaient en lui. Il
était d'une extrême douceur, sage et aimé de Dieu autant que des hommes.
Il s'interposait entre les pauvres et les riches, était large en aumônes,
disponible aux veilles, exact aux offices divins. Hospitalité, humilité et
frugalité, ainsi qu'ardeur à toutes les vertus des gens de bien, faisaient
sa force et son ornement. Il avait constamment au coeur l'évangile du
Christ, priait nuit et jour sans interruption avec effusion de larmes et
cherchait à dérober des occasions d'oraison solitaire. Tout ce que le
saint homme prêchait aux autres, en paroles, il le découvrait lui-même
journellement en bons exemples, dédaignant le monde et convoitant les
biens du ciel. C'est qu'il était un scribe instruit, éclairé en matière de
livres divins et de saintes écritures, et tout le monde affluait à lui
pour apprendre la sagesse et l'enseignement du saint homme, parce que Dieu
était avec lui.
Or, il advint alors que l'évêque à la tête du diocèse, gagné par la
fièvre, tomba malade. Lorsque les souffrances eurent atteint les organes
vitaux, il expira. On l'ensevelit suivant la coutume. Au retour de
l'office des funérailles, les prêtres et la population qui demeuraient en
ce diocèse se rassemblèrent; ils décidèrent d'élire le bienheureux Bertuin
à l'Ordre de l'épiscopat. L'apprenant, l'homme du Seigneur, stupéfait,
résistait avec vigueur, protestait et disait qu'il serait indigne. Les
gens clamaient le contraire. Ils savaient qu'il était saint, chaste,
juste, sobre. S'étant rendu compte qu'il était vain de résister, le
serviteur du Christ, Bertuin, inspiré à la fois par le conseil de Dieu, un
profond respect, une grande humilité et une immense ardeur, s'engagea à
accepter la charge pontificale dévotement avec l'assistance de Dieu. Il
l'assuma avec dévouement et avec plus de dévouement encore, accomplit
chaque jour sa tâche sacrée. Il fut le grand prêtre de l'Écriture et en
ses jours, plus à Dieu il demeura juste et fidèle. Dans l'exercice de sa
charge, il parcourait villes et provinces, annonçait la parole de Dieu,
démolissait tous les temples des idoles et les sanctuaires des dieux et
faisait restaurer avec grande diligence les monastères et les églises des
saints. Il nourrissait les pauvres, vêtait ceux qui étaient nus, visitait
avec empressement les malades et les prisonniers. Il était le père des
orphelins, le défenseur des veuves, et tout le territoire bénéficiait de
son enseignement et de sa sagesse.
Nombreux étaient les signes et les miracles que le Seigneur daigna
montrer par son serviteur Bertuin. Il rendait la vue aux aveugles,
l'ouïe aux
sourds, corrigeait la démarche des boiteux, guérissait les malades,
chassait les démons. Comme dit le psalmiste : Dieu est admirable en ses
saints. Et encore : Louez Dieu en ses saints. Il convient bien à Bertuin
le texte : Voici l'homme d'Israël en qui n'est pas de ruse.
Mais une nuit lui apparut en songe l'ange du Seigneur disant : « Lève-toi
très saint Bertuin, car il faut que tu passes en terre étrangère et
lointaine et que tu y prépares ton habitation dans une grande région
boisée appelée Maghligno. » L'homme de Dieu répondit aussitôt en songe :
« Seigneur, je ne connais pas le territoire que tu dis, et j'ignore tout à
fait l'endroit où tu me commandes d'aller. » « Lève-toi, dit l'ange du
Seigneur, et pars vivement en direction de la province de la Gaule,
au-delà de la mer, du côté de l'Europe, cherche la rivière Sambre, le
ruisseau Landuwe [ancienne dénomination du Landoir, près de Malonne, nom
du bourg qui suivra son intervention]
parce que c'est là qu'il faut que tu construises ta cellule, que tu
édifies une église en l'honneur de sainte Marie et que tu évangélises le
peuple, car le Seigneur devait t'accorder là beaucoup de bienfaits. »
Durant son réveil, et quand il fut sorti de son sommeil, l'homme du
Seigneur se mit à réfléchir en lui-même sur cette vision qu'il avait eue.
Le matin donc, dès l'aube, le pontife paternel était debout, et appela
plus tôt que d'habitude ses parents, cognats et tous ceux qui lui étaient
liés par le sang : il leur remit son patrimoine, monastères et domaines et
les répartit entre eux à son gré. Les ressources restantes, il les
distribua aux pauvres, aux veuves, aux mineurs et orphelins. Il ne se
réserva que les livres canoniques, les reliques des saints et les
domestiques qui étaient à son service. Notre prophète se souvint des avis
du Sauveur disant : « Vous qui avez tout laissé et m'avez suivi, recevrez
le centuple et posséderez la vie éternelle. » « Celui qui
n'aura pas renoncé à tout ce qu'il possède ne peut être mon disciple. »
Le serviteur du Christ désirait cette béatitude de laquelle il est dit :
« Ce que l'oeil n'a pas vu, ni l'oreille entendu, ce qui n'est pas monté au
coeur de l'homme, voilà ce que Dieu a préparé à ceux qui l'aiment. »
Alors, le pontife susdit convoqua toute la multitude des gens qui étaient
dans la province, leur prêcha sur les paroles divines et les instructions
évangéliques, comme il faisait d'habitude, et lorsqu'il eut terminé la
sainte prédication, il leur dit : « Pourrais-je vous cacher mes frères, ce
que je vais faire ? Mon Seigneur Jésus Christ, dit-il, m'ordonne de
quitter cette paroisse et d'émigrer pour une autre en terre étrangère et
lointaine, pour y séjourner jusqu'à la fin de ma vie. C'est pourquoi
j'implore votre coeur de daigner répandre pour moi des prières devant le
Seigneur afin qu'il dirige ma route, qu'Il affermisse ma résolution et
qu'Il accompagne mon voyage jusqu'à ce qu'Il m'ait conduit sain et sauf à
l'endroit susdit. » Dorénavant, vous ne verrez plus la figure de votre
évêque. A ces mots répondirent de grands pleurs et de grandes lamentations
et les gens disaient : « Pourquoi, saint père, nous quittes-tu ? Pourquoi
laisses-tu les brebis que tu as gardées ? Nous serons désolés comme des
brebis sans pasteur. Qui nous montrera la route à prendre pour aboutir au
Royaume de la vie ? Qui sera le gardien de notre âme ? Qui nous défendra
des pièges du diable ? » Et lorsque venaient les pauvres, veuves, mineurs,
orphelins que nourrissait le bienheureux Bertuin, ils se prosternaient à
ses pieds, baisaient ses empreintes au sol, en se frappant la poitrine et
disaient : « Ah ! Qu'allons-nous faire, nous les miséreux ? Qui nous
donnera le manger ? Qui nous donnera le vêtement ? Nous t'en supplions,
permets-nous d'aller avec toi pour que nous ne souffrions pas la faim ou
le dénuement. » Et lui de dire : « Celui qui vous a pourvus de grands
biens vous pourvoira aux petites choses en sus quand je serai parti. »
Alors le père susdit les bénit en pleurant et les laissa. Il prit ensuite
les livres divins, les reliques des saints et les domestiques de son
entourage, et partit.
Arrivé à la mer, il trouva un bateau à sa disposition. S'y étant embarqué
avec ses disciples, il dit : « Sauve-nous, Christ Sauveur, par la
puissance de la croix; Toi qui as sauvé Pierre en mer, prends pitié de
nous. » Le Seigneur ménagea aussitôt un vent favorable : sans l'aide des
rames, l'homme du Seigneur parvint à bon port au gré de son souhait.
Lorsqu'il eut débarqué pour partir, l'ange du Seigneur lui apparut une
seconde fois au cours de la nuit et dit : « Lève-toi vite, parce qu'il
faut que tu ailles d'abord à Rome et que tu y demeures deux ans en
retraite. » L'homme du Seigneur, rompu à l'obéissance, se leva alors
immédiatement, il accomplit tout ce que lui avait prescrit l'ange du
Seigneur. À son retour de la ville de Rome, il arriva à la place de
Namur, (vers
652) à l'endroit où la rivière Sambre dérive dans le lit de la Meuse.
C'est alors qu'il se mit à suivre le rivage de la Sambre et qu'il
atteignit ainsi le cours du Landuwe où il trouva un pâtre gardant son
troupeau et lui dit : « Dis-moi, frère, comment s'appelle ce ruisseau ?. »
« Ce ruisseau, dit-il, s'appelle Landuwe. » L'homme du Seigneur alors,
fort heureux, suivit la berge du ruisseau, atteignit l'endroit susdit et
ne découvrit qu'une grande étendue boisée, des fourrés fort épais de
buissons et d'épines, des repaires de bêtes sauvages, des cavernes de
brigands et des habitations de démons. L'homme du Seigneur bénit alors de
l'eau et, en en ayant arrosé le sol, il y tendit sa tente et y établit son
campement.
Or, il y avait en ce temps au village de Flawinne, une dame dévote du nom
de Roga, et ce village lui appartenait. Lorsqu'elle eut appris que le
serviteur du Christ Bertuin demeurait dans la gorge boisée, il prit ses
présents en tout honneur, la reçut et s'entendit dire : « Mon seigneur, je
sais quel homme vous êtes, saint, juste et bon; si le Seigneur vous a
envoyé ici, c'est pour que vous soyez utile au salut de nos âmes et nous
protégiez contre les pièges de Satan. Je vous en prie donc instamment,
préparez-vous une habitation en l'endroit de votre choix. » Et lui de
répondre : « Ce que vous dites n'est pas ce qui m'agréerait. Je vous
prierais plutôt de m'allouer sur gage la disposition de biens qui assurent
la subsistance et le logement aux étrangers et à ceux qui me succéderont.
» Ainsi firent-ils. Le serviteur de Dieu entreprit alors en personne de
défricher vigoureusement la forêt avec ses serviteurs, les voisins qui en
avaient entendu parler lui offraient leur aide et il commença la construction
d'une cellule et d'une église. L'ange du Seigneur lui apparut cette nuit
et lui découvrit l'endroit où il faudrait construire l'église. Le matin
venu, on vit un cercle de rosée, humide en périphérie alors qu'ailleurs le
sol était sec, et c'est là qu'il édifia l'église. (Il s'agit de la
fontaine Saint-Berthuin, réputée miraculeuse, coulant toujours, jamais
tarie, à proximité de l'église actuelle). De nombreuses personnes
étant attirées par son enseignement, il fonda une abbaye, les moines
construisirent leurs cellules autour de l'église. Ainsi naquit le
village de Malonne. Les chanoines réguliers de saint Augustin y furent
installé par Walter de Pologne en 1147.
Un jour, le fer vint à manquer pour consolider l'achèvement du temple. Il
s'empressa de se rendre au pays de Nivelles chez le gouverneur nommé Erpon
et lui demanda instamment de lui donner du fer. Erpon dit : « Il n'y a pas
de fer ici, si ce n'est une énorme masse ancienne que personne ne pourrait
tailler, ni ouvrier, ni aucun artisan. » Bertuin dit : « Montrez-la moi.
» Tout en l'examinant, il raya le milieu du bloc avec le bout de son
bâton, et le fer se scinda en deux parts. Et tous ceux qui avaient vu
glorifièrent Dieu. Ayant repris, munis du fer, le chemin de sa cellule, il
dit arrivé à mi-route : « Avez-vous de quoi vous restaurer ? » On lui dit
: « Nous avons du fromage et un flacon de vin. » Il se fit apporter le
fromage, le bénit, en mangea lui-même et en donna à tous. Il fit ensuite
le signe de la croix sur le flacon, les douze hommes qui l'accompagnaient
y burent une, deux, trois fois, et le flacon reprenait toujours tout son
contenu. Ils se courbèrent alors à ses pieds et dirent : « Tu es grand,
Dieu fait voir par toi de grandes merveilles. » Et lui dit : « Elle n'est
pas de moi cette merveille, mais du Seigneur. » Et il parvint à sa
cellule.
Le lendemain arrivait à sa cellule un chariot fort chargé. Il advint qu'il
passa sur un enfant et lui brisa les deux jambes et les tibias. A la vue
de l'enfant étendu et de sa mère secouée par les pleurs, l'homme du
Seigneur, en larmes, se prosterna pour prier, et fort longuement fit
oraison. Les jambes et les os de l'enfant ne tardèrent pas à s'affermir
comme s'ils n'avaient jamais été brisés. L'enfant se redresse en
magnifiant Dieu et s'en alla guéri. Un autre jour, arriva un misérable,
reins et bras enserrés par un anneau de fer. L'ayant vu en détresse,
l'homme du Seigneur fit le signe de la croix et brisa le fer comme du
verre, ce fut colporté par tout le pays. Dans la suite, un habitant du
village de Floreffe, Odoacre, dignitaire du roi Pépin de Herstal,
apprenant les prodiges qu'avait accomplis l'athlète du Christ, s'empressa
d'aller le trouver et lui remit le bien qu'il possédait sur la rive du
Landuwe. Il le conduit alors au roi Pépin et lui rapporta tout ce qui
était arrivé. Le roi Pépin, là-dessus, le reçut avec beaucoup
d'attentions et lui fit don de cinq villae qui lui appartenaient. Bertuin
regagna paisiblement sa cellule. Ces transferts réalisés, il se ménagea
une petite habitation avec un oratoire, y entra et s'y fixa sans plus en
sortir. Toute la province confluait à lui, il leur prêchait et faisait de
nombreux miracles.
Quand fut devenu proche le jour de son trépas, en 698, il convoqua ses
confrères du monastère et leur dit : « Mon Seigneur Jésus Christ a daigné
m'appeler maintenant, moi, votre serviteur, et il est temps que je
retourne à Celui qui m'a envoyé. » A ces mots de l'athlète du Christ, ses
confrères se mirent à chanter les psaumes en pleurant et il se rejoignait
à leurs chants. Il éleva les yeux et les mains vers le ciel, sa sainte
âme se libéra des chaînes du corps, les saints anges la prirent sur eux
et l'emportèrent à grandes envolées au paradis. Ses disciples prirent alors
sa sainte dépouille et l'ensevelirent avec grand respect. Il est fêté
localement le 11 novembre.
Saint Gerlac, hollandais d'origine, fut ermite et dévoué aux malades. Mort vers 1170, sa dévotion se répandit dans la région mosane.
Idesbald naquit aux environs de l'an 1090 à Eggewaartskapelle. Il était le fils d'Eggewaart,
un gentleman-farmer de la noblesse terrienne, qui érigea une chapelle et l'offrit à l'abbaye
Saint Bertin, de Saint Omer. Ainsi se perdait le nom original du domaine "Ter gracht",
et le village était appelé Eggewaarstkapelle (chapelle d'Eggewaart), selon le nom du donateur.
Quand Idesbald offrit en 1121, pour continuer l'oeuvre pieuse de son père, à l'abbaye Saint-Bertin
de Saint Omer, une donation d'une partie de son domaine, sa femme et quelques uns de ses enfants étaient morts.
Durant 30 ans, Idesbald joue un rôle important dans la région du "Veurne-ambacht". Il reste lié
à la cour des Comtes de Flandres, sous le règne du bienheureux Charles-le-bon, Guillaume de Normandie et
Thierry d'Alsace. En 1149 il est devenu échevin régional à Veurne (Furnes). A cette époque son nom disparaît
des actes comtaux.
Le sexagénaire gentleman-farmer et veuf est devenu moine de l'Abbaye-aux-dunes (Ter Duinen) de Koksijde.
Cette abbaye a adopté en 1130 la règle des Cisterciens. Saint Bernard y a installé comme abbé son ami le
Bienheureux Robert de Bruges.
Sous l'autorité de Robert, Idesbald fait son entrée. Il est ordonné prêtre probablement par l'évêque Milon de
Thérouanne et devient chantre de l'abbaye.
Après la mort de Saint Bernard en 1153, Robert de Bruges lui succède à Citeaux. Son successeur à
Ter Duinen, Albero, démissionne en 1155 comme abbé. Les moines élisent, convaincus de sa sainteté, Idesbald,
qui compte à peine 6 années de vie monacale, comme successeur d'Albero.
Les 12 années de direction d'Idesbald, comme troisième abbé de Ter Duinen,
sont une bénédiction pour l'abbaye, au spirituel et au temporel.
Il ne marche pas seulement devant ses moines par une vie édifiante et parvient à gagner de nouveaux moines
pour l'abbaye, mais il obtient plusieurs héritages pour son abbaye, qui devient le centre économique de la région.
Idesbald mourut le 18 avril 1167. Il fut, à cause de sa sainteté, à l'encontre des habitudes de son Ordre, enseveli
dans un cercueil de plomb. Quand ce cercueil fût ouvert en 1239, en 1624 et de nouveau le 13/8/1625 en présence
de l'Archiduchesse Isabelle, le corps d'Idesbald fût retrouvé intact.
Quand les moines déménagèrent en 1627 pour s'installer dans leur nouvelle abbaye à Brugge, l'actuel Séminaire,
ils emportèrent les reliques d'Idesbald. Depuis 1831, elles sont gardées à l'église de la Poterie.
Le culte d'Idesbald fût reconnu officiellement par le pape Léon XIII le 10/7/1894. Jour de fête : 18 avril.
Le 23 juin 1968, une partie des reliques est emportée à la crypte de l'église de Notre-Dame-aux-Dunes
(Onze-Lieve-Vrouw-ter-Duinen kerk, à Koksijde-bad).
A l'occasion de la restauration de l'église, cette relique est transmise de la crypte dans un nouveau monument
dans l'église, le 18/7/1999. Dans le petit stèle est placée une relique du Bienheureux Idesbald, prise de son bras.
Idesbald est le patron des pêcheurs, des cultivateurs des polders et de la noblesse flamande. Dans l'iconographie
cistercienne il est représenté tenant un navire à la main. Il est invoqué contre les
rhumatismes, la goutte et la fièvre.
Idesbald dérive du germanique "Idis Baltha", intrépide. Il est fêté le 18 avril. La bière Saint-Idesbald
est dédiée à la mémoire de l'abbaye des Dunes. Saint-Idesbald
est un village de la côte belge, situé sur le territoire de la commune de Coxyde,
commune qui a sur son territoire un couvent et une église à son nom.
Seigneur notre Dieu, dans votre bonté ineffable vous avez appelé le Bienheureux Idesbald de
la vanité du monde, et l'avez fait un ornement de la perfection évangélique. Nous vous prions que par ses mérites
nous puissions progresser à son exemple, jour après jour, dans la vie spirituelle. Par Jésus-Christ, votre Fils et
notre Seigneur. Amen.
Jeanne Haze, future Mère Marie-Thérèse, est née le 27 février 1782 à Liège. Après un exil en Allemagne, elle revint à Liège où, en 1833 en compagnie de sa sœur et d'autres compagnes, elle fonde la congrégation des filles de la croix, sous l'inspiration du chanoine Jean-Guillaume Habets. Les Filles de la Croix répondirent aux besoins avec une créativité, une audace et une générosité qui forcent ladmiration : instruction des enfants pauvres, création de Refuges pour jeunes délinquantes et prostituées repenties, hôpital pour syphilitiques, orphelinat, accueil des mendiants, vagabonds, vieillards... Les Sœurs se feront aussi ambulancières lors des épidémies de choléra ou sur les champs de bataille... avant la Croix-Rouge ! Et jusqu'en Prusse rhénane, en Angleterre et aux Indes anglaises. Elle offrit sa vie jusqu'à l'âge de 94 ans. Son slogan, qui résumait sa mission : « Aller aux pauvres avec un cœur de pauvre ». Fondatrice des Filles de la Croix, elle mourut le 7 janvier 1876, enterrée dans la chapelle des filles de la Croix, sis dans un ancien couvent de capucines. Elle est fêtée le 7 janvier. Elle a été béatifiée le 21 avril 1991 par Jean-Paul II.
Irlandais d'origine, il vint en Belgique où il géra l'abbaye de Waulsort avec Caddroé, abbaye fondée vers 946 par Eilbert. Il est mort en 978. Il est fêté le 23 janvier.
Originaire d’Orien, il aurait été le premier évêque d’Antioche en Syrie. Venu en Occident, il fut moine à l’abbaye Saint-Bavon de Gand. Il est mort le 10 avril 1012 de la lèpre. Ses reliques sont conservées à la Cathédrale de Gand. Il est fêté le 8 mai. Il a donné son nom à un quartier de Gand.
Du vivant de saint Rémi, la contrée appelée « Belgica secunda » faisait partie de sa juridiction. Le nom de saint Rémi est attaché au souvenir du baptême de Clovis. La « Belgica secunda » fut divisée en diocèses différents dont celui de Tournai. Il est mort vers 530. Il est fêté le 15 janvier.
Enfant mort-né rendu à la vie par Notre Dame de la Vignette, saint Maur vécut en ermite à Haillot en Condroz. Les moines de Saint Laurent de Liège lui dédièrent un ermitage à Cointe. Il est fêté le 15 janvier.
Sainte Marie d'Oignies est née à Nivelles vers 1180, dans une famille aisée.
Pleine du désir de la vie religieuse,
elle se trouve mariée à 14 ans. Mais son bonheur partage sa soif d'absolu :
ils vécurent comme frère et sœur à Willambroux, offrant au monde l’image d’une vie chrétienne
exemplaire en se donnant aux pauvres et aux malades, surtout aux lépreux,
distribuant leurs richesses. Ensuite ils se séparent pour accomplir la volonté de Dieu.
À la mort de son époux, sainte Marie d’Oignies se retire dans un ermitage du
béguinage Saint-Nicolas à Oignies. Des disciples se rassemblent autour d'elle,
dont Jacques de Viry, son futur biographe, futur ardent prédicateur et évêque de Saint-Jean d'Acre.
Elle pratiqua une ascèse de Père du désert, servant ses compagnons, soignant les lépreux, elle reçut
extases mystiques et visions évangéliques.
