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Dossier sur l'homosexualité et l'« homoparentalité «

Le Père Tony Anatrella, prêtre, psychanalyste, spécialiste de psychiatrie sociale

Que pensez-vous de l'homoparentalité ?
Interview de Tony Anatrella accordé au Parisien, novembre 2004

Tony Anatrella : C'est une notion paradoxale car la parenté procède de deux personnes de sexe différent engagées dans une relation amoureuse pour concevoir un enfant. C'est pourquoi je distingue le cas de l'adulte qui a eu un bébé dans le cadre d'une union hétéro- sexuelle avant de vivre son homosexualité : qu'il s'agisse du père ou de la mère, il doit pouvoir continuer à exercer sa responsabilité parentale. Que des gays et des lesbiennes, dont les couples sont par nature inféconds, aient recours à la solution du bricolage biologique, me semble très grave. Cela revient à instrumentaliser l'enfant, utilisé comme faire-valoir par des homos qui manifestent là un grand besoin de reconnaissance sociale.

Quels sont les risques pour l'enfant ?

Les risques de l'homoparentalité ne pourront être évalués qu'à long terme sur vingt ou trente ans. Bien sûr, l'enfant qui a besoin d'un père et d'une mère pour se construire ne développera pas de pathologie mentale et ne deviendra pas homosexuel pour autant. En revanche, en évoluant dans un univers familial unisexe, l'enfant aura plus de difficultés à se construire psychologiquement et à mûrir affectivement. Grandir entouré de deux personnes du même sexe qui vont jouer une mascarade parentale risque de provoquer des troubles de la filiation et une grande confusion dans l'esprit de l'enfant. C'est pourquoi les pouvoirs publics ne doivent pas ouvrir le droit à l'adoption aux homosexuels.

Article du Figaro, 24/09/2004
Homophobie : faut-il vraiment légiférer ?

La survalorisation de la subjectivité et des normes psychologiques entraîne des revendications de plus en plus particulières. Ainsi la commission des lois de l'Assemblée nationale s'apprête-t-elle à examiner un projet de loi « relatif à la lutte contre les propos discriminatoires à caractère sexiste ou homophobe ».

Cette loi est-elle vraiment nécessaire ? Les personnes homosexuelles sont-elles à ce point en danger qu'il faille, d'urgence, les protéger et, par là même, promouvoir l'homosexualité sous couvert d'exigences légales particulières ? L'accroissement du nombre d'agressions à cause de ce particularisme est-il réel pour disposer d'une loi d'exception ? L'arsenal juridique qui existe, sanctionnant le non-respect de toutes les personnes, n'est-il pas suffisant ? Faut-il créer un droit dérogatoire relatif à l'homosexualité ? La justice va-t-elle devoir davantage juger des idées et des intentions plutôt que des faits ? Sommes-nous face à une situation objective ? Le pouvoir politique ne se laisse-t-il pas entraîner dans les affres des représentations subjectives paranoïdes, comme c'est souvent le cas chez ceux qui sont en mal de reconnaissance sexuelle ?

Nous sommes confrontés à un problème que les politiques ne savent pas traiter et qu'ils laissent à des associations qui n'ont pas le sens de l'intérêt général. La démocratie existe-t-elle encore dans l'affirmation de ses fondements qui définissent le couple, le mariage, la famille et la filiation à partir de l'union d'un homme et d'une femme, ou bien se laisse-t-elle morceler au gré du pouvoir des oligarchies de ces mêmes associations qui s'emparent des attributs régaliens de l'État ? Le mal français est à ce point déliant que l'on se plaît à croire qu'en votant une loi on résout un problème, là où l'on ne sait plus appliquer les lois et les valeurs existantes.

Le législateur a tort de vouloir faire d'une intrigue psychique une question politique sans s'interroger sur les enjeux. L'homosexualité ne représente pas de valeur sociale; elle est plutôt un dissolvant social lorsque des militants prétendent, au nom de la théorie du gender, que le genre sexuel doit se fonder sur les orientations sexuelles et non plus sur la différence sexuelle.

Le mariage et l'adoption d'enfants sont revendiqués comme un droit. Or l'incohérence se développe lorsque des discours dissocient la procréation et l'éducation des enfants dans le lien le plus et le mieux partagé au monde. Il n'y a rien de discriminatoire à rappeler qu'il n'y a que des hommes et des femmes qui forment un couple, se marient, conçoivent, adoptent et éduquent des enfants. Ce ne sont pas des droits absolus pour tous les citoyens qui, certes, même s'ils sont égaux devant la loi, ne sont pas obligatoirement dans les conditions nécessaires pour accéder à ces droits. Ces normes ne reposent pas, comme on le dénonce de plus en plus, sur des références religieuses, mais avant tout sur la réalité anthropologique de la différence sexuelle.