Elle y meurt à l’âge de 33 ans, en 1213. Son office a été approuvé par le pape
Grégoire XVI. Elle est fêtée le 23 juin. Une paroisse et une chapelle
lui sont dédiées (dès le treizième siècle) à Oignies, à lendroit où elle aurait traversé la Sambre à pieds secs (ou dans une
barque qui aurait franchi la rivière pour la recevoir).
On la sollicite spécialement pour l'heureuse naissance des enfants, contre les maladies
de son sexe, la fièvre, les maux de gorge et les hernies.
O Dieu, qui avez accordé à votre servante, sainte Marie d'Oignies, la grâce d'une vie
admirable, afin de l'élever , dans le ciel au rang de vos élus, aidez-nous à Vous servir
fidèlement afin de la rejoindre auprès de Vous.
Nous Vous le demandons par Jésus, notre Seigneur. Sainte Marie d'Oignies, par les miracles
que le Seigneur opère, grâce à votre intercession, dans les maladies, tant de l'âme que du
corps, vous faites voir les effets de votre intercession : priez pour nous...
Jésus-Christ, ayez pitié de nous
Seigneur, ayez pitié de nous.
Jésus-Christ, écoutez-nous.
Jésus-Christ, exausez-nous.
Père céleste, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous
Fils, Rédempteur du monde, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Esprit-Saint, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Trinité Sainte, qui êtes seul Dieu, ayez pitié de nous.
Sainte Vierge Marie, Mère de Dieu, priez pour nous.
Sainte Marie d'Oignies, priez pour nous.
Prévenue du don de piété dès votre enfance,
Convertie à Dieu par la méditation de la passion du Sauveur,
Qui joingnez à l'innocence les rigueurs de la pernitence.
Qui faisiez des miracles par la ferveur de vos prières,
Qui affligiez votre corps par le travail, les veilles et les jeûnes,
Qui disposeiez toutes voes parioles et vos actions dans la crainte de Seigneur,
Qui puissiez, dans cette crainte l'esprit d'humilité, de silence et de pauvreté.
Pleine de compassion envers les pécheurs et de charité pour leur conversion.
Eclairée des lumières céléstes et honorée de la vue de l'Esprit-Jésus,
Supérieure aux tribulations par l'esprit fr force et aux douleurs par la patience,
Douée de la connaissance des coeurs et du sisernement des esprits.
Favorisée du don de la science des saints.
Qui languissiez dans l'ardeur de posséder Dieu.
Qui ne supporteiez l'ennui de cette vie que par la force du pain divin,
En qui cette chair adorable faisiat endurer les peines et les travaux de chaque jour,
Qui dans vos extases, goûtiez les joies du ciel et les délices de l'amour divin,
Qui avez souffert d'extrêmes douleurs dans tout votre corps.
Qui vous êtes préparée à la mort en vous abandonnant humblement à la volonté de Dieu.
Né à Salency en Picardie, disciple de saint Rémi et de saint éleuthère, il fut ordonné à 33 ans, puis devint évêque de Vermand, près de Saint-Quentin. Son siège épiscopal ayant été détruit par les invasions barbares, il le transféra à Noyon. En 531, il accueille la reine sainte Radegonde qu'il consacre à Dieu. Il évangélisa les Flandres, succédant à saint éleuthère à Tournai, puis à Bruges. Tous les traits qu'on rapporte à son sujet sont des actes de bonté. Il donnait de larges aumônes à tous les indigents, y compris les paresseux. Il ne se décida jamais à punir les chapardeurs qui venaient voler le miel de ses ruches, les oeufs de ses poules et les fruits de son verger. Il est mort vers 557-560 et fut enterré à Soissons. En France, plus de 33 localités se rangent sous sa protection. Son nom vient des mots germains maht, force, et hard, dur.
Saint Poppon est né à Deinze en 978. Il fut un grand abbé réformateur. Il dirigea l’abbaye de Stavelot- Malmédy et d’autres. Il est mort le 25 janvier 1048. Il est fêté le 26 ou le 29 janvier.
Saint Charles de Sayn fut abbé du monastère cistercien de Villers-la-Ville en 1197. Il est mort en 1212. Il est fêté le 29 janvier.
François Page est né à Anvers. Prêtre en 1600, il partit pour l'Angleterre. Il fut exécuté près de Londres le 20 avril 1602. Béatifié le 15 décembre 1929, il est fêté à Anvers le 20 avril.
Saint Jean de Waasten est né à Waasten en 1099. Evêque, il fonda des monastères. Il est mort le 27 janvier 1130. Il est fêté le 29 janvier.
Né en Irlande (île d'Inchiquin, sur le lac Corrib, dans le
Connaught/Connemara) au début du septième siècle, frère de saint Ultan (ou Ultain) et
de saint Fursy (ou Furzy), fils de Fultan de Mounster, Foillan (ou
Feuillien, ou encore Faelan), fut d'abord formré au monastère bénédictin
de Rathmat, avant de faire son noviciat au monastère de Cluain-Fuerta
(Clonfert) fondé par
saint Brendan (moine navigateur, père spirituel de nombreux moines, son
oncle ?). S'étant là, par une spartiate discipline, forgé une volonté et
un tempérament à toute
épreuve, Lui et Ultan
rejoignirent alors leur frère
qui venait de fonder le monastère de Kill-Fursa (Killursa). Feuillien y
fut chargé de la prédication. Les trois frères quittèrent le pays,
poussés par les invasions ou par l'ardeur évangélisatrice. Accueillis par
le roi chrétien d'East Anglia Sigebert, ils construisirent un monastère à
Cnoberesburgh
(Burgh Castle) dans le Suffolk. Fursy en fut le premier abbé,
Foillan lui succéda. Il acquit ainsi la dignité épiscopale. Il y
resta de 634 à 650, date à laquelle
le monastère fut pillé par une tribu païenne voisine. Il sauva sa vie,
racheta celles de ses moines,
récupéra les reliques, les livres et d'autres objets de vénération, et
partit pour Péronne en Neustrie, où il fut reçu par Erconwald
(Erchinoald), maire du
palais.
Foillan partit ensuite pour Nivelles, y connut la bienheureuse Itte,
veuve de saint Pépin de Landen, ainsi que sainte Gertrude de Nivelles.
Itte lui permit de construire le monastère dit des Scots à Fosses en 651,
sur un domaine s'étendant sur les deux rives de la Biesme, depuis le grand
étang de Bambois jusqu'à la Sambre à auvelais, domaine de cinq mille
hetares comprenant lesl ocalités actuelles de Fosses, Vitrival, aisemont,
Falisolle, Auvelais, Arsimont. Il confia plus
tard ce monastère à son frère Ultan. Des voleurs le
tuèrent ainsi
que ses compagnons près de Seneffe, le 31 octobre 655 (dans le hameau
du Roeulx), alors qu'il cheminait en direction du monastère de
Lagny fondé par son frère Fursy, par la voie romaine
Bavay-cologne, ayant juste célébré la messe de la veille de la
Saint-Quentin à Nivelles.
Son corps, caché, fut retrouvé par sainte
Gertrude, qui l'enterra à Fosses, dont il devint le patron. Selon la
légende, à Franière, les boeufs qui tiraient le chariot des reliques se
lancèrent à l'eau "et les flots gonflés se retirèrent pour laisser
passer le saint martyr". Cet endroit s'appelle encore en patois le "Wez
des boûs" (Gué des boeufs). Il fut fort
honoré dès le départ (saint Ultan y aurait envoyé
quelques moines pour construire une chapelle en bois pour célébrer
l'office et recueillir les offrandes) dans les siècles qui suivirent, le
chanoine Hillin composa
vers 1110 un Liber miraculorum Sancti Foillani, recueil de miracles
posthumes. En 1125, Burchard, évêque de Cambrai, fonda l'abbaye du
de prémontrés du Roeulx, qui prit son
nom, et Philippe le Harvengt, abbé de Bonne-Espérance, composa sa
biographie. Il est fêté le 31 octobre dans le diocèse de Namur, et le
5 novembre dans les diocèses de Malines et de Tournai. La marche
Saint-Feuillen date au moins de 1571. Voir le
site de la
Confrérie Saint-Feuillen de Fosses.
Saint Forannan était le fils de Ronan, membre de la famille Decies. Moine, il fut élevé au siège archépiscopal d'Armagh, dont il abdiqua, suivant un rêve, pour rejoindre avec quelques frères le monastère de Waulsort, dont il devint abbé l'année de son arrivée, 962, après avoir étudié les observances monastiques johanniques à Gorze, près de Metz. Successeur des saints abbés Macallen, Cadroe, Fingen, il attira de nombreux postulants et transféra les reliques de saint Eloquius de Lagny à Waulsort. Il est mort en 982. Il est fêté le 26 ou le 30 avril. Dans la région de Givet, il est invoqué contre le mal de dents des enfants.
Née à Saint-Omer en Artois vers l'an 1049, de Hemfrid seiggneur de
Wierre-Effroy et de Ogine, qui formaient avec leurs deux autres
filles Adèle et Godelieve une famille riche et
noble, sainte
Godelieve (ou Godeleine) était belle, de noire chevelure, habile au
fuseau et à l'aiguille, sage, bonne et compatissante
envers les pauvres. Malgré son désir de vie religieuse, son père se
plia aux pressions du marié par l'entremise du comte de Flandre
Beaudoin et du comte Eustache de Boulogne, elle dut épouser Bertholf, le
seigneur de Ghistelles (Gistel), à l'âge de dix-huit ans. Sa belle-mère
la prit immédiatement en haine : « Que nous amenez-vous là ? Nous avons
assez de corneilles dans notre pays, sans que vous alliez de si loin
chercher celle-ci !... », la priva du nécessaire, puis l'enferma.
Bertholf, grand et blond comme tous les normands, se joignit à la
persécution de sa mère, qui disait à ses femmes
de chambre : « Voyez la belle corneille que mon fils s'est choisie. Il a
déshonoré notre maison. Honte et malédiction sur toi Bertolf, tu feras le
tourment de ma vie, maudit sois-tu mille fois ! » Godelieve s'enfuit
pour rejoindre son père, possesseur de la baronnie
de Longfort. Un tableau, peint pour la cathédrale de Boulogne, la
représentera distribuant aux pauvres l'unique morceau de pain que sa
marâtre lui avait donné pour nourriture en prison. Par souci de
conscience, le père de Godelieve soumettra la séparation devant l'évêque
de Tournai. Ce dernier exigera que les époux reprennent la vie commune.
Godelieve retournera chez Bertholf qui la persécuta de nouveau, ainsi
que sa mère. Après un an, il feignit de se repentir de sa conduite en
prétextant qu'une maladie s'était jetée sur lui. Il promit de vivre
avec elle comme au premier jour. Godelieve étonnée mais confiante,
s'habilla magnifiquement pour plaire à son mari. Cela dura huit jours.
Puis Bertolf lui confia qu'il avait fait appel à une matrone pour le
guérir de ses mauvais penchants et lui proposa d'être aussi introduite
auprès d'elle. Le soir, il monta sur son cheval et partit vers Bruges
afin de ne pas être soupçonné de complicité du crime qu'il avait
ordonné. Godelieve qui avait passé la soirée dans la chapelle, rentra
dans sa
chambre et s'endormit. Peu de temps après, on frappa à sa porte pour
l'avertir de ce que la femme dont Bertolf lui avait parlé était là et
voulait la voir. Godelieve ouvre la porte et se dispose à s'habiller.
« Non madame, dirent les scélérats, c'est en négligé et avec vos cheveux
épars qu'elle veut vous voir. » Godelieve, vêtue de sa tunique s'empressa
de descendre. À peine
est-elle dans la cour que des hommes se lancent sur elle et
l'étranglent avec une nappe longue et étroite. Godelieve ne poussa pas
un seul cri. Elle perdit en même temps la voix, le souffle et la vie.
Comme le sang lui sortait pas les yeux, la bouche et les narines, les
bourreaux la jetèrent dans le puits de la cour, puis, après l'avoir
lavée, la couchèrent dans son lit pour faire croire qu'elle était morte
naturellement. Ceci se passa dans la nuit du 6 au 7 juillet 1070.
Le matin, les domestiques trouvèrent le cadavre et remarquèrent les
traces d'étouffement. Bertolf rentra dans la journée et feignit le
désespoir. Sa mère fit de même. Mais ils ne trompèrent personne.
Ce meurtre eut sans doute aussi un motif politique. Le comte de Flandres
fera peu de cas de cet assassinat.
Le mari criminel sera bientôt tourmenté par sa conscience, et par la
Providence : sa fille naquit aveugle. Sainte Godelieve l'ayant guérie,
il se convertit, se croisa puis rejoignit les religieux de
Bergues-Saint-Vinocq et se soumettra aux plus rudes austérités de la
pénitence. Le corps de sainte Godelieve, levé le trois des calendes
d'août 1088, sera retrouvé intact. En se séparant de sa famille,
Godelieve déposera son fuseau en terre. Il
jaillira une fontaine en cet endroit où une chapelle sera érigée. Elle
attirera de nombreux pèlerins venus boire cette eau miraculeuse et
implorer la puissante intercession de la sainte pour obtenir la guérison
d'une fièvre qui sévissait alors dans le pays. Ses reliques furent
élevées le 30 juillet 1084. Elle est représenté avec un linge tordu
autour du cou, ou avec une corde, et un morceau de pain pour les
pauvres. Depuis lors, un pèlerinage
réunit chaque année, le dimanche qui suit le six juillet, jour de sa
fête, des fidèles qui
perpétuent la tradition. L'eau aurait aujourd'hui le pouvoir de guérir les
maux d'yeux et de gorge. Son nom signifie aimée de Dieu.
Louis Wiaux naît le 20 mars 1841, troisième de six enfants, d'un père
forgeron Jean-Joseph WIAUX, et d'une mère tenant une auberge et un petit
commerce de mercerie. Cependant les soirées de bière et de jeux de
cartes se terminent toujours par la récitation du chapelet. Ceux-ci
consacraient le meilleur de leurs soins à léducation chrétienne de leurs
six enfants.
Bon élève a l'école du village, il exerça une grande influence sur ses
compagnons de classe, grâce à son intelligence et à sa piété. Parfois, on
l'appelait Louis de Gonzague.
Son école primaire terminée, Louis entra comme apprenti à la forge
paternelle. Il entra le 7 avril 1856 au noviciat des Frères des
Écoles Chrétienne à Namur. Vu son inaptitude à l'enseignement, il
manque de se faire renvoyer. Malgré ses pauvres dons en musique, il
apprend deux instruments de musique.
Ses premières activités apostoliques du Frère Mutien-Marie se déroulèrent,
à la satisfaction générale, dans la petite classe de Chimay. L'année
suivante, il passa à l'Institut Saint-Georges à Bruxelles. Le 6 septembre
1859; il est envoyé au pensionnat Saint-Berthuin de Malonne, pour
enseigner en septième année. Ensuite il apprendra le dessin et la musique
instrumentale aux
débutants, puis ensuite au élèves normalistes; solfège, harmonium, flûte,
contrebasse et orgue.
Ces leçons, données à des groupes fort variés d'élèves mettaient beaucoup
de jeunes en contact avec un homme charismatique, un prodige de
simplicité, de prière, de consécration à Dieu et au service des autres. A
ces contacts dans ses cours, s'ajoutera sa présence régulière au milieu
des élèves durant la surveillance des récréations et des dortoirs. C'était le
« Frère qui prie toujours », c'est ainsi que l'ont appelé les élèves de
Malonne ; les ouvriers étaient plus brefs, ils disaient le « Frère
prieur ».
Le Frère Mutien fut un fidèle observateur de la règle de saint
Jean-Baptiste de la Salle. Son supérieur a rendu ce
témoignage : « Je n'ai pas vu une seule fois, le Frère Mutien violer une
seule de nos règles; non seulement les grandes règles : exercices
spirituels, charité, obéissance, mais ces petites prescriptions qui
exigent une attention continuelle et une entière possession de soi-même. »
Le Frère Mutien mourut à Malonne, le 30 janvier 1917, durant le rude
hiver de la première guerre mondiale, après 62 ans de vie religieuse,
dont 57 passées à l'Institut Saint-Berthuin.
A peine était-il enterré que se propageaient des récits de faveurs
extraordinaires attribuées à son intercession. Les premiers pèlerins
arrivèrent sur sa tombe ; peu après, ce furent les foules. Des gens animés
d'une confiance profonde venaient présenter leurs soucis et leurs désirs à
l'humble Saint de Mellet et de Malonne. Dans cette localité subsistent
toujours, en tant que lieu de culte et de pèlerinage, sa maison natale et
l'église classée monument historique qui a accueilli ses premières
prières. Six ans après sa mort, l'évêque de Namur ouvrit le procès
diocésain, suivi du procès apostolique à Rome qui se couronnèrent par la
solennelle béatification par le Pape Paul VI, le 30 octobre 1977. Le Pape
Jean-Paul II l'a canonisé le 10 décembre 1989.
Depuis 1980 ses restes reposent dans la chapelle du nouveau « Centre
Mutien-Marie »; d'innombrables pèlerins viennent y chercher réconfort et
courage. Il est fêté le 30 janvier.
« Pour arriver à une intime union avec le Seigneur, prenez le chemin de
Marie. »
Son neveu entra également chez les frères des Ecoles chrétiennes, sous le
prénom de Mutien-Marie. Frère Mutien-Marie de Ciney est connu pour sa
mystique trinitaire, influencée par Elisabeth de la Trinité :
« Ma vocation, c'est l'amour !... l'amour envers Marie ! (...) J'imiterai
Dieu dans son amour pour Marie: la Très Sainte Trinité a tout fait pour
glorifier Marie. J'aimerai Marie par Jésus dans la Sainte Communion.
J'aimerai Marie par Mes Trois. Je serai le Jésus de Marie, n'aimant Marie
que par Jésus !... Je serai l'amour de la Très Sainte Trinité pour Marie,
n'aimant Marie que par Mes Trois. » (Frère Mutien-Marie de Ciney,
Manuscrit autobiographique) « La Sainte
Communion, pratiquée de cette manière, aurait donc pour but de glorifier
Dieu en rappelant à Jésus et à Marie leur amour réciproque et en
perpétuant, pour ainsi parler, la vie de Jésus aimant Marie, sa Mère (...)
Non certes que Jésus soit un moyen d'aimer Marie, que le Créateur soit un
moyen et la créature une fin, mais encore une fois, dans l'intention
délicate de faire plaisir à Jésus et à Marie qui ont mis l'un dans l'autre
toutes leurs complaisances. » (Frère Mutien-Marie de Ciney,
Autobiographie)
Né en Aquitaine, apparenté à Charles Martel selon la légende, il se
trouve de fait prêtre à Maastricht, à la cour de Pépin de Herstal, maire
du Palais, ayant abandonné le duché d'Aquitaine à son frère pour se
consacrer totalement à Dieu. Il avait épousé Floribanne, la fille
du roi Dagobert, et était connu par « les folles joies de sa vie mondaine »
peu édifiante, jusqu'au jour où la grâce de Dieu et les conseils de saint
Lambert évêque de Maestricht l'entraînèrent vers la sainteté. La
tradition légendaire raconte cette
belle histoire du cerf qu'il vit durant une chasse, un jour de
Vendredi-saint, et qui lui apparut avec une croix lumineuse entre ses bois
« Chasser un jour pareil ? pourquoi ne vas-tu pas prier ? » Après une vie
monastique exemplaire, il se rendit à Rome et fut sacré évêque de
Tongres et de Maastricht par le pape Sergius, saint Lambert venant d'être
martyrisé. À son retour, il reçut du ciel une étole qui guérissait de la
rage. Grand évêque, il fut proche de ses fidèles qu'il rejoignait là où
ils vivaient, dans les clairières, sur les rivières, dans les villages.
Il évangélisa le Brabant, la Campine et l'Ardenne, Attentif à toute
misère, il aidait les malheureux et les prisonniers. Il mourut des suites
d'une blessure occasionnée par un ouvrier maladroit qui lui écrasa la main
gauche. Il meurt en 722 à Tervuren des
suites d'une blessure à la main alors qu'il plaçait des filets. Il
est enterré à Liège mais sa dépouille est transporté à Andage (au
cœur de l'Ardenne, le futur Saint-Hubert) trois ans plus tard. Dès
le onzième siècle, il fut le patron des chasseurs, des forestiers. Il est
invoqué contre la rage et représenté avec un cerf et, parfois, un cor.
Il aurait introduit un système de poids et mesures : la livre pour les
solides, le pot pour les liquides, le muid pour les graines. Il est fêté
par une mémoire obligatoire en Belgique le 3 novembre.
Son nom est issu du germain hug
(intelligence) et behrt (brillant).
Dictons : « Il est de la confrérie Saint-Hubert, il n'enrage pas pour
mentir. »; « A la Saint Hubert, les oies sauvages fuient l'hiver. »
La bienheureuse Thècle vécut au dixième siècle dans la région de Roubaix, « » (actuaire de saints de Belgique). Son nom vient de theos, dieu. Elle est fêtée localement le 20 février.
Tillo de Solignac, OSB, abbé (AC) (aussi connu sous le nom de Thillo,
Thielman, Theau, Tilloine, Tillon, Tilman ou Hillonius). Né en Saxe
(Allemagne), mort en 702. Tillo avait été enlevé par des bandits et vendu
comme esclave en Gaule Belgique, où saint Eloi paya sa rançon. Il devint
ermite près de l'abbaye de Solignac, formé par saint Remacle, puis par
saint Eloi au métier d'orfèvre; il y fut connu pour son austérité et sa
dévotion. Après son ordination à la prêtrise, un moment prêtre à
Solignac, où il lutta contre la simonie, il évangélisa la région
autour de Tournai et Courtrai. Il dût retourner à Solignac où il passa le
restant de ses jours. Dans l'art, saint Tillo
est représenté en abbé bénédictin tenant un Calice et un bâton pastoral.
aussi appelé Paul par les fidèles de Solignac comme par les moines
auvergnats, à son grand dam d'ailleurs, il
est vénéré à Solignac.A Solignac, il ne sera plus abbé, par sa volonté,
mais simple moine. Les miracles n'en arrêteront pas, expliquant d'ailleurs
son aspect sur les statuaires (et icônes), le tonneau (ou coupe) d'huile
en plus du baton d'abbé. Miracles encore signalés par la suite tant à son
invocation qu'auprès de son tombeau, dont la veilleuse ne voyait pas son
niveau d'huile diminuer et les gens en prennant pour s'oindre se trouvant
guéris.
Il est un des « saints d'huile », est invoqué contre les fièvres
fulgurantes, fortes toux d'enfants. Apôtre d'Izegem, c'est là que se
trouve l'unique relique (de son crâne) encore existante, cadeau de
l'évêque de Limoges en 1886. Les reliques de Solignac ont toutes été
brûlées par les Huguenots, celle de Brajac volées, et l'autre d'Izegem,
qui se trouvait à l'église qui lui est dédiée, volée le 17 avril 1996.
L'ultime relique est conservée chez le doyen d'Izegem où elle peut être
vénérée.
Un jour, les frères réunis lui demandèrent des instructions salutaires.
Elevant la voix, d'un ton prophétique et assuré, il leur assura que
pour connaître tous les Commandements de Dieu, les Saintes Ecritures
suffisaient.
Il leur dit que « le mieux c'est que les frères, chacun, à tour de
rôle, se confortent mutuellement par des paroles d'encouragement. »
Puis il ajouta : « Et toi, écoute-moi, moi qui suis ton père, ce que tu
sais, et moi, puisque vous êtes mes fils, je vais vous montrer ce que
j'ai appris et atteint dans mon grand âge. Mais ceci, c'est le premier
de nos commandements : tout mettre en commun. Quand tu entame une
action, ne te laisse pas aller au relâchement, persévère, continue ton
travail, et agis comme si tu n'en étais toujours qu'au début. C'est
qu'en effet, courte est la vie humaine, comparée à l'Eternité. »
Ensuite, le saint homme se tût, emporté dans sa contemplation de
l'abondance des merveilles de Dieu.
Après un temps de silence, il ajouta : « Dans la vie courante, bien des
gens s'investissent dans des choses éphémères, mais la plupart ne
reçoivent rien en retour par rapport à ce qu'ils se sont dépensés. Et
si nous comparons les éventuels gains avec les promesses de la vie
éternelle, on voit à quel point les petits gains terrestres sont
vraiment ridicules. Donc, mes petits enfants, ne vous laissez pas
aller à faire tout à contrecoeur, et ne vous attachez pas à la vaine
gloire. La souffrance des temps présents n'est rien par rapport aux
biens à venir, qui nous serons dévoilés en nous. C'est comme quelqu'un
qui comparerait une petite pièce de monnaie avec cent pièces d'or;
ainsi quelqu'un qui, pour le Nom de Dieu, refuserait l'héritage d'une
ville, recevrait le centuple du Trône du Très-Haut.
Nous devons donc nous tenir loins de tout ça, car quand nous amassons
des trésors, ils nous serons malgré tout retirés par la loi de la
mort, volens nolens. Pourquoi donc dès lors, pour conquérir le Royaume
des Cieux, ne laissons-nous pas tout cela derrière nous, puisqu'en
finale le lustre de ces biens ne durera pas? Il n'y a pas de rémission
possible pour les moines qui ne s'en détachent pas. Nous devons donc
toujours rechercher ce qui nous mène au Ciel : la sagesse, le
discernement, la droiture, la vertu, l'amour des veilles, le souci des
pauvres, une Foi indéfectible en Christ, l'impassibilité de l'âme et
l'hospitalité. En poursuivant ces buts ici sur terre, nous nous
préparons une demeure dans le Ciel, comme nous le promet l'Evangile.
C'est pourquoi je vous exhorte avec force à ce que tous ensemble nous
unissions nos efforts dans cette direction. Ne laissons personne être
comme la femme de Lot, regardant en arrière, d'autant que Notre
Seigneur Lui-même nous a dit que si quelqu'un ayant mis la main à la
charrue regardait en arrière, il ne serait pas digne du Royaume (Luc
9,62). Regarder en arrière, ce n'est rien d'autre que d'avoir du
regret pour ce qu'on a entrepris, et se rattacher aux désirs du monde.
Nous avons voué nos âmes à Dieu, alors accomplissons notre voeux.
Personne ne peut arguer à Dieu qu'il ne serait né que d'un peu de
poussière, et donc faible. Dieu connaît l'oeuvre de Ses Mains. Qu'Il
puisse donc recevoir Son oeuvre en l'état où Il l'a créée.
Que nous suffise ce dont la nature nous a dotés. Ne repoussez pas, ô
frères, la générosité de Dieu, parce que vouloir modifier l'oeuvre de
Dieu, c'est la salir. Nous devons faire attention à ne pas nous
laisser vaincre par la tyranie de la colère, car il est écrit : La
colère de l'homme n'accomplit pas la justice de Dieu (Jacques 1,20).
Par la Voix divine, il nous a été prescrit la garde continuelle du
coeur, car nous avons à lutter contre les rangs de l'armée ennemie
(Plus que sur toute chose, veille sur ton coeur, car c'est de lui que
procède la vie (Proverbes 4,23).)
Selon la parole de l'Apôtre, nous devons lutter contre elle sans
relâche, comme le dit le bienheureux Paul : Car ce n'est pas contre
des adversaires de sang et de chair que nous avons à lutter, mais
contre les Principautés, contre les Puissances, contre les Régisseurs
de ce monde de ténèbres, contre les esprits du mal qui habitent les
espaces célestes. (Ephésiens 6,12) Leur grand tapage est en effet
emporté en l'air par le vent, où il est sans effet. Toute l'armée
ennemie est anéantie sous nos yeux.
Mais pour cela nous devons tout d'abord en persuader notre esprit, et
ne rien faire de mal aux yeux de Dieu, ni dévier de sa loi pour tomber
dans la domination du diable. L'immoralité n'est pas une faiblesse de
la nature mais de la volonté. Dieu les a en effet créés bons, mais
c'est leur orgueil qui a fait chuter du Ciel sur la terre les esprits
mauvais. Maintenant, ils nous tourmentent par jalousie, ils n'ont de
cesse de nous tracasser, car ils ne veulent pas que nous puissions
sièger sur les trônes qu'ils ont perdus.
C'est pourquoi il est nécessaire de demander au Seigneur le don du
discernement des esprits, afin que nous puissions déjouer leurs ruses
innombrables et les anéantir par l'étendard de la Croix. Pour cette
raison que Paul, après avoir obtenu cette miséricorde, a dit : Il ne
s'agit pas d'être dupes de Satan, car nous n'ignorons pas ses
desseins (2 Corinthiens 2,11). Les démons détestent tous les
Chrétiens comme leurs pires ennemis, mais par dessus tout, ils
détestent surtout les moines. Ils tendent sans arrêt de nombreux
pièges sur les chemins des moines, et ils essayent de détourner leur
esprit par des pensées oppressantes, athées et obscènes. Le diable a
même revendiqué le bienheureux Antoine comme sa propriété, ce diable
que Job a connu par une révélation divine : "De ses éternuements
jaillit la lumière, ses yeux sont comme les pupilles de l'aurore. De
sa gueule partent des éclairs, des étincelles de feu s'en échappent.
Une fumée sort de ses naseaux, comme d'une marmite bouillante ou d'un
chaudron. Son haleine embrase les braises, de sa gueule sortent des
flammes" (Job 41,10-13).
Cet ennemi hurlant brûle tant de vous tuer, qu'il vous incite à jouir
de tout, afin que vous tombiez dans ses filets. Frères, ne croyez pas
ses promesses, et n'ayez ni peur de ses menaces ni de ses horribles
insinuations. En effet, il ment toujours. Sa promesse n'est jamais
crédible. Le serpent a été attrapé avec le crochet de la Croix, et tel
un animal de trait, il a été soumis au joug, enchaîné comme une
esclave en fuite. On a enfoncé un anneau de fer dans son museau et il
n'a plus été autorisée à dévorer les croyants. Mes petits enfants,
nous devons mépriser le diable, avec ses paroles vaniteuses et
hautaines et avec sa faconde. Même s'il se présente comme un éclair
étincellant, c'est une fausse lumière. Il apparaît seulement de la
sorte pour tromper quelqu'un.
Nous, toutefois, qui marchons dans les traces des pieds des Saints,
pleins de confiance, passons outre de ses pièges, suivant leur
exemple, eux qui ont connu ses ruses et chantaient prophétiquement :
« Je restai silencieux tant que l'impie se trouva devant moi, je me
suis abaissé et j'ai même gardé le silence sur les bonnes choses. »
(Ps 39,2)
Et quand les démons viennent pendant la nuit, selon leur habitude,
alors les anges sont là aussi, eux qui louent le zèle des fidèles,
admirent leur persévérance et leur promettent les récompenses futures.
Et quand les démons verront comment vous et les vôtres êtes armés du
signe de la Croix, ils seront sur-le-champ emportés vers le néant. »
Après que le bienheureux Tillo se tût, tous se
réjouirent et s'enflammèrent du désir de s'exercer aux vertus.
Et après avoir dit tout cela, Tillo resta attentif à accomplir le
service divin : larges aumônes, zèle pour les veilles, pieuse Foi,
parfait dans l'amour, d'une humilité extrème, persévérant dans
l'oraison, instruit dans la connaissance, prudent dans les paroles,
très saint dans son comportement et détaché du monde. Il se distingua
par son obéissance aux serviteurs de Dieu, et resta toujours tourné
vers le Ciel quelque soient les circonstances. C'est pour cela que
tant vinrent à lui, aussi bien des moines que des clercs, et nul
n'était jamais rassasié par ses éloquentes paroles.
Sainte Amalberge est née à Saintes dans le Brabant. Elle fut la mère de sainte Renelde et de sainte Gudule. Elle est morte vers 700. Ses reliques furent ramenées à l'abbaye Saint-Pierre au Blandijnberg de Gand. Elle est fêtée le 10 juillet.
Saint Amand d'Elnone, évêque de Maastricht, est un des grands missionnaires de l'époque mérovingienne. Né vers 584 près de Nantes, moine dans l'île d'Yeu, puis à Tours et à Bourges, il se rendit à 33 ans à Rome. Il s'en vint d'abord mener quelques années de vie solitaire en Flandre puis partit sur les routes évangéliser la Flandre et le Brabant. Cet évêque régionnaire, c'est-à-dire itinérant, fut aumônier du roi Dagobert, puis évêque de Tonnerres, puis de Maastricht. Il lui advint même d'être battu jusqu'au sang et jeté dans la rivière par ceux qu'il voulait convertir. Il voyagea beaucoup, fonda notamment les monastères de Saint-Pierre de gan, de Drongen, de Saint-Baafs. Évêque de tongres et de Maastricht, il mourut le 8 février 675 ou 684 dans l'une des abbayes qu'il avait fondées, celle d'Elnone, qui prit plus tard le nom de Saint-Amand-les-Eaux. Il est fêté le 6 février, par une mémoire facultative en Belgique. Son nom vient du latin amandus, aimable.
Jésuite dont la bonne humeur, malgré ses souffrances, savait s'accompagner d'une affection délicate et charitable à l'égard de tous. Né en Brabant, il entra à 17 ans au noviciat de Malines. Il fut envoyé à Rome pour y poursuivre ses études. lève brillant et studieux, il se souciait de soumettre l'intellectuel au spirituel. Il s'endormit dans le Seigneur à l'âge de 22 ans, en 1921, à Rome. Il est fêté le 13 août, par une fête locale, et le 26 novembre, par une mémoire obligatoire en Belgique.
Né en Aquitaine, disciple de saint Sulpice de Nourges, il était moine à l'abbaye de Luxeuil lorsque saint loi, cherchant un moine pour implanter la vie monastique dans le Limousin, l'y fit venir. Dagobert lui donna des terres et il devint abbé de Solignac. Devenu à la demande de saint Éloi évêque de Noyon-Tournai, il s'en fut ensuite en Ardennes, où, aidé de Sigebert et d'Éloi, il fonde les abbayes de Corbion (près de Bouillon), de Stavelot et de Malmédy. Il est mort en 664 à Stavelot, est fêté localement le 3 septembre.
Seigneur flamand, né dans le pays de Liège en 589, saint Bavon mena longtemps une vie dissolue. À la mort de sa femme, il rencontra saint Amand qui le convertit et dont il devint le disciple et le collaborateur. Il passa les trois dernières années de sa vie dans une solitude, à côté du monastère Saint Pierre que l'évêque saint Amand venait de fonder dans un lieu désert appelé Ganda, qui fut le berceau de la ville de Gand. Patron de Gand, il est fêté le premier octobre.
Saint Gondulphe a succédé en 559 à saint Monulphe comme évêque de Maastricht. Honorant le culte de saint Servais, il mourut le 16 juillet 607, la tête percée de clous. Son corps repose dans l'église Saint-Servais de Maastricht. Il est fêté dans les diocèses de Liège et Hasselt le 16 juillet.
Fille du comte de Brabant Witteric (ou Witger) et de sainte Amalberge, nièce de Pépin le Bref, sainte Gudule ou Gudila, née à Moorsel vers 850, fut élevée dans la prière et l'austérité par sa tante, sainte Gertrude de Nivelles, dans le couvent qu'elle avait fondé. Elle voulut rester célibataire pour vouer sa vie aux misérables. La légende raconte que, alors qu'elle se rendait avant l'aube à l'église avec une servante, le diable souffle leur lanterne, mais que celle-ci se rallume miraculeusement. Ensuite, chaque nuit, le diable tentera, sans succès, d'éteindre leur lampe. Cette légende est analogue à celle de sainte Geneviève de Paris. On lui attribue plusieurs miracles dont la guérison d'un enfant muet et d'une lépreuse. Jamais l'église de Ham en Belgique ne connut autant de besaces de pauvres et de béquilles d'infirmes qu'à sa messe d'enterrement, en 712. Elle fut d'abord enterrée à Ham où un arbre proche se mit à fleurir, en plein hiver. Il se transplanta de lui-même lorsque son corps fut transporté à la chapelle Saint-Sauveur de Morwelle, où Charlemagne fit bâtir un monastère Sainte-Goule (Sainte-Gudule). Lorsqu'il poursuivait un ours, ce dernier se réfugia dans la chapelle du monastère et ne quitta plus ses protectrices, qui le rendirent doux comme un agneau. Ensuite, ses reliques furent portées à Bruxelles par le duc Charles de Lorraine, d'abord dans la chapelle Saint-Géry, ensuite dans la collégiale Saint-Michel, qui lui adjoint son nom alors que la ville la prenait comme copatronne. Sainte Gudule est représentée avec une lanterne à la main, et que le diable tente en vain d'éteindre avec un soufflet, avec parfois un ange qui la rallume sans cesse. Elle est vêtue d'une longue robe et coiffée d'un bonnet, souvent penchée sur son ouvrage. Elle est la patronne des brodeuses. Le diable se mord parfois le bras de dépit. Son prénom vient des mots germaniques gund, guerre, et lind, doux. Elle est fêtée le 8 janvier, jour de son départ pour le ciel.
Né vers l'an 892 dans le pays d'Arnau de Liétold et d'Osburge, saint Guibert
perdit son père en bas âge et eut de nombreux demi-frères.
Guibert donna dès l'enfance des marques de la haute sainteté
où il devait arriver un jour. Les maximes de l'Evangile, qu'on avait gravées
profondément dans son âme, firent tant d'impression sur lui, qu'il voulut
renoncer à tous les avantages du monde. Pendant que ses frères et ses soeurs
songeaient à se pourvoir par des établissements avantageux, il embrassa le célibat,
pour servir Dieu avec plus de liberté. Réfléchissant un jour sur ces paroles de
l'Evangile : "Il est plus facile de faire passer un câble par le trou d'une aiguille
qu'à un riche de se sauver", il résolut, ou de quitter ses biens, ou d'en faire un si
saint usage, qu'il pût être du nombre de ceux qui se sanctifient dans les richesses.
Il suivit pourtant quelque temps la profession des armes, et il eût pu parvenir aux
plus grands honneurs s'il eût ambitionné quelque autre titre que celui de Chrétien.
Mais, loin de céder au mauvais exemple que donnent souvent ceux qui embrassent cette
dangereuse carrière, il contenait dans le devoir des soldats qui servaient sous lui.
Il prévenait leurs violences, arrêtait leurs débauches, corrigeait leurs désordres,
et, si quelqu'un d'entre eux avait fait quelque tort, il le réparait de ses propres
deniers. Pour lui, il vivait dans la piété, dans l'abstinence, et faisait continuellement
des libéralités aux pauvres et aux églises des lieux où il passait. Lorsqu'il crut avoir
fait assez pour sa condition, son prince et sa patrie, il quitta le service des hommes
pour se consacrer entièrement à celui de Dieu.
Il se retira d'abord dans une des terres de son patrimoine pour faire les essais de la
vie solitaire, qu'il voulait embrasser. Là, il poursuivait souvent cette pensée : "Si
je disposais d'une partie des biens que je possède pour élever ici un monastère où
s'assembleraient un grand nombre de religieux qui offriraient continuellement au Ciel
un sacrifice de louanges, de prières et de mortifications, est-ce que je n'aurais point
part aux bonnes oeuvres de ces serviteurs de Dieu? Ne serait-ce pas encore un grand
service rendu à mes frères que de les arracher à la corruption du siècle et de leur
ouvrir, dans une pieuse retraite, un port de Salut et la voie de la perfection?"
Touché profondément par cette pensée, il donna, vers l'an 936, sa terre de Gembloux
avec ses dépendances, pour y fonder un grand monastère, à 4 lieues de Namur et à 7 de
Bruxelles. Il fut aidé dans cette sainte entreprise par son aïeule Gisle, qui contribua
de son bien à fonder cet établissement. Le monastère construit, il y assembla des
religieux. Il voulut qu'ils y vécussent dans l'esprit des Apôtres et des premiers
Chrétiens qui, ne possédant rien en propre, n'avaient qu'un coeur et qu'une âme, et
qui vivaient comme des anges dans un corps mortel. Il adopta pour sa communauté la
Règle de Saint-Benoît, et choisit pour abbé Erluin, dont il connaissait le mérite et
la sainteté. Quant à lui, lorsqu'il vit que sa présence n'était plus nécessaire à
Gembloux, il quitta ce lieu, qui lui était pourtant si cher, et alla s'enfermer
dans l'abbaye de Gorze, au diocèse de Metz, où la discipline monastique était
très-florissante, sous l'abbé Agenold. Pourquoi donc quittait-il Gembloux? Il
craignait qu'on vît toujours en lui le fondateur du monastère, et qu'on l'entourât
d'égards et de prévenances. Et puis, en voyant ces murs qu'il avait fait bâtir, ces
moines qu'il avait rassemblés, cette communauté qu'il avait fondée, comment résister
à certaines complaisances, à certains retours d'amour-propre? C'est donc par sentiment
d'humilité qu'il quitta cette maison. Arrivé à Gorze, le Saint, qui avait déjà renoncé
au monde et à ses pompes, renonça complètement à lui-même. Il s'attachait à observer
toutes les vertus dans lesquelles chacun de ses frères excellait, afin de les imiter,
et il y réussit si parfaitement, que bientôt il devint leur modèle en humilité, en
obéissance, en douceur, en patience, en mortification et en charité.
Pendant qu'il pratiquait les vertus d'un parfait religieux à Gorze, un orage se
formait, et allait éclater sur son monastère de Gembloux. Les flatteurs firent
entendre à Othon 1er que Guibert n'avait pu disposer de la terre de Gembloux,
parce que c'était un fief de l'empire qui n'avait été donné à ses ancêtres qu'à
titre de bénéfice; qu'ainsi la donation faite à l'Eglise était de nulle valeur.
Othon, quoiqu'il fût assez peu touché de cette accusation, fut cependant bien aise
de voir le saint homme, d'entendre ses raisons et de le confronter avec ses accusateurs.
Il manda donc Guibert, qui vint, et qui plaida lui-même sa cause sans aucune préparation;
il se contenta d'une exposition toute simple de l'état de sa terre de Gembloux, et de la
donation qu'il en avait faite. Othon fut si satisfait que, plein d'admiration pour la
vertu de Guibert, il confirma l'établissement de l'abbaye par des lettres-patentes, en
948, qu'il accompagna de grands privilèges. Entre autres,
1° les moines pouvaient toujours choisir un abbé régulier de l'Ordre de Saint-Benoît;
2° l'abbé pouvait établir des marchés publics et battre monnaie;
3° nul comte, ni officier royal, n'avait droit d'y exercer une autorité quelconque sans
l'autorisation de l'abbé.
Cet orage était à peine passé, qu'il s'en formait un nouveau. Le comte de Namur,
beau-frère de notre Saint, voyant avec dépit que la belle propriété de Gembloux lui
échappait, la réclama au nom de sa femme. Et sans autres formalités, malgré les
lettres-patentes d'Othon, il s'empara des revenus de l'abbaye. Cette violence lui
attira l'excommunication de Rome, mais n'arrêta pas son ardente convoitise. Guibert
ne put rester indifférent à ce qui se passait à Gembloux; il s'arracha au repos de
la solitude et vint consoler ses frères. Sa présence arrêta, au moins pour un temps,
l'insolence des soldats, et empêcha les déprédations que commettaient les satellites de
son beau-frère.
Pendant qu'il demeurait à Gembloux, Dieu lui fournit une occasion de travailler à la
conversion de plusieurs Barbares infidèles, qui passaient et repassaient la Meuse de
temps en temps. C'étaient les restes de cette inondation de Hongrois et d'Esclavons qui
étaient venus faire irruption dans tout le pays depuis 954. Guibert alla au-devant d'eux
pour leur annoncer des paroles de Salut et la Foi en Jésus-Christ. Il s'attendait à boire
le calice du Sauveur, il le désirait ardemment, et il exposait volontiers sa vie pour
sauver des âmes rachetées d'un sang divin. Mais Dieu, en lui refusant la gloire du
martyre, lui accorda un autre mérite, qui n'est peut-être pas moins grand, celui de
convertir un grand nombre de Barbares. Il éclaira leur esprit des lumières de
l'Evangile, en même temps qu'il toucha leur coeur. Les ayant baptisés, il eut la
consolation de voir que le changement de leur vie répondait de la sincérité de leur
conversion.
Guibert, de retour à Gorze, s'efforça de plus en plus de détruire le reste de ses
imperfections au feu de l'amour divin. Une longue et cruelle maladie, qu'il supporta
avec une grande patience, acheva de le purifier. Les moines de Gembloux, ayant appris
l'état de leur saint fondateur, accoururent pour le consoler, l'assister dans ses
derniers instants, et aussi pour recueillir ses précieux restes. Les moines de Gorze,
qui le regardaient comme le principal ornement de leur abbaye, prétendaient aussi
conserver ces saintes reliques; ils cédèrent pourtant à la fin. Le Bienheureux mourut
entre les bras des uns et des autres, le 23 mai 962; dans la 70ième année de son âge.
Dieu rendit son tombeau glorieux par des miracles qui attestèrent sa sainteté.
Un village porte son nom près d'Ottignies.
Il est fêté le 23 mai.
Tropaire de saint Guibert de Gembloux, ton 8
Gembloux te fête en ce jour, vénérable Guibert,
Toi qui abandonnas le métier des armes d'ici-bas
Pour combattre le vrai combat contre les passions
Et les vaincre par le jeûne et la prière.
Aujourd'hui, vénérable père, nous te prions
D'intercéder pour nous auprès du Christ, notre Dieu
Saint Étienne fonda l'abbaye de Saint-Laurent à Liège. Il en fut le responsable pendant 35 ans, avant de mourir en 1059 et d'être enterré dans la crypte de l'église. Il est fêté le 12 janvier.
Née à Huy en 1185, sainte Yvette fut veuve à 18 ans, déjà mère de trois enfants. Elle consacra, recluse, le reste de sa vie aux soins des malades et surtout des lépreux. Elle mourut le 13 janvier 1228 à Huy, jour où elle y est fêtée.
Fille de sainte Amalberge et sœur de sainte Gudule, la vierge Renelde prit le voile à Saintes. Elle fut mise à mort avec deux clercs par les Huns. Une petite fontaine, au milieu d'un champ près de Saintes en Brabant Wallon, lui est dédiée, ainsi qu'une procession annuelle; son eau est connue pour guérir les maladies des yeux et les plaies inguérissables. Elle est fêtée, avec ses deux compagnons martyrs, le 16 juillet, et le 22 mars en Belgique.
Fille de Didier, roi des Lombards, elle était ornée de maintes vertus, et d'une grande beauté. Promise en mariage par son père au roi d'Ecosse, elle faussa compagnie aux seigneurs écossais qui la conduisaient vers son royal prétendant. Elle voulut se réfugier à Cologne au monastère de Sainte-Ursule, mais elle tomba malade à Villers-Poterie où elle mourut. Elle fut enterrée à Gerpinnes, et son culte se développa rapidement dans l'Entre-Sambre-et-Meuse. Quelques années plus tard, l'évêque de Liège vint en personne lui dédier une église. Elle est fêtée le 13 mai. À Gerpinnes se déroule tous les ans une marche Sainte-Rolande, et à la Pentecôte le Tour Sainte-Rolande. Son nom vient de hrod, gloire, et de land, terre, en germanique.
Saint Rombaut (ou Rumold, Rombauld) était, au huitième siècle, un moine irlandais, fils d'un roi d'Hibernie.
Parvenu à l'archevêché de Dublin, il abandonna tout et se rendit à Rome pour
visiter les saints tombeaux. Ayant reçu la bénédiction du saint Père, Il se joint à saint Willibrord pour évangéliser le continent.
Après une apparition céleste, il s'arrêta à Malines, où le comte Adon l'accueillit et lui
fournit un terrain pour construire un convent. Saint Rombaut en chargea le fils du comte,
Libert, dont il avait prédit la naissance, qu'il avait baptisé et élevé.
Un jour, retiré à l'écart pour réciter quelques psaumes,
deux hommes dont il avait dénoncé les infamies l'assommèrent mortellement
et jetèrent son corps dans la rivière. Cependant la nuit, quelques pêcheurs virent une grande
clarté sur l'eau, avertirent le comte Adon, qui fit jeter des rêts et reconnut le corps.
C'était le jour de la Saint-Jean-Baptiste (le 24 juin), en 775 (787 selon certains), raison pour laquelle le pape
demanda qu'on transfère sa fête au premier juillet. En outre, le synode provincial
de 1609 décréta que, pour les églises du diocèse de Malines, la fête fût
célébrée par un double office le 3 juillet. Il se fait chaque année une procession en son honneur
à Malines le premier juillet. Sa châsse
Il évangélisa Malines et
en fit un siège archépiscopal. Ses restes reposent depuis 1227 dans
la collégiale de Malines et depuis le 16è siècle il est patron de la collégiale
et du diocèse. Patron de Malines, il est fêté le 1er juillet. Il existe une médaille
du mérite de Saint-Rombaut, attribué pour services rendus à l'Église.
Abbé de l'abbaye cistercienne de Villiers en Brabant au diocèse de Namur, puis abbé de Clairvaux, saint Guillaume de Bruxelles mourut en 1236 en Allemagne après avoir été emprisonné par l'empereur Frédéric qui lui reprochait sa fidélité à l'Eglise romaine. Il est fêté, localement, le 30 septembre.
Saint Lambert est né à Maestricht vers 640. Après maints
exploits guerriers, conseiller de Childéric II roi d'Austrasie, il devint
évêque de Maestricht en 668 et le resta
jusqu'à sa mort. Cependant, un mouvement qui fut à tort
attribué à l'hostilité d'Ebroïn, maire du palais, le
força, remplacé par Pharamond après l'assassinat de Childéric en 675, de
se retirer, avec Théoduin et un autre compagnon, à l'abbaye de
Stavelot en Belgique où il vécut sept ans, aussi humble et fervent qu'un
novice. (cependant une autre version raconte qu'il fut écarté de son
siège épiscopal par le duc Wulfoald et Dagobert II,
qui lui reprochaient précisément son entente avec Ebroïn)
Une nuit d'hiver, alors que les religieux priaient dans le choeur, Lambert
renversa un banc, dont la chûte dérangea la communauté. Dans l'obscurité,
l'abbé enjoignit au coupable d'aller prier, nu-pieds, dehors, devant la
croix du parvis. Les moines chantèrent les longues matines, puis se
rendirent au chauffoir avant de regagner leur lit, et y notèrent
l'absence de l'évêque. L'abbé l'envoya chercher; on le vit entrer,
couvert de neige, ayant prié deux heures durant, agenouillé dehors.
L'abbé s'excusa, mais Lambert lui répondit d'un air joyeux : « C'est
à moi de vous remercier. Vous m'avez permis, comme le veut saint Paul, de
servir Dieu dans la nudité et la froidure. » (2 Corinthiens 11. 27) Saint
Lambert regagna Maestricht, rappelé par Pépin II après la mort d'Ebroïn,
de Dagobert II et de Wulfoald, et la déposition de Pharamond. Il
évangélisa vigoureusement la Toxandrie, parallèlement à la guerre de Pépin
II contre les frisons.
Il connut, comme son prédécesseur et maître saint Théodard, une fin
tragique (un 17/09 entre 696 et 705), liée à une
querelle de clans pour le contrôle de l'Eglise de Tongres-Maastricht; Gallus et
Rivaldus, deux parents de Dodon (ou Bodillon), domesticus (maire du
palais) de Pépin II,
(et membres de sa milice privée), s'en prennent aux biens et aux serfs de
l'église de Lambert; Pierre et Autlaecus, des parents de celui-ci, tuent
ces deux malfaiteurs. Dodon rassembla ses hommes de main et marcha sur
Liège. Lambert, ayant d'abord saisi un glaive, renonce à tuer; il est
frappé d'un coup de javelot en pleine prière. Dodon et
ses amis furent punis par saint Lambert post mortem.
Les rescapés de
la tuerie déposèrent son corps
sur une barque et le menèrent jusqu'à Maastricht où il fut enseveli dans
la basilique Saint-Pierre, dans le tombeau de son père. Sa dépouille est
ramenée par son successeur saint Hubert sur les lieux de son martyre
treize ans plus tard. Son tombeau
devint, à la faveur de nombreux miracles, un lieu de pèlerinage et le
hameau obscur du bord de Meuse grandit jusqu'à devenir la ville de Liège,
vicus publicus dès 750, et civitas vers 900, construite autour de la
basilique contenant son tombeau. Son culte se répandit, au
cours du neuvième siècle, dans la classe aristocratique, ainsi que la
légende impliquant la dynastie carolingienne dans son assassinat. Le
transfert de l'évêché à Liège se fait au cours du neuvième siècle. La
volonté de Lothaire II, comme jadis de Pépin son ancêtre, d'épouser sa
maîtresse Waldrade (il chercha en vain d'obtenir la nullité de son
mariage avec Theutberge) explique le fait que, dans le Carmen de sancto
Landberto, rédigé au début du dixième siècle, Lambert joue le rôle de
défenseur du lien conjugal, massacré parce qu'il avait dénoncé le
concubinage de Pépin II, du vivant de son épouse Plectrude, avec Alpaïde
(c'était à l'époque une Friedelehe,
mariage polygamique aristocratique germain), dont Dodon aurait été le
frère. Ses reliques furent transportées devnat le château de
Bouillon assiégé par les troupes épiscopales en 1141. La
forteresse capitula, et en 1143, ses reliques furent élevées. Son nom
fut bien souvent
invoqué dans la consolidation de l'autorité épiscopale face aux rois
puis à l'Empire. 140 églises sont consacrées à saint Lambert en
Belgique. Il y est fêté par une mémoire facultative le 17 septembre.
Premier évêque de Tongres dont l'existence historique soit certaine (l'historien liégeois Heriger lui donne neuf prédécesseurs : saint Materne, Navitus, Marcellus, Metropolus, Severinus, Florentius, Martinus, Maximinus, Valentinus; tout en déclarant ne rien connaître sur eux), saint Servais participa aux conciles de Sardique (343), de Cologne (346), combattit l'arianisme au concile de Rimini, mourut à Tongres le 13 mai 384. Il ramena à la vie un porc mangé par ses compagnons. Il est fêté le 13 mai. Son nom vient du latin servatus (préservé). Dicton : Les trois saints au sang de navet, Pancrace, Mamert et Servais, Sont bien nommés les saints de glace.
Ode avait épousé le duc d'Aquitaine. Devenue veuve, elle quitta Toulouse et revint au pays de Liège où elle vécut dans la charité et la prière. Vers 682, elle légua son domaine d'Amay (dans le diocèse de Liège) à l'Eglise. Elle est célébrée à Huy, le 23 octobre.
Sainte Odette est née de parents nobles en Brabant. Ses parents voulaient la marier malgré elle au chevalier Simon : traînée jusqu'à l'autel, elle répondit au prêtre : "Non, pas du tout". Pour éviter tous les autres prétendants, attirés par sa beauté, elle se coupa le nez et entra chez les religieuses prémontrées du monastère de Rivreulle, près de Bonne-Espérance. Elle en devint la prieure et y mourut en 1158, à l'âge de vingt-quatre ou vingt-cinq ans. Elle est fêtée le 20 avril. Son nom vient du germanique odo, richesse.
Vingt-et-unième évêque de Tongres (vers 560), il aurait eu un domaine épiscopal à Dinant, fonde l'église Notre-Dame sur le tombeau de saint Servais, et y est enterré; selon la traiditon populaire, a édifié un petit oratoire en l'honneur des deux frères médecins saints Cosme et Damien à l'emplacement de la future ville de Liège.
Originaire de Bapaume, éduqué par saint Aubert, il prit ensuite le mauvais chemin. Brigand ou mondain, il finit par se convertir, fut ordonné prêtre et fonda les abbayes de Lobbes (654), d'Aulne (656), de Walers (657) et de Crespin (670). Il gouverna cette dernière jusqu'à sa mort en 686. Il est fêté le 15 juin.
Le bienheureux Pierre l'Ermite était originellement un soldat. Il devint un ermite en Terre-Sainte avant de revenir prêcher la première Croisade en France, Italie et Allemagne. Il participa au siège d'Antioche et à la capture de Jérusalem en 1099. Ensuite, il fonda le monastère de Neufmoutier en Flandre et s'éteint à Huy le 8 juillet 115. Il est fêté le 8 juillet. Il n'a jamais été béatifié officiellement.
Sainte Pharaïlde, vierge en Brabant, issue de la maison de Pépin de
Landen, est morte en 710. Elle fut invoquée à Gand contre les maladies
de langueur des enfants et pour la bonne conservation du beurre, fut
considérée comme patronne de Gand. La
légende raconte qu'elle y ressuscita un oie déjà désossée. Une
superbe église du douxième siècle lui est dédiée à Bruay sur l'Escaut,
où ses restes reposent.
Elle est fêtée le 4 janvier.
Dicton : De Sainte-Pharaïlde la
chaleur
C'est la colère et notre malheur
Saint Hadelin, né en 617 dans le royaume d'Aquitaine, vint
d'abord à Dinant où, ermite avec quelques compagnons, il fit
construire les quelques cellules qui donnèrent son nom à
Celles. Ayant reçu de l'évêque de Tongres la terre et la seigneurie de
Franchimont, il y fonda un monastère,
entre 670 et 690.
Une extrême sécheresse ayant tari toutes les sources de l'endroit au
moment de la moisson, les habitants se trouvaient réduits à la dernière
misère. Dans ce triste état, ils envoyèrent quelques-uns d'entre eux vers
saint Hadelin, pour le conjurer d'apporter, par ses prières, quelque
remède à leurs maux.
Hadelin se rendit sur les lieux, et touché de compassion à la vue de ce
que souffraient ces pauvres villageois, il se prosterna plein de confiance
et d'humilité et fit ses prières : « Dieu d'Abraham, Dieu d'Isaac et de
Jacob, qui par l'entremise de Moïse et d'Aaron, avez fait sortir l'eau
d'un rocher, dans le désert, pour subvenir aux nécessités des enfants
d'lsraêl, ouvrez dans ce lieu la fontaine de vos miséricordes
souvenez-vous Seigneur, de votre promesse, lorsque vous avez dit :
demandez, il vous sera accordé. » En disant ces paroles, il enfonça son
bâton en terre, et l'on vit à l'instant sortir du roc une source d'eau
vive qui surprit et réjouit tous les spectateurs, et leur inspira le plus
grand respect pour leur saint bienfaiteur. La fontaine, toujours
active, se trouve un peu plus bas que l'église, presqu'en face du
cimetière de Franchimont (Philippeville, Belgique). Ses reliques reposent
depuis 1338 à Visé.
Il est fêté le 3 février à Visé et le 13 février à Celles.
Son nom vient des mots germains adal, noble, et lind, doux.
Deus, qui per beatum Hadelinum Confessorem tuum, nobis salutis semitam
ostendisti; concede propitius; ut cujus annua memoria laetamur, meritis et
intercessione adjuvemur. Per Dominum nostrum Jesum Christum.
Dieu qui nous avez montré le chemin du salut par le bienheureux Hadelin,
votre confesseur, dont nous nous réjouissons de fêter l'anniversaire,
accordez-nous l'appui de ses mérites et de notre intercession. Par notre
Seigneur Jésus-Christ.
Né vers 1166, de la famille des ducs de Lorraine, évêque de Liège en 1191, contesté, puis sacré à Reims, mais assassiné peu après sa consécration, en 1192 , sur ordre de l'empereur Henri VI dit le Cruel, fils et successeur de Barberousse. Ses reliques ont été retrouvées en 1919. Il est fêté le 25 novembre. Son nom est issu du germain adal (noble) et behrt (brillant).
Vers l'an 600, participe au concile de Paris en 614, est enterré à Maastricht.
Fonde l'abbaye bénédictine de Sarchinium, plus tard Saint-Trond.
« Le nom de ce personnage se rencontre pour la première fois dans les Gesta episcoporum Tungrensium de Hériger, rédigés à la fin du xe siècle. A les en croire, Perpète aurait succédé à Saint-Gondulphe comme vingt-troisième évêque de Tongres-Maestricht. La date de son entrée en fonctions est fournie, un peu plus tard, par les Annales Leodienses, qui la placent en 598. Mais cette date se trouve en contradiction avec des données chronologiques bien établies. Nous savons en effet que Betulfus, évêque de Tongres, que l'on doit identifier avec Gondulphe, prédécesseur immédiat de Perpète, assista en 614, au concile de Paris. Dès lors, l'avènement de notre personnage au siège épiscopal serait postérieur à 614. On a douté d'ailleurs que saint Perpète ait le droit de figurer parmi les évêques de Tongres-Maestricht, et l'on peut invoquer, pour justifier ce scepticisme, l'époque très tardive des renseignements que nous possédons à son sujet, ainsi que le grand nombre de noms apocryphes portés sur les catalogues épiscopaux de l'église de Liége. Toutefois, en l'absence de preuves certaines, la prudence s'impose, et, jusqu'à plus ample informé, rien n'oblige à refuser à saint Perpète la qualité que lui reconnaît la tradition. Les seuls détails authentiques que nous possédions sur saint Perpète ne remontent qu'au XIIIe siècle, et ne nous apprennent rien sur son origine ou son activité. Gilles d'Orval, qui nous les a transmis, doit les avoir recueillis à Dinant où les reliques du saint étaient conservées depuis toujours et où elles se trouvent encore aujourd'hui. Il rapporte que saint Perpète, après avoir été enterré dans cette ville en l'église de Saint-Vincent, fut transféré plus tard dans celle de Sainte-Marie. Sa mort serait arrivée le 4 novembre. Il faut nous résigner à n'en pas savoir davantage et rejeter les fables que des écrivains postérieurs nous ont laissées. Il suffit, pour en montrer la valeur, de mentionner qu'elles nous représentent saint Perpète comme fils d'un comte d'Ostierne (?). Après le sac de Dinant, en 1466, Charles le Téméraire donna la châsse renfermant les ossements du saint à l'église de Bouvignes, et le reliquaire contenant la tête de Perpète au seigneur de Vere. Réclamés tous deux par les Dinantais dès la reconstruction de leur ville, la châsse fut solennellement restituée en 1477, après un procès porté devant le parlement de Malines; le reliquaire ne fit retour qu'en 1496. Un intéressant tableau du xve siècle, aujourd'hui conservé au musée de Chantilly, rappelle le souvenir de la translation de la châsse de Dinant à Bouvignes (no 106). » (H. Pirenne, Biographie nationale, T. XVII)
Saint Gérard de Brogne naquit à la fin du neuvième siècle à Stave, en
Belgique. Il commença d'abord par la carrière des armes, et devint
officier du comte de Namur, mais quand son
père mourut, il décida de se faire bénédictin, s'initia à la vie
monastique à l'abbaye Saint-Denis près de Paris et fonda en 914 une abbaye
sur son domaine familial, à Brogne. Pendant vingt
ans, à la demande du comte de Flandre, il réforma
de nombreuses abbayes qui étaient sous la juridiction du duc de
Lotharingie ou Lorraine. On ne sait s'il y parvint, mais du moins
s'endormit en paix en 959 en l'abbaye de Brogne dans la province de Namur à
quelques kilomètres au nord-est de Maredsous. C'est au XVIIème siècle que
la localité de Brogne prend le nom de Saint-Gérard : ce moine doux et
conciliant avait été canonisé en 1131, lors du concile de Reims. Il est
fêté localement le 3 octobre.
« Ne soyez ni trop riches ni trop nombreux, mes fils. Souciez-vous de la
qualité plus que du nombre ! Croyez-moi, la richesse et la prospérité
attirent infailliblement la convoitise des princes. » (Saint Gérard à
ses frères)
Elève de saint Remacle. Sacré par saint Cunibert, métropolitain de Cologne. Mort en Germanie. Saint Lambert aurait fait transporter et inhumer sa dépouille à Liège.
Princesse belge, sainte Ermelinde quitta le château familial où défilaient les prétendants pour ne vivre qu'avec le Christ. Dans le village où elle s'était retiré le seigneur et le curé (hélas) la poursuivirent de leurs assiduités peu vertueuses. Elle se retira près de Tirlemont dans le Brabant belge au diocèse de Malines et là trouva un saint prêtre dont elle fit son directeur spirituel et qui la dirigea sur les voies de la sainteté. Elle mourut vierge en 595. Son nom vient des mots germaniques ehre, honneur, et lind, doux. Elle est fêtée localement le 29 octobre.
Paysan pieux et bon, né vers 950 dans le Brabant, il est choisi comme sacristain de sa paroisse Notre-Dame de Laeken. Mais un marchand de Bruxelles le persuade de s'associer à lui pour gagner de quoi faire davantage d'aumônes. Guy met tout ce qu'il a dans cette affaire. Les catastrophes s'accumulent jusqu'au jour où Guy s'en repent. Comme pénitence, il part en pèlerinage à Rome et à Jérusalem. Rentré sept ans plus tard, vers 1012, il meurt épuisé à Anderlecht. Sa tombe devint un lieu de pèlerinage très fréquenté. Patron des carrossiers, des cochers, des laboureurs et des sacristains, il est fêté localement le 12 septembre.
Née à Landen, en Saxe, vers 626, sainte Gertrude est la fille de Pépin de
Landen, maire du palais d'Austrasie sous Clotaire II, Dagobert Ier et
Sigismond II. Elle était donc parente de saint Bavon. Elle fut élevée
saintement par sa mère dont elle écoutait les instructions avec une
humble docilité. Dès l'âge de dix ans, l'occasion lui fut donnée de
déclarer qu'elle voulait se consacrer au Seigneur. Pépin, son père,
avait invité Dagobert, roi des Francs, à un dîner dans son palais. Le
roi avait, dans sa suite, deux courtisans, le père et le fils ce dernier
profita de cette circonstance pour solliciter la main de Gertrude. La
demande fut assez bien reçue du roi, et parut ne pas déplaire à Pépin :
on fit donc venir au milieu
du repas la mère et la fille. Le roi, s'adressant lui-même à la petite
Gertrude, lui demanda si elle ne serait pas satisfaite d'avoir pour
époux, un jeune homme beau, bien fait, vêtu de soie, tout brillant d'or,
comme celui qu'elle avait présentement sous les yeux. La jeune princesse
répondit vivement, en présence de ses parents, qu'elle n'épouserait ni
ce jeune homme, ni aucun autre au monde, car elle ne voulait avoir pour
époux que Jésus-Christ. On dit même que cette déclaration fut
accompagnée d'une espèce de serment, montrant qu'elle était émue et
indignée de voir que des hommes prenaient la liberté de la désirer. Le
roi et les grands furent frappés de trouver tant de sagesse et de
gravité dans une enfant aussi jeune. On reconnut là que Gertrude était
animée de l'esprit de Dieu, que Jésus-Christ Se L'était réservée, et
l'on convint de ne plus lui renouveler de pareilles propositions. Un
jour, le fils
d'un grand seigneur d'Austrasie l'aperçut à la cour du roi, et s'éprit
d'elle. Il en parla au roi, qui fit mander Pépin et sa fille pour leur
proposer ce qui devait être un excellent parti. Mais Gertrude refusa
catégoriquement, faisant remarquer au roi qu'elle avait depuis son enfance
voué sa virginité au Christ. Le roi, bien qu'étonné, approuva cette
attitude. Le jeune seigneur, lui, en conçut, comme il fallait s'y
attendre, un vif dépît. Quant à Pépin, il désapprouvait totalement le
refus de sa fille et il était décidé à employer toutes les ressources de
l'autorité paternelle pour modifier les intentions de Gertrude. Pour la
jeune fille, il n'y avait plus qu'une solution: la fugue. Avec le
consentement de sa mère, Gertrude s'enfuit de la maison paternelle et se
retira en un lieu solitaire où elle passa quelque temps dans la prière, la
retraite et la pratique de la vertu. Pépin fut obligé de comprendre et
rappela sa fille, enfin décidé à respecter son engagement.
Saint Amand, évêque de Maastricht, convainc, à la mort de Pépin, la
bienheureuse Itte (ou Iduberge), sa mère, de fonder un couvent à
Nivelles, pour lequel Gertrude fit profession dans les mains de saint
Amand, après que sa mère lui ait coupé les cheveux. Elle y fut un modèle
de piété, de douceur, de patience et de
toutes les vertus. Sa mère, cinq ans avant de mourir, confia la
charge abbatiale à Gertrude, se plaçant sous ses ordres. Mais, à la mort
de sa mère, craignant d'être détournée par là de la prière et de la
contemplation, Gertrude chargea
certains religieux du soin des affaires extérieures de la maison, et se
partagea celles de l'intérieur avec ses compagnes les plus intelligentes.
L'abbaye (voir photos)
abritait deux communautés, l'une d'hommes, l'autre de femmes,
et était placée sous les règles de saint Colamban et saint Benoît.
Soutenue par les carolingiens, elle compta vite trois églises :
Saint-Pierre (édifice funéraire),
Saint-Paul (oratoire pour les hommes) et Notre-Dame. Elle devient au
neuvième siècle un chapitre de chanoines et chanoinesses. Vers l'an mil,
Adélaïde, cousin d'Otton II, est abbesse et ordonne la reconstruction de
Saint-Pierre, qui sera reconsacrée Sainte-Gertrude en présence d'Henri II.
Femme jeune, belle, intelligente et charitable, Gertrude se dévouait sans
compter pour les déshérités, les malades et les vieillards. Elle
accueillait avec générosité les pélerins étrangers (Pensons à saint
Feuillen de Fosses avec qui elle se lia d'amitié). Elle connaissait par
coeur une grande partie des saintes Ecritures, dont elle pouvait expliquer
les passages difficiles. Elle avait même envoyé des messagers « par-delà
les mers » pour en ramener des livres sacrés et des reliques. Mais le
diable, ennemi du repos des hommes (et des femmes!), ne la laissa pas
lontemps sans troubles, il suscita une bande de malheureux débauchés qui
se mirent à persécuter les religieuses, les injuriant et leur dérobant
même ce qui était nécessaire à leur subsistance. On songea un instant à
renvoyer chez elles les pieuses filles. Mais la piété et la fermeté de
Gertrude eurent bientôt raison de ses ennemis, et tout rentra dans
l'ordre.
Gertrude pratiquait égélement le jeûne avec un grand courage. Aussi, Dieu
la favorisa de plusieurs prodiges: on vit plusieurs fois pendant quelle
priait à l'église, apparaître au- dessus de sa tête une sphère de feu qui
remplissait de lumière le lieu saint. Mais ces jeûnes et ces veilles
affaiblirent son corps, et un jour, en 656, après une période de fièvre
aigue, Gertrude fut contrainte de se démettre de la charge d'abbesse,
qu'elle
confia à sa nièce Wilfetrude, fille de Grimoald. Débarrassée des soucis
matériels, Gertrude employa désormais son temps en prières et en
dévotions. Et Dieu répondait généralement à la prière de Gertrude d'une
manière explicite. Par exemple, lorsque Saint Feuillen fut assassiné avec
ses compagnons en traversant la forêt du Roeulx (il revenait d'une visite
au monastère de Nivelles), Gertrude décréta une période de jeûne et de
prière pour retrouver le corps de son ami. Après 77 jours d'oraison, elle
eut une vision lui montrant un endroit de la forêt tout illuminé.
Gertrude identifia l'endroit et envoya des hommes, qui retrouvèrent le
corps de Saint Feuillen et le ramenèrent solennellement à Fosses.
Gertrude eut une autre vision: alors qu'elle priait devant l'autel, elle
vit une grande boule de feu descendre sur elle avec une telle splendeur
que toute l'église en était illuminée. Si le sens de cette vison nous
échappe un peu, nous devons noter que Gertrude elle-même en conçut une
grande joie et une grande consolation.
Enfin, sentant ses forces décliner, elle envoya un messager auprès de
saint Ultan (ou Valtan), qui avait succédé à saint Feuillen à la tête du
monastère de Fosses, pour l'interroger sur le jour de son trépas. L'homme
de Dieu lui fit répondre qu'elle mourrait le lendemain durant le Saint
Sacrifice de la Messe, mais qu'elle ne devait en concevoir aucune crainte:
le Royaume des Cieux lui serait grand ouvert. A cette nouvelle, elle
commença à se préparer à la mort par des prières et oraisons qu'elle fit
toute la nuit entourée de ses religieuses. Elle exhorta ses soeurs à
conserver l'esprit de leur règle et la fidélité qu'elles devaient à Dieu,
puis donna des instructions sur la manière dont elle voulait être
ensevelie. On ne devait mettre sur son corps aucun drap mais seulement son
cilice, et sur sa tête un voile usé, car, dit-elle, les ornements
superflus d'un tombeau ne servent de rien ni aux vivants ni aux morts.
Elle envoya demander à Ultan, qui se trouvait au monastère de Fosse, si
Dieu ne lui avait pas fait connaître à quel moment elle devait mourir.
Ultan lui fit répondre : « C'est aujourd'hui le 16 mars; demain 17,
pendant la célébration de la sainte messe, vous mourrez. Mais vous ne devez ni
craindre ni vous affliger parce que saint Patrice, évêque, les saints et
les anges choisis de Dieu, sont prêts à recevoir votre âme dans la gloire.
» Gertrude, consolée par cette réponse, passa la nuit suivante en prières
avec ses soeurs. Le lendemain, elle reçut le saint viatique, et, pendant
que le prêtre chantait les oraisons de la messe, elle rendit paisiblement
l'esprit. C'était le 17 mars 659. Elle n'était
donc âgée que de trente-trois ans ! Le jour même de son décès, elle
apparaît à Trèves à sainte Modeste, abbesse de Horren. Elle apparut une
seconde fois dix ans plus tard, alors que le monastère qu'elle avait
fondé était la proie des flammes. Un homme, ne sachant que faire pour
éteindre l'incendie, leva les yeux pour remettre les bâtiments à la garde
de Notre-Seigneur. Sainte Gertrude lui apparut alors dans le ciel,
éteignant le feu avec son voile. Et à l'instant même, l'ardeur du feu se
mit à diminuer.
Sainte Gertrude fut enterrée près de sa mère, dans l'église Saint Pierre.
Son tombeau devint très rapidement un lieu de pélerinage très fréquenté.
De nombreux miracles s'y produisirent, dont le plus célèbre est la
résurrection d'un garçon tombé dans le puits d'un monastère et dont la
mère invoqua Sainte Gertrude. Le culte de Sainte Gertrude fut
officiellement reconnu en 1220 par le Pape Honorius III. Au 13ième siècle,
on fit ciseler une splendide châsse, joyau de l'orfèvrerie médiévale, pour
contenir les ossements de la sainte. La très belle collégiale romane de
Nivelles lui est dédiée. Sainte Gertrude est vénérée dans les diocèses de
Malines, Gand et Liège. Gertrude est invoquée pour la protection des
voyageurs, ainsi que pour être préservé de certains rongeurs, tels les
souris et les rats. C'est pourquoi certains tableaux la représentent avec
une souris agrippée à sa robe ou grimpant à sa crosse. Elle fut aussi
considérée comme la patronne des voyageurs et invoquée pour obtenir un
bon gîte en voyage.
Plusieurs églises lui sont dédiées, dont la collégiale de Nivelles, qui
est étape d'une des routes de pélerinage menant à Compostelle, et où se
trouvent plusieurs statues de la sainte. Mais aussi à Jauchelette,
Tenneville, Carlsbourg, Bras, Otrange, Chiny, Blégny, Landen, Louvain,
Gentinne, Hevillers, Lasne. Lillois, Tubize... Ses reliques sont
conservées à Nivelles et Louvain. Une localité porte son nom:
Villers-Sainte-Gertrude, prés de Marche-en-Famenne. Une procession a lieu
à Nivelles le dimanche qui suit le 29 novembre. Patronne des voyageurs,
elle est fêtée le 17 mars, jour de sa naissance au ciel.
Fille du comte Abélard, Herlinde (ou Herlindis) fut éduquée au monastère de Valenciennes. Elle s'installa ensuite dans le couvent bénédictin que son père fonda pour elle et sa soeur sainte Relinde à Aldeneik près de Maaseik, et en fut la première abbesse. C'était une amie de saint Willibrord et de saint Boniface. Elle mourut en 745, probablement le 13 octobre. Elle est fétée le 12 octobre.
Fille du comte Abélard, Relinde (ou Relindis) fut éduquée au monastère de Valenciennes. Elle s'installa ensuite dans le couvent bénédictin que son père fonda pour elle et sa soeur sainte Herlinde à Maaseik, et succéda à sa soeur comme abbesse. C'était une amie de saint Willibrord et de saint Boniface. Elle mourut en 750 ou en 770, probablement un 6 février. Elle est fêtée le 12 octobre, et le 13 février à Hasselt avec sa soeur.
Il est né vers 1175 et fut proche de Marie d'Oignies et de Jean de Nivelles. Prêtre, il organisa une communauté de moniales proche de l'Ordre de Citeaux. Ce monastère s'appela Notre-Dame de l'Olive. Il est mort en 1240. Son tombeau retrouvé récemment est visible dans les ruines de l'église de Morlanwelz. Il est fêté le 15 février. (source : Chemins de sainteté)
Saint Bonifance de Bruxelles est né à Bruxelles en 1181. Doyen de la Collégiale Saint-Michel, évêque, il fut pendant 20 ans le chapelain des moniales cisterciennes de la Cambre. Il est mort le 19 février 1260.
Ermin, ou Erme, est né à Laon au VIIIème siècle. Après de brillantes études à l'école épiscopale de Laon, il entra à l'abbaye bénédictine de Lobbes. Sa sagesse émerveilla saint Ursmer qui engagea ses moines à le désigner comme son successeur à la tête de ce monastère, qui deviendra l'un des foyers intellectuels les plus intenses de Belgique. Il fut également évêque de Lobbes. Il est fêté localement le 25 avril. Son nom vient du latin Erminus, issu du germain Irmin.
La virginité, inconnue des idolâtres, a toujours jeté un très vif éclat au
milieu des peuples barbares, dès les premiers moments de leur conversion à
la Foi : elle n'a pas peu contribué à leur faire comprendre toute la
sainteté et la sublimité du Christianisme, et en même temps adoucir leurs
moeurs dures et farouches. La vie de sainte Dympna (ou Dymphne) offre
un exemple extraordinaire mais qui s'est renouvelé plus d'une fois chez
ces nations dont saint Jérôme disait qu'elles ne connaissaient aucune loi
dans leurs alliances, et suivaient avec une aveugle brutalité tous les
instincts de leurs passions grossières.
Dympna était fille d'un roi ou prince de Bretagne : peut-être faut-il
entendre sous ce nom le successeur d'un chef des Angles ou Saxons, qui
vinrent faire invasion dans cette île, aux cinquième et sixième siècles.
Son père était païen; sa mère était
chrétienne, comme sa fille. Le saint prêtre Géreberne, qui vivait
dans les environs de leur demeure, les avait baptisées l'une et l'autre,
et les entretenait dans la pratique de la religion. De bonne heure la
jeune Dympna donna les plus belles espérances, et sa vertu qui se
développait en elle avec les années, annonçait déjà qu'elle saurait dans
l'occasion faire preuve d'un grand courage. Elle était douce, modeste,
pleine de retenue, de pudeur, et ne cherchait à plaire en toutes choses
qu'à Dieu et aux auteurs de ses jour. Dympna perdit sa mère dans un âge
peu avancé encore, et cette perte, déjà si triste pour son coeur, devint
encore pour elle l'occasion d'une grande et pénible tentation. En effet,
son père, que la mort de son épouse avait rempli d'une profonde
douleur, ayant dans la suite formé le projet de se remarier, ordonna à ses
officiers de lui faire connaître une personne dont les traits pussent lui
rappeler celle qui lui avait été si chère. Après de longues et inutiles
recherches dans la contrée, ils vinrent le trouver, et par un inconcevable
oubli de toute pudeur, ils lui conseillèrent d'épouser sa fille Dympna,
dont les traits de ressemblance avec sa mère étaient frappants. Malgré
l'horreur qu'inspire la nature pour de semblables alliances, la
corruption et la grossièreté de ces peuples ne le repoussaient point
toujours : aussi n'est-on qu'à demi étonné en voyant le roi barbare
accepter la proposition de ses officiers. La jeune vierge frémit à
cette parole, et malgré toutes les instances et toutes les promesses qu'on
lui faisait, elle déclara qu'elle n'y consentirait jamais. Comme ses refus
ne faisaient qu'irriter les désirs de son père, elle demanda 40 jours pour
réfléchir. Le roi y consentit, ne doutant pas que, cet intervalle, écoulé,
elle se rendrait à ses sollicitations; mais la pieuse Dympna avait dans le
coeur une pensée bien différente.
Elle visita aussitôt le saint prêtre Géréberne, qui continuait de la
diriger dans la vertu et la pratique de ses devoirs. Là, elle exposa à ce
vénérable vieillard la situation critique dans laquelle on la plaçait.
Géréberne, hors de lui-même en l'entendant ainsi parler, leva, les yeux au
ciel, et conjura le Seigneur de lui faire connaître sa volonté dans un si
pressant danger. Dieu exauça cette fervente prière de son serviteur, et
lui déclara qu'il fallait réaliser au plus tôt le projet conçu par la
jeune vierge, et fuir dans un pays étranger où elle pourrait le servir
sans obstacle. Dès ce moment, Dympna fit, avec des précautions extrêmes,
tous les préparatifs de son départ : elle gagna un serviteur de son père
et son épouse, qui promirent de l'accompagner avec le saint prêtre
Géréberne. Tout étant disposé, ils profitèrent d'un moment favorable et se
mirent en mer, s'abandonnant au milieu des flots à la Providence qui leur
avait inspiré cette résolution. Elle ne les abandonna pas; après une
heureuse traversée, ils abordèrent non loin des embouchures de l'Escaut,
près des lieux où se trouve aujourd'hui la ville d'Anvers. S'étant mis
aussitôt à chercher une retraite où ils pussent se reposer de leurs
fatigues, ils s'arrêtèrent à Geel. Ce pays était alors peu habité: on ne
voyait presque partout que des
broussailles ou des bois, au milieu desquels ils rencontrèrent une petite
église dédiée à Saint Martin. Ce lieu leur parut convenable: ils s'y
arrêtèrent, et c'est là que, dès ce moment, le saint prêtre Géréberne
célébra les Divins Mystères. A quelque distance, ils construisirent, dans
le lieu appelé Zemmale, une petite habitation, où ils vécurent l'espace de
3 mois dans les prières, les aumônes et la pratique de toutes les vertus.
Cependant le père de Dympna fut bientôt averti de la fuite précipitée de
sa fille, et il en fut pénétré de douleur: aussitôt il envoie de toutes
parts des gens pour chercher à connaître où elle s'est cachée; lui-même,
accompagné d'un grand nombre de gens armés, se met à sa poursuite, et,
s'embarquant sur ses vaisseaux, il arrive auprès des embouchures de
l'Escaut où quelques indices semblaient lui faire espérer de trouver la
fugitive. Il ordonne alors à une partie des siens de se disperser dans le
pays, comme ils avaient fait précédemment en Bretagne, et de s'informer
partout si sa fille a paru dans la contrée. Quelques-uns d'entre eux étant
arrivés dans un village appelé Westerloo, assez proche de Zemmale,
passèrent la nuit dans une auberge, puis le matin, au moment de partir,
ils payèrent l'hôte qui les avait traités. Celui-ci, en recevant de leurs
mains des pièces d'argent, les regarda avec attention, et observa qu'elles
étaient tout à fait semblables à d'autres pièces qu'il possédait : cette
réflexion frappa les envoyés qui lui demandèrent de qui il avait pu
recevoir une monnaie étrangère comme celle-là. C'est, dit l'hôte, d'une
jeune fille de Bretagne qui mène une vie solitaire et retirée non loin
d'ici, et qui achète avec ces pièces les choses nécessaires à la vie. Ces
paroles ne firent qu'augmenter les soupçons des officiers du roi : ils
l'interrogèrent de nouveau sur l'extérieur de cette personne, son âge et
ses traits; l'hôte répondit encore à ces questions; il ajouta qu'elle
était accompagnée d'un vénérable vieillard, prêtre, et de plusieurs autres
personnes; que du reste, s'ils le désiraient, il pourrait les conduire en
peu de temps au lieu qu'elle habitait.
Les envoyés acceptèrent cette
proposition avec joie, et ayant accompagné leur guide, ils arrivèrent dans
un lieu désert, inculte, sauvage, où, au milieu d'autres personnes, ils
aperçurent Dympna qu'ils connaissaient très-bien. Aussitôt ils
s'empressèrent de venir annoncer cette nouvelle au roi, qui se mit en
chemin avec les gens de sa suite, et se rendit à l'endroit indiqué. Arrivé
près de sa fille, il lui adresse tour à tour des paroles flatteuses, des
reproches et des promesses. "Qu'avez-vous pensé, en fuyant ainsi votre
pèro, et comment avez-vous pu abandonner son palais, pour venir habiter
cette solitude affreuse? Ne savez-vous donc pas quelle place vous est
destinée dans mon royaume? Est-ce que les paroles d'un vieillard décrépit
et sans force auraient troublé votre esprit au point de vous faire perdre
de vue les honneurs qui vous attendent près de moi? »
Le vénérable prêtre Géréberne, qui était présent quand le roi parlait
ainsi, ne put s'empêcher de prendre alors la parole : « Ô roi, lui dit-il,
comment la passion a-t-elle pu ainsi pervertir vos pensées ? Comment
pouvez-vous concevoir des projets si contraires à votre gloire et la vertu
de votre fille? Ignorez-vous donc que la pureté est le plus précieux de
tous les trésors, qu'elle donne la sagesse aux jeunes gens, et aux
vieillards la sainteté? Cessez de tenir un pareil langage, indigne de
vous, ne sollicitez pas davantage votre fille, elle persiste et persistera
toujours dans son généreux dessein. » Puis, se tournant vers Dympna, il
l'exhorta de nouveau à ne point écouter les propositions criminelles qui
lui avaient été faites. Plein de fureur en entendant ce discours, le roi
fait saisir le vénérable
Géréberne par ses gens qui l'accablent d'injures et de coups; et voyant
qu'il continue de protester à haute voix contre une telle violence, il
donne un signe, et les soldats le renversent sans vie. Après de nouvelles
instances qui provoquent de nouveaux et plus énergiques refus de la part
de Dympna, le roi s'irrite, menace et déclare à sa fille que si elle ne
renonce à suivre les folles pensées que lui a suggérées ce misérable
vieillard, qui vient de payer de sa tête son audace et son insolence, elle
ressentira elle-même les effets de sa colère. « Mon Père, répond Dympna,
n'espérez pas d'obtenir mon consentement, jamais je ne le donnerai. »
À ces mots, le roi furieux commande à ses gens de la tuer; mais ils
n'osent obéir à un pareil ordre donné dans la colère. Voyant leur
hésitation, il saisit lui-même son glaive, et, d'un seul coup, il abat la
tête de sa fille, qui tombe à ses pieds baignée dans son sang. Le corps de
Dympna et celui du vénérable Géréberne restèrent quelques jours exposés
aux animaux et aux oiseaux de proie qui les respectèrent; puis, de pieux
habitants du pays les déposèrent dans la terre. Plus tard, à cause des
miracles qui s'opéraient en ce lieu, le clergé et le peuple cherchèrent
les restes des deux martyrs, et les trouvèrent renfermés dans deux
tombeaux d'une pierre extrêmement blanche: ce qui parut d'autant plus
étonnant que toutes les pierres dans ce pays sont noires. Peut-être Dieu
voulut-il manifester de cette manière combien lui avait été agréable le
sacrifice de ces deux martyrs de la chasteté.
Il se fit depuis un grand nombre de guérisons extraordinaires au tombeau
de sainte Dympna et de saint Géréberne. De toutes parts on y accourait
pour implorer leur protection. C'est alors que les habitants de Xantes
sur le Rhin cherchèrent à s'emparer de ces reliques, afin de les
conserver au milieu de leur ville; mais ayant été surpris au moment où
ils venaient de les enlever, ils furent forcés de les rendre. Les
principaux habitants de Geel pensèrent alors à agrandir l'église dans
laquelle était renfermé le tombeau, et à placer les reliques de sainte
Dympna dans une châsse plus belle. On en prépara une qui était très riche,
et dans laquelle l'évêque de Cambrai transporta ces vénérables
dépouilles. La mort de sainte Dympna eut lieu vers le milieu de la
seconde partie du 7ième siècle. Le manuscrit d'Utrecht, qui rapporte la
vie de la sainte, fixe le jour de celle-ci au 30 mai.
Le village de Geel s'accrut beaucoup par le culte
et les miracles de sainte Dympna. On y trouve dans la suite une baronie, un
hopital, et une église qui fut érigée en collégiale.
On représente sainte Dympna tenant un démon enchaîné : elle est
renommée pour la délivrance des possédés et la guérison de la folie et de
l'épilepsie. Ainsi existe depuis un temps immémorial à
Geel, sous son patronage, une maison d'aliénés, aussi célèbre en
Belgique que Bicêtre chez nous. Si l'on nous demande pourquoi l'on
invoque sainte Dympna pour les possédés, aliénés ou épileptiques, nous
trouvons facilement le motif de ce patronage dans l'acte insensé de son
père qui, à son projet d'inceste, ajouta le meurtre : par un
rapprochement facile à concevoir, il est naturellement venu à l'esprit du
peuple d'invoquer contre la folie celle qui avait été victime de la
fureur et de la démence de son père. (Vies des
saints de Cambrai et d'Arras, M. l'abbé Destombes) Elle est fêtée le
15 mai.
Moine au Mont-Blandin, il se retira en 1190 dans la solitude à Baudeloo près d'Ertvelde, qui devint un monastère (détruit en 1579). Il est fêté le 17 octobre.
Né en 644 près d'Avesnes, Ursmer (Ursmarus) devint moine au monastère de Lobbes, puis abbé, puis évêque et confesseur. On luit doit l'église Notre-Dame, future église Saint-Ursmer. Evangélisateur de la Flandre, il vécut dans la prière et l'ascèse, et fut vénéré de son vivant. Il meurt en 713; durant des siècles on se rendit à la « fontaine de Saint-Ursmar » pour y guérir de diverses maladies. Il est fêté le 19 avril.
Avant de venir exercer son apostolat en Flandre, Hilduard avait été évêque en France. Il fonde à Dikkelvenne un monastère qui sera plus tard transféré à Grammont [Geraardsbergen], et d'où il exerce son apostolat sur la population de la région. Patron de la ville de Termonde/Dendermonde, il est fêté le 7 septembre.
Fille de Pépin de Lenden, Begge (ou Bège, ou Begghe, ou Amélie) appartenait aux familles noble de son temps. Elle épousa Anségise et fut ainsi la mère de Pépin de Herstal. Devenue veuve, revenant d'un pèlerinage à Rome, elle bâtit à Andenne sept chapelles qui rappelaient les sept basiliques romaines. Elle fonda un monastère dans le même genre que celui de sa soeur sainte Gertrude à Nivelles. La tradition affirme qu'elle serait à l'origine des béguinages flamands. Elle mourut en 693. Elle est fêtée localement le 17 décembre. Son nom vient du néerlandais beggen, bavarder.
Saint Emébert, nomme aussi Ablebert, naquit dans la ville de Ham en
Belgique, de
parents aussi distingués par leur piété que par leur noblesse; son père
était le comte Witger, et sa mère sainte Amelberge. Il eut aussi pour
soeurs quatre Saintes, qui sont : sainte Reinelde, sainte Pharaïlde,
sainte Ermentrude et sainte Gudule. Après les années de son enfance, qu'il
passa dans la crainte de Dieu, ce fut un jeune homme remarquable par la
beauté de sa figure, par les grâces de sa parole, par la douceur de son
âme, par son humilité, son obéissance, sa dévotion et l'intégrité de ses
moeurs, montant tous les jours de vertus en vertus et progressant dans la
soumission à Dieu.
Aimant la solitude, il évitait la compagnie des hommes du monde, et se
rendait agréable à Dieu par la componction du coeur, par les oraisons, les
veilles, les jeûnes et les larmes. Cependant Vindicien, évêque de Cambrai,
prélat agréable à Dieu, rendit à son Créateur son âme ornée des fruits de
ses bonnes oeuvres. Après son départ de ce monde, Emébert, par la
disposition de Dieuf, fut élevé sur son siège. Il fut, dans cette dignité,
comme le flambeau placé sur le candélabre, et répondit à la sainteté de sa
naissance. Comme il visitait son diocèse, répandant la semence du Verbe
divin pour le plus grand bien des âmes, et voulant se livrer plus
librement à la contemplation, il se retira pour quelque temps dans son
pays natal; ce fut là que Dieu, le voulant enfin récompenser, lui envoya
une légère fièvre qui abattit les forces de son corps. L'heure de l'appel
étant donc venue, il termina sa carrière au bourg de Ham, où il fut
enseveli. Il fut plus tard transféré à Maubeuge et déposé dans l'église de
la Mère de Dieu et de sainte Aldegonde, vierge. On a fait d'inutiles
recherches en 1637 pour retrouver son corps. (cf.amdg.be)
Saint Bérégise était prêtre à Saint-Trond. Au VIIème siècle, une donation de Pépin de Herstal et de son épouse Plectrude permit à saint Bérégise d'installer des chanoines réguliers dans une clairière de la forêt ardennaise à Andage (futur Saint-Hubert). Ce monastère prit plus tard le nom de Saint-Hubert.
Né en Irlande, frère des saints Fursey et Foillan, saint Outain ou Ultan, devint moine avec eux au monastère de Burgh Castle en Angleterre, qu'ils fondèrent. Ils fit ensuite avec Fursey un pélerinage à Rome, puis administra l'abbaye de Saint-Quentin, qui avait été bâtie pour Fursey. En Belgique, alors qu'il se rendait avec Foillan vers le monastère de Péronne, où leur frère était enseveli, sainte Gertrude de Nivelles les accueilla. Il devint chapelain de son monastère, enseignant la liturgie, l'Écriture et le chant, avant de succéder à son frère Foillan à la tête du monastère de Fosses-la-ville que ce dernier venait de construire. Il succéda aussi à Foillan à Péronne, et fut aussi abbé de Lagny.. Il prédit à sainte Gertrude qu'elle mourrait pendant la messe du lendemain du jour où elle lui avait demandé l'instant de sa mort. Massacré par des brigands idolâtres au moment où il traversait une forêt avec 3 compagnons en chantant les louanges de Dieu, l fut enseveli dans l'église Sainte-Agathe de Fosses qu'il avait fait construire sur un fonds à lui donné par sainte Gertrude de Nivelles. Vers 686. Il mourut un 1er mai, vers 686. Ses reliques existaient encore vers la fin du dernier siècle dans l'église de Fosses-la-Ville. Ce fut Notger, évêque de Liège, qui en fit une ville qu'il entoura de murailles en 974, et changea vers le même monastère, dévasté pendant les irruptions des Normands, en un chapitre de chanoines. Saint Norbert demeura quelque temps parmi les chanoines de Fosses, qui lui cédèrent, en 1125, leur oratoire de Roeux, bâti au même endroit où saint Foillan avait souffert le martyre. C'est cet oratoire qui donna naissance à l'abbaye de Saint-Foillan, ou Feuillan-aux-Roeux, dont les religieux payaient tous les ans au Chapitre de Fosses une pièce d'or ou 12 deniers d'argent, et devaient lui présenter leur abbé après sa bénédiction, afin d'y prendre la crosse abbatiale sur l'autel de saint Foillan. Le nom Ultan vient du germanique othal, patrie. Saint Ultan est fêté localement le 2 mai.
Le bienheureux Valentin Paquay naquit à Tongres (Belgique) le 17
novembre 1828, fils d'Henri et d'Anna Neven, parents de vie exemplaire et
profondément religieux. Il était le cinquième de onze enfants et reçut au
baptême le prénom de Louis. Après son école primaire, il entra au collège
de Tongres, tenu par les Chanoines réguliers de saint Augustin, afin d'y
poursuivre ses études secondaires. En 1845 il fut admis au petit
séminaire de Saint-Trond pour y suivre les cours de rhétorique et de
philosophie. Après la mort prématurée de son père, en 1847, avec le
consentement de sa mère il entra dans la Province belge de l'Ordre des
Frères mineurs et, le 3 octobre 1849, y commença son noviciat au couvent
de Thielt.
Le 4 octobre de l'année suivante il fit sa profession religieuse entre les
mains du P. Hugolin Demont, gardien de ce couvent, et gagna aussitôt la
maison d'études de Rekem pour y suivre les cours de théologie, qu'il
termina au couvent de Saint-Trond. Ordonné prêtre à Liège le 10 juin 1854,
ses supérieurs le destinèrent au couvent de Hasselt où il resta jusqu'à sa
mort. Il y remplit les charges de vicaire et de gardien et, en 1890 et
1899, fut élu définiteur provincial. S'attachant aux pas de saint Jean
Berchmans, son maître préféré, écrit A. Gemelli, le P. Valentin s'inscrit
dans la spiritualité franciscaine en nous enseignant la vertu du moment
présent, la valorisation des moindres choses à la lumière de la plus
franche et immédiate humilité (cf. L. Beaufays, P. Valentino Paquay, il
Padre santo di Hasselt, Milano, Ed. Vita e pensiero, 1947, Presentazione).
Apôtre de la miséricorde, souvent comparé au curé d'Ars, il passait de
longues heures au confessionnal
avec un don particulier pour remettre les pêcheurs sur le droit chemin,
rappelant aux hommes la grandeur du pardon divin.
Infatigable fut l'activité du P. Valentin dans le domaine de l'apostolat.
Il n'arrêta pas de prêcher, et sa parole simple et persuasive fut tout
spécialement appréciée dans les milieux populaires et les instituts
religieux. Par-dessus tout, il fut un assidu du confessional, rivalisant
avec le saint Curé d'Ars auquel il fut parfois comparé. Très souvent il
fit preuve d'un don de pénétration extraordinaire dans les consciences des
pénitents qui, même de très loin, accouraient à lui. Il avait une toute
particulière dévotion à la Très Sainte Eucharistie et, par son apostolat
durant un demi-siècle en faveur de la communion fréquente, il fut un
précurseur actif du fameux décret du pape saint Pie X. Dévot du
Sacré-C½ur de Jésus, dont il ne cessait de méditer et d'exalter
les éminentes perfections, il en diffusa le culte, notamment parmi les
s½urs de la Fraternité de l'Ordre franciscain séculier de Hasselt qu'il
dirigea pendant vingt-six ans. Il garda toujours vivant le souvenir de la
Passion de Jésus, pratiquant chaque jour le pieux exercice du Chemin de la
Croix.
Très dévot de la Vierge Marie, il la vénérait déjà, tout jeune, dans
l'église paroissiale de Tongres sous l'invocation Cause de notre joie, et
sous celle de Rejeton de Jessé dans le sanctuaire de Hasselt. Mais, comme
franciscain, il préférait à tous les titres de Marie celui d'Immaculée
Conception et voulut, malgré sa maladie, célébrer solennellement et
joyeusement en 1904 le cinquantenaire de la proclamation de ce dogme, qui
coïncidait avec son jubilé sacerdotal. Le P. Valentin Paquay mourut à
Hasselt le 1er janvier 1905, à l'âge de soixante-seize ans.
Par décret du 4 mai 1970, le pape Paul VI reconnut l'héroïcité de ses
vertus; il fut béatifié par Jean-Paul II le 9 novembre 2003.
Saint Veerle vécut à la fin du septième siècle, d'une vie remarquable de foi et d'offrande. Ses reliques reposent à l'abbaye saint Baafs; une église lui est consacrée à Gand. Il est fêté à Gand le 4 janvier.
Sainte Landrada fut responsable du monastère de Munsterbilzen, dans la deuxième moitié du septième siècle. Elle fut rejointe par sainte Amalberge dans son monastère. Elle est morte à Temse le 8 juillet 690, son corps fut ramené de Wintershoven à l'abbaye Saint-Baafs de Gand, puis à l'abbaye Saint-Pierre au Blandijnberg de Gand.
Fils de saint Vincent Madelgaire et de sainte Waudru. Il fut abbé de Hautmont et de Soignies, aujourd'hui en Belgique. Il aurait été évêque avant de se faire moine. Il est mort vers 700 et est fêté le 17 avril. A l'origine, ce nom germanique (ou teutonique), proviendrait de la combinaison des mots LAND, terre ou patrie, et RIC ou RICH, signifiant puissant, vaillant, ou riche; en résumé un homme puissant pour la patrie.
Saint Sigisbert ou Sigebert, roi d'Austrasie, gouverna ses Etats avec sagesse et les dota de nombreux monastères pour y faire rayonner la foi. Il mourut à l'âge de vingt-cinq ans sans avoir connu beaucoup de succès durant son règne. Il fut inhumé dans l'église de Saint-Martin de Metz qu'il avait fondée. Il est également considéré comme le fondateur de l'abbaye de Malmédy en Belgique.
Le culte de Véron remonte au 11ème siècle. Quand il mourut à Lambecq-lez-Hal son corps fut transporté à Sainte-Waudru de Mons. Il est fêté le 6 mars à Mons.
Saint Victor est né à Malines le 25 avril 1802. Il fonda l’ordre des Frères et des Sœurs de Notre-Dame de la Miséricorde. Il est mort le 07 mars 1877 et est fêté ce jour à Malines depuis.
Saint Vincent de Soignies, époux
de sainte Waudru, s'appelait en réalité Madelgaire
ou Mauger. Franc de
bonne famille, il était né au château de Strépy vers 608. Il épousa Waudru
et se mit avec elle sous la direction de saint Aubert de Cambrai. Ils
eurent 4 enfants: Maldeberge, Adeltrude, Dentelin et Landry. Officier
chrétien, Madelgaire est envoyé en Ibérie par son roi. Là, au milieu des
missionnaires, il travaille au relèvement matériel et moral des
populations de la contrée. De retour dans nos régions, il est chargé de
seconder son souverain, le roi Dagobert, dans le gouvernement du Hainaut.
Au bout d'un certain temps, les 2 époux voulant mener une vie plus
parfaite se séparèrent pour embrasser la vie religieuse. Madelgaire prit
le nom de Vincent et vint fonder une abbaye à Haumont vers 653. Plus tard,
il se retira dans ses terres de Soignies et y bâtit un nouveau monastère
dont il fut l'abbé. Peu avant sa mort, il en confie la direction à son
fils Landry et meurt le 14 juillet 677.
les uns le font naître en Irlande, quelques-uns en Aquitaine, d'autres
enfin, et avec plus de raison, ce semble, disent qu'il reçut le jour à
Strépy-les-Binche, dans le Hainaut. Son père Mauger et sa mère Onoguera
s'attachèrent à lui donner une excellente éducation, et le jeune homme
répondit parfaitement à leurs soins. Il se fit remarquer de bonne heure
par ses sentiments généreux et par un dévouement sincère à la religion.
Dieu, pour le récompenser de la fidélité avec laquelle il avait su
conserver la pureté de ses moeurs au milieu des dangers du monde, lui
donna pour épouse une sainte femme, qui avait passé, comme lui, les
premières années de sa vie dans la plus parfaite innocence: c'était
sainte
Valtrude ou Waudru.
Si l'on en croit certains hagiographes, ce serait peu de temps
après
le mariage de saint Mauger, que Dagobert lui confia une mission
très importante en Irlande, d'où il serait revenu dans la suite avec un
grand nombre de saints missionnaires qui prêchèrent l'Evangile dans ces
contrées. Les auteurs qui adoptent cette opinion, lui donnent pour
compagnons, à son retour d'Irlande, les saints Foillan, Ultan, Fursy,
Eloquie, Adalgise, Etton et Algise.
Quoi qu'il en soit de cette première partie de sa vie sur laquelle les
opinions sont fort partagées, on voit que le comte Mauger habitait le
Hainaut avec sa vertueuse épouse, à l'époque où saint Ghislain commençait
à bâtir son monastère de Celles, et à édifier toute la contrée par ses
vertus et ses oeuvres saintes. Mauger lui-même s'y faisait remarquer par
ses inclinations vertueuses autant que par ses brillantes qualités.
Charitable et compatissant envers les pauvres, il veillait à ce qu'aucun
d'eux ne fût privé des choses nécessaires à la vie, et sa sollicitude lui
inspirait les plus touchants égards pour les malheureux et les infirmes
qu'il regardait comme les membres souffrants de Jésus-Christ. En même
temps qu'il leur donnait les secours corporels, il savait aussi leur
adresser des paroles de piété et de confiance en Dieu, pour réveiller les
sentiments religieux dans des coeurs quelquefois aigris ou corrompus par
le vice.
À l'exemple de sa pieuse épouse, Mauger apportait un très grand
soin à
l'éducation de ses enfants. Landry, l'aîné, promettait déjà de devenir un
fidèle imitateur de ses vertus : deux filles qui le suivaient, Aldétrude
et Madelberte, faisaient aussi voir une grande piété dans toute leur
conduite. Le plus jeune, Dentelin, enfant prédestiné pour le Ciel, ne
devait point tarder à remettre son âme innocente à son Créateur. Mauger,
au milieu de ses enfants, remplissait avec bonheur tous les devoirs d'un
père de famille, et il ne se faisait pas moins admirer dans tout le pays
par sa conduite sage et religieuse, que par son dévouement au monarque et
la fidélité avec laquelle il s'acquittait des charges qui lui étaient
confiées.
Dieu, qui le destinait à donner un grand exemple au monde par le
renoncement généreux qu'il fera bientôt de tous ses biens et de tous ses
honneurs, inspira tout à coup à son fils aîné Landry, le désir d'entrer
dans le sacerdoce. Mauger, dans le premier moment, fut étonné, affligé
même de cette confidence : il répondit à Landry qu'il devait s'en
rapporter à lui sur le choix d'un état et qu'il fallait plutôt songer à
contracter une noble alliance dans le siècle, où d'ailleurs il pourrait
faire son Salut comme tant d'autres avant lui. Toutefois, quand le
vertueux jeune homme renouvela sa demande, Mauger ne crut pas pouvoir
s'opposer aux desseins de Dieu, et d'après le conseil des amis sages et
religieux qu'il prit soin de consulter, il accorda à son fils la
permission qu'il sollicitait.
Ce sacrifice, qui coûta beaucoup à son coeur paternel, les
sollicitations
de sa vertueuse épouse qui soupirait après la solitude, les exemples de
plusieurs grands seigneurs du royaume qui avaient abandonné leurs dignités
et leurs biens pour aller servir Dieu dans quelque monastère, toutes ces
raisons avaient fait déjà une profonde impression sur l'âme de Mauger,
lorsqu'une circonstance providentielle vint déterminer en lui la généreuse
résolution de quitter le monde pour se consacrer entièrement au service de
Dieu. Voici en quelle occasion arriva ce changement :
Saint Ghislain ayant terminé le monastère qu'il bâtissait, invita saint
Aubert, évêque diocésain, et saint Amand qui l'avait aidé de ses conseils,
à venir en faire la consécration. Le comte Mauger voulut assister à cette
cérémonie, et il fut si touché des discours que, selon la coutume, les
deux prélats prononcèrent en cette solennité, que dès ce moment, il
résolut d'embrasser la vie religieuse.
Dieu lui-même, au dire de quelques auteurs, se manifesta à cet homme au
coeur droit, et lui envoya, comme autrefois au centurion Corneille, un
ange qui l'instruisit de ses volontés; car une nuit, pendant son sommeil,
un ange lui apparut et lui ordonna de la part de Dieu, de bâtir à
Hautmont, en l'honneur du prince des Apôtres, une église dont il désigna
la forme avec un roseau qu'il tenait à la main : encouragé par cette
vision, qui excitait de plus en plus son âme à une parfaite conversion, il
communiqua ce qu'il avait vu à son épouse sainte Vaudru, et s'en alla à
l'endroit désigné, où, par un autre miracle, il fut confirmé davantage
dans son dessein; car il trouva tout le champ couvert d'une rosée blanche
comme de la neige, à l'exception de l'emplacement de l'église désigné par
l'ange : faveur presque semblable à celle que la sainte Vierge fit
autrefois à Jean, patrice romain, qui trouva un matin du mois d'août, sur
le mont Esquilin, dans Rome, la forme d'une église qu'il devait bâtir,
couverte de neige.
Presque aussitôt, le comte Mauger se rendit à Cambrai auprès de
saint
Aubert, reçut de ses mains l'habit religieux et alla fonder le monastère
d'Hautmont, sur la Sambre, près de Maubeuge, qui devint en peu de temps un
des plus florissants de la contrée.
C'est à partir de ce moment qu'on lui donna le nom de Vincent, pour
signifier la victoire qu'il venait de remporter sur le monde. A la cour,
en effet, dans l'Austrasie et même dans tout le royaume, on admirait le
courage et la générosité avec lesquelles un si puissant seigneur
abandonnait les dignités et ses charges brillantes pour se faire humble
serviteur de Jésus-Christ. Bientôt même un nombre considérable d'anciens
amis et de personnes nobles, que son exemple avait gagnés, vinrent se
placer sous sa conduite dans cette abbaye d'Hautmont qui était comme un
sanctuaire de piété.
À certaines époques on y voyait aussi affluer les hommes de Dieu, qui
travaillaient en différents lieux à la propagation de l'Evangile. Parmi
eux on cite saint Ghislain, qui avait contracté avec le bienheureux
Vincent une étroite amitié, saint Wasnulfe on Wasnon, qui évangélisait les
peuples du pays de Condé, saint Etton de Dompierre, saint Humbert de
Maroilles et salut Ursmar de Lobbes qui commençaient leur vie apostolique,
saint Amand qui la reprenait après avoir abandonné son siège de
Maastricht, et saint Aubert qui, comme évêque du lieu, présidait à ces
réunions. C'est là que tous ces vénérables personnages conversaient entre
eux sur les besoins spirituels des populations et sur les moyens les plus
efficaces de travailler à leur sanctification. C'est là aussi qu'ils
méditaient, dans le calme et la solitude, les grandes vérités qu'ils
prêchaient aux autres, et dont ils se pénétraient toujours de plus en plus
eux-mêmes. Saint Vincent goûtait d'ineffables consolations dans ces
entretiens spirituels, et son bonheur eût été parfait si l'affluence de
ses amis et des grands du royaume ne fût venue trop souvent le troubler
dans sa retraite. Il se voyait à regret privé de cette sainte obscurité
que son humilité cherchait : aussi, dès ce moment, songeat-il à aller
fonder un autre monastère dans un pays plus éloigné. A cet effet, il
choisit un lieu désert dans les solitudes du Hainaut, à l'endroit où se
trouve aujourd'hui la ville de Soignies (1). C'est là qu'il continua la
vie sainte qu'il avait commncée à Hautmont, et s'appliqua à diriger les
pieux disciples qui le prièrent de leur servir de père.
Un grand nombre de nouveaux postulants venaient en effet chaque jour
demander une place dans cette sainte maison, où Dieu était si fidèlement
servi, et où vivaient des religieux qui faisaient l'admiration et
l'édification de toute la contrée. On les voyait tantôt se livrant aux
pénibles travaux de l'agriculture et rendant féconde par leurs sueurs une
terre longtemps inculte, tantôt répétant en choeur des hymnes et des
cantiques, d'autres fois présentant aux pauvres et aux malheureux les dons
de la charité ou leur annonçant les vérités saintes de la religion. Le
spectacle de tant de vertu, de charité et de dévouement, faisait une
grande impression sur les esprits des hommes encore grossiers qui
habitaient ces contrées.
Surtout ils ne pouvaient assez admirer saint Vincent, qui de grand
seigneur dans le monde, s'était fait humble serviteur de Jésus-Christ, et
père spirituel de cette nombreuse famille qu'ils avaient sous les yeux.
C'était lui qui entretenait dans la communauté cette ferveur et cet esprit
de régularité qui la rendaient si prospère. Souvent, en effet, on
l'entendait rappeler à ses disciples la vie des anciens religieux, la
sainteté de leurs oeuvres, et la gravité de leurs moeurs, et il les
engageait à les imiter et à espérer d'obtenir de Dieu comme eux la gloire
et la louange. Repousser tous les désirs d'une ambition terrestre,
soupirer sans cesse après la possession de la beauté infinie et méditer
souvent sur les châtiments réservés aux aveugles partisans de ce monde
méprisable, telles sont les pensées qui doivent entretenir dans leurs âmes
les saintes ardeurs de la charité. Ainsi parlait le bienheureux Vincent à
ses enfants spirituels qui l'écoutaient avec le plus profond respect.
Mais si l'influence de ses discours était grande sur l'esprit des
religieux et des habitants du pays, on peut dire que celle de ses exemples
l'était encore plus. « On voyait en effet ce leude puissant, autrefois
revètu des brillantes insignes de ses dignités, maintenant couvert d'un
habit rude et grossier, et celui qui avait passé une partie de sa vie à la
cour des princes, aujourd'hui perdu au milieu d'une contrée inculte et
sauvage. Cet ancien commensal des rois ne prenait pour nourriture qu'un
morceau de pain trempé dans l'eau, et n'avait bien souvent pour se reposer
que la terre nue. »
Telle fut l'admirable conduite de saint Vincent jusqu'au jour où
Dieu lui
envoya diverses infirmités. Elles achevèrent d'augmenter ses vertus et ses
mérites, et de le préparer à entrer dans la Céleste Patrie, après laquelle
il soupirait depuis longtemps.
Sentant que sa fin approchait, il fit appeler son fils Landry, qui
occupait alors le siége de Meaux, afin de lui adresser ses dernières
recommandations. Lorsque le pieux prélat fut arrivé auprès du lit de son
père, le bienheureux Vincent lui dit, en montrant de la main ses enfants
spirituels réunis autour de lui: « Fils très-aimé, la clémence divine vous
a destiné à diriger ces religieux : elle vous place à la tête de ce
troupeau. Entreprenez cette oeuvre avec confiance, le Seigneur sera avec
vous. Gouvernez avec la bonté de coeur et l'intelligence que Dieu a mises
en vous, vous mériterez ainsi d'entrer dans la gloire du Ciel, et de
recevoir la magnifique récompense que Dieu destine à ses serviteurs".
Landry promit à son vénérable père d'accomplir sa volonté, et de prendre
soin des communautés d'Hautmont et de Soignies. Le saint et vénérable
vieillard, désormais tranquille sur l'avenir des disciples qu'il laissait
sur la terre, ne pensa plus qu'aux choses de l'éternité, jusqu'au moment
où il remit son âme à Dieu, entre les bras de son fils bien-aimé, vers
l'an 677.
Le bienheureux Vincent fut inhumé dans son monastère, qui devint
comme le
berceau de la ville de Soignies.
On représente saint Vincent de Soignies avec une église sur la main,
comme fondateur de monastères; ou dans un groupe, avec sainte Waudru, son
épouse, et ses quatre enfants.
Il est patron de Mons et de Soignies.
On le fête le 14 juillet et
on l'honore dans le diocèse de Tournai. On l'invoque pour faire fuir les
chenilles, car il sauva par ses prières les cultures de la région menacées
par ces animaux. Une collégiale lui est consacrée à Soignies, où se
déroule le lundi de pentecôte une procession antérieure à 1261. C'est
aussi à Soignies que se trouvent les reliques de saint Vincent.
Les guérisons multipliées qui s'opérèrent par son intercession
déterminèrent les évêques de Cambrai à environner sa mémoire de tous les
respects qui lui étaient dûs. Il y eut plusieurs translations de son corps
qu'on renferma successivement dans des châsses précieuses et d'un travail
remarquable. L'une d'elles avait été donnée par la comtesse de Hainaut,
Marguerite, fille de l'empereur Baudouin; une autre, dont le dessin a été
conservé par les Bollandistes, portait sculptés sur son contour les
différents personnages dont se composait la famille de saint Vincent.
Lors des invasion des Normans, le comte de Hainaut, Régnier au Long Col,
vaincu par ces féroces envahisseurs à la bataille de Walcheren, voulut
porter lui-même sur ses dpaules les reliques de saint Vincent, qu'il
allait cacher avec beaucoup d'autres dans la ville de Mons. On voit aussi
dans l'Histoire de Mons, que, en 1349, au moment où la peste noire
exerçait d'épouvantables ravages dans toute la contrée, les habitants de
cette ville et ceux de Soignies firent une procession solennelle, dans
laquelle étaient portées avec honneur les reliques de saint Vincent et de
sainte Waudru, son épouse. On n'avait jamais vu une affluence si
considérable. Des auteurs élèvent à 100.000 (cent mille) le nombre des
personnes qui assistaient à cette procession. Dieu exauça les ferventes
prières de ce peuple suppliant, et le fléau disparut presque aussitôt du
pays.
Saint Walhere est né à Bouvignes au douzième siècle. Curé de Onhaye, il fut, en 1199, alors qu'il traversait une rivière, attaqué et tué par un prêtre qu'il exhortait de changer de vie. Il est fêté le 23 juin.
Sainte Waudru ou Waldetrude, patronne de Mons et de la Belgique, naquit en 612 à Cousolre (Nord), fille de Walbert IV, gouverneur des provinces de Sambre et Meuse et de Bertille, fille du roi de Thuringe. C'était la sœ de sainte Aldegonde, fondatrice de l'abbaye de Maubeuge. Elle établit un petit oratoire dédié à Saint-Pierre sur la colline qui devint plus tard Mons. Elle se maria avec le futur saint Mauger, alias saint Vincent Madelgaire de Soignies, homme de confiance de Clotaire II, et eut quatre enfants. Les époux décidèrent plus tard, d'un commun accord, de se séparer pour vivre une vie de prière plus intense. Madelgaire fonda un monastère à Hautmont, puis à Soignies. Losrsqu'elle eut terminé l'éducation de ses enfants, saint Aubert lui imposa le voile et elle fonda, près de son oratoire, une communauté bénédictine dont elle fut la première abbesse. Elle plaça ses deux filles, les futures sainte Maldeberge et sainte Adeltrude, dans le monastère de Maubeuge. Elle a eu deux fils, Landry et Dentelin, dont le premier fut canonisé. L'institution fondée par sainte Waudru deviendra le chapitre des chanoinesses nobles de Sainte-Waudru, qui exista jusqu'en 1793. Sainte Waudru plaça ses deux filles, les futures sainte Maldeberge et sainte Adeltrude, dans le monastère de Maubeuge. Elle a eu deux fils, Landry et Dentelin, dont le premier fut canonisé. Elle est morte en 686 ou 688, un 9 avril. Canonisée par la foule (et reconnue sainte par l'Église en 1039), ses reliques furent d'abord vénérées dans l'église Saint-Pierre, puis dans l'église Notre-Dame, qui prit alors le nom de Sainte-Waudru. Saint Vincent à l'abbaye d'Haumont dans le nord de la France et sainte Waltrude fonda le monastère de Chateaulieu sur une colline où s'éleva plus tard la ville de Mons, où depuis 655 ans a lieu la Procession du car d'or, ou Jeu de sainte Waudru. Elle est fêtée localement le 9 avril.
Saint Winoc est né en Bretagne, fils du roi Juchaël (ou Judicaël).
Dès sa jeunesse, Winoc baigna dans les vertus, vivant dans le monde
sans être du monde, et cachant le soldat de Jésus-Christ sous les
habits du siècle. Quand son père mourut, ayant gouverné son royaume
dignement, son fils aîné Indichaël lui succéda, et gouverna avec sagesse
et plein de vertus au temps où Dagobert était roi des Francs. Mais
l'amour pour le Royaume des Cieux l'enflammait et il voulait
abandonner le royaume terrestre pour pouvoir suivre le Roi du Ciel. Pour
cela il voulut désigner son frère, Judoc, qui était après lui le plus âgé,
mais Judoc méprisait tout honneur terrestre et vaniteux et ne voulut pas
l'accepter. Et pour ne pas être contraint de céder, il prit la fuite par
la mer. Il vécut comme ermite en un lieu nommé Walis, dans les alentours
de Thérouanne.
Apprenant cela, le roi Indichaël, par l'exemple de son frère, fut
incité encore plus à quitter les honneurs de ce monde, et lui aussi, il
partit en secret de son royaume pour devenir moine dans le monastère de
Guadal, où il mourut en sainteté.
Quand les chefs de ce royaume eurent vu et entendu tout cela, ils
s'attristèrent, puisqu'ils perdaient un si bon roi avec son frère Judoc.
Malgré l'admiration que suscitait en Bretagne ce prince se regardant comme
un voyageur dans sa patrie qui, comme un autre Abraham, ne cherchait qu'à
se bannir lui-même pour suivre la voix de Dieu, ils craignirent que Winoc,
le cadet, à qui revenait maintenant le royaume,
aille rejeter la couronne royale, suivant l'exemple de ses frères. Pour
cela ils lui amenèrent une jeune et noble fiancée et lui promirent de lui
être soumis et d'obéir, espérant qu'ainsi il allait accepter le
gouvernement. Mais Winoc dit : « Je ne veux pas plus de fiancée qu'un
royaume terrestre. J'aimerais plutôt servir le Roi du Ciel que le monde. »
Entendant cela, ils se mirent en colère, le nouèrent aux mains et aux
pieds et le mirent dans un bateau. Après l'avoir jeté dans les
profondeurs de la mer, ils retournèrent à la maison. Mais par la
puissance divine, la mer s'ouvrit, se divisa en deux et le fond de la
mer se changea en prairie aux herbes vertes et couverte de fleurs. Et le
serviteur du Christ reposa là au fond de la mer comme dans un jardin
vert. Il invoqua Dieu et la Mère du Christ pour qu'Ils l'aident dans ce
danger. Par la volonté divine passa à proximité un bateau. Ceux qui se
trouvaient dans ce navire entendirent de loin crier une voix humaine,
mais ils s'étonnèrent car ils ne voyaient personne. En s'approchant, ils
virent l'ami de Dieu, étendu sur le fond de la mer comme dans une prairie
verte. Ils admirèrent l'oeuvre de Dieu et embarquèrent Winoc avec joie
dans leur navire et le conduisirent sain et sauf au port.
Une grande quantité de petits poissons suivaient le bateau, des poissons
que jusqu'à cet instant personne n'avait vu auparavant. Les gens purent
capturer ces petits poissons avec leurs mains et ils les montrèrent dans
les différents quartiers du pays et louèrent l'ami de Dieu.
Entendant qu'un si grand homme était revenu, beaucoup de gens
vinrent à lui en louant Dieu et Lui rendant grâces avec grande joie
pour Ses merveilles. Les nobles et les princes de ce royaume, accusés de
ce crime, confessèrent avec honte et crainte leur délit et ils implorèrent
humblement le pardon auprès de l'ami de Dieu. Winoc leur pardonna
immédiatement et les reçut tous aimablement. Personne n'osa désormais le
harceler pour qu'il accepte le gouvernement du royaume.
Mais Winoc souhaitait quitter le monde et ses pompes pour servir Dieu
seul. Il ouvrit son coeur à trois des plus nobles princes de ce royaume,
de vie innocente :
Madoc, Judevoc (ou Ingénoc) et Quadevoc (ou Quadonoc), parce qu'il savait
qu'eux aussi voulaient servir Dieu. Ces princes se réjouirent qu'un si
saint homme les accepta dans sa compagnie. Ils quittèrent leur pays,
leurs richesses et leurs
familles. Il paraît que saint Winnoc passa d'abord en
Angleterre, et qu'il y habita avec son frère Arnoch. Après un
certain temps passé dans ce lieu, il rejoignit ses 3 amis, et les
accompagna dans la recherche d'un monastère d'une régularité parfaite.
Ils traversèrent la mer et finirent par arriver, joyeusement, auprès
du saint abbé Bertin, abbé Sithiü, dans le diocèse de Thérouanne
(actuellement diocèse d'Arras). C'était en 679.
En écoutant leur saint désir, saint Bertin les reçut aimablement et
joyeusement dans son monastère et leur donna l'habit monastique. Il
leur montra par ses actions, encore plus que par ses
paroles, de quelle manière il fallait pratiquer les saintes lois de la
vie religieuse, et ils
vécurent saintement dans toutes les vertus et en grande austérité.
Saint Bertin, voyant avec étonnement leur perfection dans beaucoup de
vertus, les envoya à Bergues (dans le diocèse actuel de Cambrai), un lieu
situé à 5 milles du monastère pour y vivre une vie plus retirée
et prêcher l'Evangile.
Ils construisirent là un petit logis, sur une hauteur appelée alors
Grunobergue, et qui a depuis porté le nom de Saint-Winnoc. Attirés par
ces hommes vivant comme crucifiés au monde, les moines affluèrent tant
qu'ils n'eurent pas assez de place pour
y habiter. À cet instant le noble Herman (Hérémar) de Wormhout leur donna
tout ce qu'il possédait dans le village de Wormhout, situé à un mille de
là, au bord de la petite rivière La Peene, par un acte dressé au monastère
de Sithiü, le 1er novembre 693. Il y construisit pour eux une église et
un monastère, sous la dépendance de l'abbaye de Saint-Bertin, et leur
donna le reste pour leur subsistance.
Ils vécurent là dans toutes les vertus et en complète harmonie et ils
choisirent saint Winoc comme leur abbé, bien qu'il fût encore jeune, mais
par ses vertus il excellait au-dessus des autres comme le soleil au milieu
des étoiles. Saint Bertin leur donna ordre de construire une maison pour
les pauvres, avec un monastère et une église en l'honneur de saint Martin.
Ces quatre saints amis travaillèrent sans relâche à bâtir les appartements
où Jésus-Christ devait être reçu et servi dans la personne des pauvres,
et les lieux réguliers où les religieux dévoués à la perfection pussent
pratiquer leurs exercices avec ferveur et sans importunité. La maison
de Dieu fut achevée en peu de temps par les mains de ces saints ouvriers,
dont l'ardente charité bâtissait en même temps dans leurs coeurs un temple
au Saint-Esprit, où brûla jusqu'au dernier soupir de leur vie le divin
amour. Dieu,
le Seigneur, enleva du monde beaucoup des frères par la
peste, et parmi eux les 3 compagnons de saint Winoc : Madoc, Judevoc et
Quadevoc, qui moururent saintement dans le Seigneur.
Winoc gouverna ses brebis de telle manière qu'il les mut par son exemple
et ses conseils à la vie de sainteté, et surtout dans l'humilité il passa
avant les autres. Il faisait de préférence les oeuvres les plus basses.
Il travailla de ses propres mains et tournât maintes fois le moulin de blé et
servit lui-même ses sujets. Il apprit à être doux et humble, écoutant
le Seigneur qui a dit : « Apprenez de Moi que Je suis doux et humble de
coeur » et « Celui qui s'élève sera abaissé. »
Puisque le Christ est venu sur terre pour servir et non pour être servi,
Winoc servit ses moines plutôt que d'être servi par eux, estimant
qu'il n'y avait rien de plus noble.
Il avait l'amour sincère et possédait un coeur hospitalier, et pour lui le
jour était joyeux quand il avait pu recevoir quelques pauvres ou plutôt le
Christ dans les pauvres. Il exerçait l'hospitalité avec une promptitude
et un épanchement de coeur, qui faisaient bien voir qu'il estimait heureux
le jour où il pouvait mériter de recevoir Jésus-Christ, en recevant un
hôte pour l'amour de Lui. Ce qui était trop lourd pour les autres, il le
faisait lui-même avec grande ferveur, lui étant léger à sa ferveur et à
son humilité. À côté de toutes ces vertus Dieu lui donna aussi le don des
miracles. Celui qui à ses propres yeux fut petit, Dieu l'a exalté devant
les yeux des hommes, parce que l'Esprit du Seigneur repose sur les humbles
et sur ceux qui tremblent pour les paroles du Seigneur. Il ne manifestait
jamais de ressentiment, non plus que de malignité. Son grand soin était
de se rendre aimable plutôt que redoutable, et c'était pour cela qu'il se
croyait destiné à rendre des services plutôt qu'à recevoir ceux des
autres. Sa naissance royale ne le portait pas à se préférer à ceux de la
plus vile condition, qu'il plut à Dieu d'appeler à la même profession que
lui. La sérénité de son esprit était marquée par la gaieté de son visage.
Il était ferme et inébranlable dans sa foi, d'une espérance que rien ne
pouvait décourager, et d'une charité sans bornes. Les heureux succès ne
le portaient pas à s'élever, et les événements fâcheux ne l'abattaient
pas. Dans le conseil, ses vues allaient loin, et, dans l'exécution, il
était diligent et infatigable. Enfin, armé de toutes les armes
spirituelles, il fit avec succès une guerre continuelle aux puissances
ennemies de notre Salut.
Quand Winoc atteignit un grand âge, il ne se plaignit pas ni n'abandonna
ses exercices habituels. Au contraire ! Avec ses membres macérés il
lutta encore plus vaillamment dans le service de Jésus-Christ. Aucun
travail ne le contristait, même les plus pénibles et les plus humiliants.
Il se souvint de la parole de Saint Paul qui dit : « Celui
qui ne travaille pas, ne mangera pas. » Et en cela il ne se souciait pas
seulement de lui-même, mais surtout des autres. Quand il se fatiguait
énormément en moulant le blé et que de temps en temps il se reposait un
peu pour prier, Dieu lui donna la grâce que le moulin tourne
automatiquement, de façon que ses membres fatigués puissent se reposer un
peu. Ainsi Dieu le seconda dans sa vieillesse et sa détresse.
Le saint homme remercia le Dieu tout-puissant pour son assistance, et
puisque Dieu l'avait libéré de ce travail manuel, il s'exerça avec plus de
ferveur et remercia Dieu pour ses bienfaits, les mains et les yeux levés
vers le ciel. Les frères, qui étaient nourris par son travail,
s'émerveillèrent de l'abondance de la nourriture et du travail de ce
vieillard. Ils pensèrent que cela n'était possible, à moins que le
vieillard, qui arrivait à la fin de ses jours, ne fût aidé par Dieu
Lui-même. Pendant qu'ils s'étonnaient, un moine voulut, par curiosité,
observer le vieillard. Il alla à la maison
où Winoc travaillait et regarda par une fissure étroite. Il vit comment le
moulin tournait automatiquement et donnait beaucoup de farine pendant que
Winoc priait. Mais quand il eut vu ce miracle divin, le moulin s'arrêta et
le Seigneur jeta par terre cet homme téméraire et le châtia par
l'aveuglement comme exemple pour tous ceux qui sont curieux d'une manière
malsaine des choses divines. Le lendemain il confessa ce qu'il avait vu
et souffert. On l'emmena devant saint Winoc et le moine se jeta devant
les pieds du saint, confessant et pleurant sa témérité. Quand saint Winoc
vit la situation de ce moine téméraire, il fut très ému. Il lui pardonna
ce forfait et par ses prières et le signe de la croix lui redonna la vue.
Et toute la communauté des frères fut dans la joie.
Après cela, quand le saint homme vit que le nombre de moines augmentait
tellement que le lieu à Wormhout devint trop petit, il fonda dans la ville
de Bergues un monastère en l'honneur de Saint Martin. Là il mit un homme
bon comme abbé des moines, qui vécurent tous ensembles vertueusement.
Winoc, dans sa simplicité, fut un vrai Israélite, puisqu'il contemplait
Dieu dans son coeur. Il fut très triste qu'il resta séparé de Lui si
longtemps. Ne méprisant aucun travail, bien que fils de roi, il
fut joyeux et gai de coeur et de visage. Il fut pieux dans la foi,
longanime dans l'espérance et son coeur fut grand ouvert par la charité.
Autant à la droite qu'à la gauche il fut protégé par les armes de la
puissance divine, de façon que dans la prospérité il ne s'enorgueillisse
pas et dans l'adversité il ne soit pas abattu. Comme il désirait tant de
s'en aller et être avec le Christ, soupirant après le séjour heureux où
l'on n'a plus à combattre, il priait constamment : « Seigneur,
veuille faire sortir mon âme de cette geôle pour que je confesse Ton Nom. »
Notre Seigneur exauca le désir de son coeur et envoya des anges pour
récompenser Son serviteur par ce qu'aucun œil n'a vu, aucune oreille
n'a entendu et qui n'est point monté au coeur de l'homme. Il s'éteignit dans
le Seigneur le 6 novembre 717 et fut enseveli solennellement, et beaucoup
de miracles se firent ce jour.
Quand un peu plus tard une grande partie de la ville de Bergues fut
détruite par le feu, ainsi que le monastère et l'église où le corps de
saint Winoc reposait dans un cercueil de bois, le feu, dès qu'il
s'approcha du tombeau, se retira en arrière et s'éteignit. Quand les
citoyens virent que le feu n'avait touché ni le tombeau ni ses
ornements, leur tristesse se changea en joie.
Les frères de Wormhout vinrent à Bergues pour transporter le corps de leur
saint père au monastère où il avait vécu avec eux, mais ils ne purent
bouger le cercueil. Les citoyens se réjouirent et dirent : « Le saint
homme veut rester parmi nous. » Ils promirent de fonder un nouveau
monastère au coin de la ville où il avait vécu au commencement, et alors
ils purent facilement transporter le saint corps. Après avoir construit
l'église, comme ils avaient promis, ils déposèrent le saint corps dans le
choeur où beaucoup de malades, aveugles, boiteux, possédés et gens
souffrant de différentes maladies, furent guéris par l'intercession du saint.
L'abbé du monastère désira mettre le corps dans un tombeau
nouveau, orné d'or et de perles de grand prix. Il ordonna à un ouvrier
d'ouvrir le cercueil de bois, mais il n'y arriva pas. Il rompit tous ces
outils de sorte qu'il dut arrêter. Winoc se révéla à un ermite, qui
vivait dans un ermitage à l'est de l'église, disant que son corps devait
être mis dans le choeur derrière l'autel dans une niche dans le mur,
parce que là se trouvait le lieu de son premier oratoire.
L`abbé et les frères se réjouirent et quand ils vinrent pour déplacer le
corps avec les citoyens de la ville, ils purent facilement ouvrir le
cercueil et placer le corps dans la châsse nouvelle. En témoignage de ce
miracle, ils suspendirent le cercueil de bois derrière l'autel.
En cet instant fut présent Bono, évêque de Saxe, et il demanda deux
parcelles du cercueil en bois. On les lui donna et il les emmena dans son
pays, en honneur de saint Winoc. Quand il arriva à Hambourg, il vit là un
homme, possédé du démon et affreusement tourmenté, que personne ne pouvait
aider, il mit cette relique du tombeau de saint Winoc sur la tête du
malade et à l'instant même celui-ci fut libéré du diable.
Un soldat, estimé par le comte de Flandre, possédait un terrain qui avait
appartenu au monastère de saint Amand. L'abbé du monastère s'était plaint
de cela auprès du comte, mais en vain. Il voyagea donc jusqu'à
Bergues, puisqu' il avait entendu que le comte serait là, et toute la nuit
veilla devant le tombeau de saint Winoc, lui demandant son aide. Au
matin, il quitta le tombeau et trouva toutes les portes ouvertes, de façon
qu'il put arriver auprès du comte sans aucun obstacle. Le comte en fut
bien surpris et donna l'ordre de restituer immédiatement au monastère les
terrains que le soldat possédait illégalement. Le comte comprit que saint
Winoc était intervenu, il prit grande dévotion envers le saint et dota le
monastère de biens.
Durant les ravages des Normands au 9ième siècle, le monastère bâti par
saint Winnoc fut détruit en 880; on trouva à propos
d'enlever de Wormhoudt les reliques du saint abbé, et de les porter dans
l'église de Saint-Omer, à Sithiu. Quelques années après, Baudoin, comte
de Flandre, surnommé le Chauve, voulant fortifier ses Etats et les mettre
à couvert des incursions de ces barbares, fit construire plusieurs
forteresses, et une, entre autres, à Bergues. Le comte, après avoir mis
celte place en sûreté, y fit bâtir une église qui fut dédiée à saint
Martin et à saint Winnoc, et où il avait le dessein de transférer les
reliques du dernier. Il alla demander l'agrément du roi Charles le
Simple, qui lui accorda volontiers tous les priviléges qu'il désirait
obtenir pour sa nouvelle église. Le comte, muni de ces pouvoirs, enleva
le corps de saint Winnoc, malgré l'opposition des habitants de Saint-Omer,
et le fit mettre à Bergues, l'an 900.
Cent ans après cette seconde translation (1000), Baudoin, surnommé le
Barbu, ayant rendu la ville de Bergues encore plus forte par une ceinture
de murailles et bâti un monastère au haut de la ville, y fit transférer
les reliques du Saint, le 18 septembre. Il appela des religieux de
Saint-Bertin, vers l'an 1030, pour habiter ce nouveau monastère, qui eut
pour premier abbé Roderic. Après sa mort, la discipline s'étant un peu
relâchée fut rétablie dans sa vigueur, en 1106, par l'abbé Hermès.
L'abbaye a subsisté jusqu'à la Révolution, et a fourni plusieurs sujets
recommandables par leur sainteté et leur doctrine.
Au temps du comte Charles, le 18 septembre 1138, on transporta le corps de
saint Winoc à Sithiu dans le monastère de saint Bertin par peur des
brigands du Danemark, qui dévalisaient le pays. Le comte Beaudoin le
chauve, le fit transférer de nouveau à Bergues avec grand honneur; il
fortifia la ville et ordonna de l'appeler Winocsbergues. Il reconstruisit
l'église de saint Martin, que saint Winoc avait fondé et qui fut détruite
par le feu. Une fois, quand on porta, selon la coutume, le corps de saint
Winoc, le deuxième jour de la Pentecôte, à Wormhout où le saint avait vécu
longtemps, Tandradus, un aveugle-né, désira être guidé vers la châsse du
saint pour la toucher. Dormant la nuit devant la châsse, il vit un
vieillard, habillé en blanc, qui toucha ses yeux; et ainsi il reçut la
vue.
Une femme, aveugle-née de Furnes, vint aussi auprès du tombeau de saint
Winoc, et après une longue prière, elle reçut la joie de la vue. Une
autre femme aveugle passa la nuit devant son tombeau et s'endormit.
Soudainement beaucoup de sang jaillît de ses yeux et c'est ainsi qu'elle
reçut la vue. Cela se passa aussi avec 2 jeunes filles de 8 ans et un
enfant d'un an, tous aveugles nés. Ils furent emmenés vers le tombeau, et
après que beaucoup de sang avait jailli de leurs yeux, ils purent voir.
Une autre femme pauvre, elle aussi aveugle-née, pria le jour de
l'Ascension pendant la Liturgie avec une foi ferme et visita le tombeau
du saint homme avec une profonde dévotion, et elle aussi reçut la vue, en
présence de l'évêque de Thérouanne, de l'abbé de Saint-Winoc et de l'abbé
de Saint-Vaast d'Arras. Beaucoup d'autres aveugles, malades, sourds,
blessés et souffrants d'autres infirmités ont été guéris en demandant
l'intercession du saint. Certains ont été libérés de la prison et
d'autres sauvés des dangers de mort.
Le "Légendaire de Morinie" rapporte
les détails d'une guérison extraordinaire et qui mérite bien d'être
signalée.
"Un homme boiteux, privé depuis longtemps de l'usage de ses pieds et
fatigué d'un tremblement incessant de la tête et des mains, au point qu'il
pouvait à peine prononcer une parole d'une voix saccadée, et que ses mains
laissaient échapper ce qu'elles croyaient tenir, voulut aller au tombeau
vénérable de saint Winnoc. Et, pendant que les frères qui habitaient ce
lieu célébraient les Vigiles de la fête de Pâques, conduit par des mains
étrangères, il vint dans l'église implorer avec larmes la clémence du
tout-puissant Seigneur, lui demandant par les mérites de Son glorieux
confesseur Winnoc, de rendre l'usage de leurs fonctions à ses membres
fatigués par une maladie devenue intolérable. Le Seigneur miséricordieux,
qui n'oublie pas la prière des pauvres et qui vient nous aider dans nos
tribulations au moment opportun, entendit l'infortuné qui Le priait par
les mérites du bienheureux Winnoc. En effet, quand fut terminée la lecture
de l'Evangile, qui, selon la coutume, se fit pendant la nuit dans cette
église, après le chant de l'office, l'homme infirme fut entouré d'une
immense lumière, puis il vit 2 flèches de feu venir à lui de chaque côté
et se diriger vers ses oreilles.
L'une étant entrée par son oreille droite et l'autre ayant pénétré dans
son oreille gauche, tout à coup une grande abondance de sang jaillit par
les ouvertures que ces flèches avaient faites. Débarrassé désormais de la
fatigue insupportable que lui causait son infirmité, cet homme reçut à
l'instant même de la Bonté divine une santé parfaite. Dans les transports
de sa joie, il se mit à marcher dans l'église sans la moindre apparence de
son mal, et en rendant grâces au Seigneur tout-puissant et à saint Winnoc;
puis il raconta aux frères qui l'entourèrent toute la suite de sa vision,
et comment, après le choc des 2 flèches et l'arrivée de cette lumière, son
infirmité s'était subitement éloignée de lui. Alors il sortit de l'église,
plein de santé et de bonheur, escorté par la foule du peuple qui louait
avec lui le Seigneur, et contemplait avec admiration les témoignages
glorieux de la puissance de saint Winnoc, confesseur du Christ."
On le représente:
1) avec la couronne à ses pieds : c'est la caractéristique ordinaire des
souverains ou seigneurs qui ont abandonné le monde pour vivre solitaires
ou religieux;
2) tournant, comme nous l'avons rapporté, la meule du moulin de son abbaye
de Wormhoudt.
On célébrait, à Bergues-Saint-Winnoc, 3 fêtes en l'honneur de ce saint
abbé : la première, au jour anniversaire de sa mort, le 6 novembre; la
seconde, en mémoire de l'élévation de son corps, appelée « l'Exaltation de
saint Winnoc », le 20 février; et la troisième, celle de la translation
qui fut faite du corps du Saint à l'abbaye de Bergues, le 18 septembre.
La première de ces fêtes était autrefois de précepte dans toute la ville,
et, pendant l'octave entière, les fidèles se faisaient un devoir et un
honneur de venir rendre leurs hommages à leur illustre patron.
On conserve encore très religieusement, à Bergues, le corps de saint
Winnoc. Il était autrefois porté tous les ans en procession le jour de la
Trinité, et trempé dans la rivière appelée La Colme, qui passe au pied de
la ville; ce qui se faisait en mémoire d'un enfant noyé dans cette rivière
et qui fut ressuscité par les mérites du Saint. On ignore en quel temps
ce miracle fut opéré; mais il a donné lieu tant à cette cérémonie qu'à une
Confrérie érigée en l'honneur du saint abbé. Son chef était dans un buste
très-riche, et le reste de ses ossements dans une châsse d'argent. Lors de
la spoliation des églises, en 1792, on déposa ces saintes reliques dans 2
boîtes qui furent scellées et placées dans une armoire du presbytère, où
elles restèrent jusqu'en 1820. À cette époque, M. l'abbé Ferdinand-Joseph
Vandeputte, curé-doyen de la paroisse, désirant augmenter le culte du
saint patron, fil appeler plusieurs notables de la ville, qui avaient été
présents à l'extraction des reliques en 1792. Ils reconnurent les boites
dans lesquelles on les avait alors renfermées, et déclarèrent qu'elles
n'avaient subi aucun changement. Ces reliques furent d'abord présentées à
Mgr Belmas, qui les examina dans son palais épiscopal de Cambrai. Il «
reconnut que cette tête était la même qui, pendant un long espace de
temps, avait étéi exposée à la vénération des fidèles de la ville de
Berguees, et qui, dans les derniers temps de calamités, avait été retirée
de la châsse en argent, comme l'ont attesté des hommes dignes de foi, les
uns prêtres, les autres laïques, lesquels tous ou avaient vu autrefois
cette tête exposée, ou l'avaient retirée eux-mêmes de la châsse en argent
sus-mentionnée. Nous donc, nous avons replacé avec respect cette tête
dans un reliquaire de cuivre jaune plaqué d'une couche d'étain à
l'intérieur, après l'avoir liée avec une bande de soie noire et munie de
notre sceau, puis nous avons permis, et, par les présentes, permettons
qu'elle soit exposée à la vénération des fidèles dans l'église de
Saint-Martin de Bergues. Mais, afin que les fidèles vénèrent plus
facilement cette tête auguste, nous en avons renfermé une parcelle dans
une boîte dont le fond est en cuivre et la partie antérieure, que ferme
une glace, en argent. Nous avons muni de notre sceau le fil de soie verte
qui l'entoure. » (lettre du 27 mai 1820)
La cérémonie de la translation eut lieu le 8 juin de la même année, en
présence d'un peuple immense accouru de tous les pays voisins, et le
reliquaire, enchâssé dans une statue en bois, qui avait été bénite
auparavant, fut placée dans le choeur. Le procès-verbal de cette
cérémonie fut signé par 3 anciens religieux de l'abbaye de Saint-Winnoc,
par plusieurs prêtres ou laïques des environs, par les vicaires de la
paroisse, et enfin par M. l'abbé Vandeputte, qui avait présidé. Le 7
février 1821, Mgr Belmas, sur la demande du pasteur et des fidèles de la
paroisse de Bergues, permettait l'érection d'une Confrérie en l'honneur
de saint Winnoc. Le 18 mai 1823, on transporta solennellement les
reliques de saint Winnoc dans un buste et une châsse en argent, dont la
piété généreuse des habitants de Bergues avait fait l'acquisition.
Maître de l'univers, qui règne sur le monde,
Jésus, qui es l'éternel Dieu avec ton Père,
Tu donnes aux âmes la rosée de Ta bénédiction salutaire,
Remplis maintenant les coeurs avec le feu de Ton Esprit.
Nous fêtons la fête de Winoc, ton ami,
Et nous Te vouons, ô Toi le Très-Haut, nos promesses,
Nous chantons des hymnes pour Ton soldat,
Parce qu'il brille d'une manière céleste par Ta lumière.
Il fut digne de porter le nom de pasteur,
Puisque dans tous ces actes il se montra le serviteur de tous.
Il se mit à l'ouvrage comme s'il fut un esclave;
L'exemple que nous tous devons suivre.
Ses hautes vertus firent tourner la meule automatiquement
Et cela lui arracha des larmes douces.
Il pria et vit devant ses yeux brillants
Comment la farine augmenta dans le moulin.
Le curieux, qui l'épia, tomba à coté du blé,
Ses yeux perdirent la lumière, ses membres la force.
Winoc pria avec ferveur que cet homme guérisse
Et le Tout-Puissant écouta le désir de celui qui pria.
Winoc, le bien-aimé, fut joint aux astres,
Il brille, orné de dons éternels.
Il fut paré d'une couronne éternelle
Et il chante dignement la louange de Dieu.
Gloire au Père éternel, le Tout-Puissant,
Et gloire à son Fils,
Loué toujours avec le Saint Esprit,
En tout temps le Dieu Unique en Trois Personnes. Amen.
Saint Abbé Winoc, miraculeusement tu fus sauvé des ondes furieuses de la
mer par le Christ, notre Roi, car la mer fut fendue pour toi et s'érigea
comme un mur. Captif de l'amour du Christ tu reposas sur le fond qui
pour toi fut recréé dans un aimable paradis plein de fleurs odorantes.
Prie maintenant ton Maître pour nous qu'Il nous accorde la grâce du Salut.
(tropaire de saint Winoc, ton 3)
Armé divinement de spirituelle pureté et tenant en main fortement
comme lance l'incessante oraison, tu as transpercé les diaboliques
escadrons; vénérables saint père Winoc, prie sans cesse le Christ en
faveur de nous tous.(kondakion de saint Winoc, ton 2)
PRIERE D'INTERCESSION A SAINT WINOC
(du "Moleben" du p. Thomas, monastère de Pervijze)
Bien-aimé Saint Père Winoc, ta vie fut consacrée entièrement au Christ,
car tu as pris Sa Croix pour Le suivre et vaillament, tu as pris sur tes
épaules l'Arbre qui donne la vie. Tu as cloué ta chair à la crainte du
Seigneur et ton esprit éclairé par la lampe de Son enseignement.
Ton coeur brûlait en toi, lorsque tu voyageais avec le Christ le long du
chemin étroit qui mène au Royaume. La maison de ton âme était soutenue par
les colonnes de la foi et de l'amour. Au fonde de ton coeur se réjouissait
l'oiseau printanier du carême et le rossignol chantait le chant délicieux
de la prière.
Tu étais le domaine, le jardin fermé, dans lequel le Seigneur fit son
entrée, te lavant des eaux vivifiantes. Comme un homme de la terre, tu
t'es travaillé toi-même avec le labeur de l'ascèse jusqu'à devenir une
pierre précieuse, pour laquelle tu avais tout vendu.
Tes mains étaient toujours tendues vers Dieu dans le prière comme une
offrande d'encens devant la face de Dieu; tu as écarté tes pieds du chemin
de l'impiété. Ton oreille était toujours attentive à la parole de Dieu et
tes yeux étaient dirigés vers le salut de notre Dieu. Tu as placé une
garde devant ta bouche, mais ta langue chantait constamment un nouveau
cantique pour notre Sauveur.
Tu étais un plat remplit de richesse pour le pauvre, et celui qui n'avait
pas de toit recevait de toi l'hospitalité dans l'amour. Tu étais une
consolution pour l'âme dans la tendresse et tu as essuyé les larmes du
visage des malheureux.
Aussi nous courons vers toi saint père Winoc, et cherchons le repos dans
le port de ta protection. Sois notre intercesseur près du Seigneur tout
puissant, car nous allons à notre perte par suite des assants de nos
ennemis. Nos péchés nous attirent vers le bas et la tempête de nos
passions nous innonde. Nous sombrons dans une boue profonde; l'eau atteint
nos lèvres. Soutiens nous par ta puissante prière, retire nous du marais
de la perdition, car nous sommes épuisés et sans forces. Nous nous sommes
détournés du chemin de la Vie pour gagner la route large de l'enfer.
Aide-nous dans la tendresse et relave-nous, afin que, remplis de joie,
nous puissions glorifier le Nom Très Saint de l'Invisible Trinité: le Père
sans commencement, avec son Fils Unique et son Esprit qui donne la vie,
maintenant et toujours et dans les siècles des siècles.
(prière d'intercession à saint Winoc, du Molebon du P.
Thomas, monastère de Pervijze)
Bénédictine et vierge dans le Brabant, fondatrice de l'abbaye de Grand-Bigard, sainte Wivine naquit vers 1100 à Oisy, en Flandre, d'Hildiarde (Hildegarde) de Baudour et de Hugo II d'Oisy-Inchy-Crèvecœur. Elle reçut nombre de demandes en mariage, mais les refusa toutes et finit par fuir la maison familiale avec son amie Emwara, pour être accueillies par Fulgence, premier abbé d'Affligem - abbaye qui possédait un bâtiment destiné aux femmes, le Parthénon. Elles firent profession en 1120. Ermites dès l'âge de 23 ans à Grand-Bigard, sur des terres qu'elles avaient obtenues du comte Geoffroy I de Brabant, sainte Wivine devint, grâce à l'afflux de nombreuses disciples, venant notamment d'Affligem et de son Parthénon, la première abbesse du monastère de Grand-Bigard, près de Bruxelles - couvent reconnu en 1136 par l'évêque Nicolas van Kamerijk. Ce monastère dépendait de l'abbaye d'Affligem, mais il devint indépendant en 1242 et acquit le statut d'abbaye en 1548. Ses historiens rappellent qu'elle connut bien des épreuves dans sa foi, critiquée souvent par des rumeurs. Mais elle les surmonta par la prière et l'austérité. Elle passa de cette vie à une vie plus heureuse à l'âge de soixante-dix ans. Elle mourut le 17 décembre 1170, jour où elle est fêtée depuis sa canonisation en 1177. Ses reliques reposent dans l'église du Sablon à Bruxelles, et sa vénération protège les animaux des maladies et guérit les humains des maux d'yeux et de gorge. Jan Gielemans écrivit sa biographie au quinzième siècle. Son nom vient des mots germaniques wid, forêt, et win, ami.