Les personnes homosexuelles ne forment ni un couple, puisqu'elles ne sont pas dans l'altérité sexuelle, ni un couple générationnel puisque leur expression sexuelle ne donne pas la vie à un autre. Les revendications subjectives, l'instrumentalisation du mariage, le bricolage lié à la filiation et la mise en demeure de la société afin qu'elle modifie ses références objectives se heurtent à des limites, à des interdits et à des logiques sociales que le pouvoir politique doit avoir le courage de rappeler s'il veut maintenir la cohésion sociale. Une cohésion sociale qu'il tente de refaire à partir de divers artifices, alors que ce sont des lois votées depuis plus de quarante ans qui favorisent l'état délétère de la société, son délitement et la violence.

Une loi sur l'homophobie accentuera les symptômes en voulant instituer les pulsions partielles contre l'identité sexuelle masculine et féminine. Les plus déstabilisés et les plus réactifs seront, dans quelques années, les jeunes. Dire que le respect des personnes, sans exception, est inconditionnel est une chose, mais vouloir affirmer que l'homosexualité fait partie de la norme et qu'elle peut être un régulateur social, voilà qui sera à long terme inacceptable.

Allons-nous, au nom de la reconnaissance de l'homosexualité, instaurer la police des idées ? Le projet de loi ne précise pas ce que sont l'homophobie et le délit homophobe, laissant à la jurisprudence le soin de faire la loi. Le terme « homophobe » signifie la peur du semblable. Quel rapport avec l'homosexualité, et qui en a peur alors qu'elle n'a jamais été si envahissante, banalisée et valorisée ? Elle apparaît même comme une référence supérieure en amour et une « qualité » pour éduquer les enfants. On voudrait nous faire croire que ceux qui adoptent ce mode de vie sont perpétuellement menacés. Quelle mauvaise foi dans cette manipulation de l'opinion publique, surtout lorsque certains se plaisent à montrer en exemple le moindre incident. Il est pour le moins perfide de voir à tout propos des agressions contre des homosexuels alors que, dans les cas de délits et de crimes, il s'agit le plus souvent d'actes crapuleux ou le fait de personnalités asociales. S'ils sont évidemment répréhensibles avec les lois en vigueur, ils ne témoignent pas d'un racisme qui, lui, est un acte militant fondé sur une doctrine.

La lutte contre les propos homophobes est présentée comme la volonté de ne pas accepter « des comportements qui mettent en cause la dignité de la personne humaine dans ce qu'elle a de plus sacré ». Nous sommes en pleine confusion intellectuelle. En quoi une orientation sexuelle, recherchée pour elle-même, et qui est vécue en contradiction avec l'identité sexuelle, est-elle un droit inhérent à la « dignité de la personne humaine » ? N'y a-t-il pas un hiatus entre le respect dû à la personne et celui que l'on voudrait appliquer à une orientation sexuelle voire à des murs ? Certes, à chacun ses tendances : mais de là à en faire une référence sacrée... c'est nous obliger à considérer une caractéristique psychique comme source de droit. C'est une imposture intellectuelle que de vouloir faire d'une orientation sexuelle une qualité de la personne au point de l'inscrire dans la loi, alors qu'il s'agit d'une question controversée.

Autrement dit, l'orientation sexuelle n'est pas une qualité comparable à l'origine ethnique et religieuse. L'idéologie homosexuelle amalgame des réalités qui ne sont pas de même nature. Les murs homosexuelles ne représentent aucun caractère sacré de la personne. Elles peuvent être l'objet de critiques et même de restrictions concernant le couple, le mariage et la famille. Après tout, libre à chacun de vivre comme il l'entend, mais est-ce à la loi d'organiser l'homosexualité au détriment de ce que représente le sens du couple et de la famille ?

Au regard d'une loi inique qui se prépare, il faut espérer que le législateur se montrera critique et refusera une telle proposition. C'est à lui de savoir introduire de la négativité dans le corps social face aux désirs de toute-puissance de certains au nom du principe de plaisir contre le principe de réalité. Sinon, faudra-t-il brûler les ouvrages cliniques de psychiatrie et de psychanalyse, interdire la Bible ? Serons-nous perpétuellement obligés de nous demander s'il est discriminatoire et quelle peine nous encourons à décrire, lors de nos cours de psychologie et de psychopathologie, les problèmes posés par des tendances partielles recherchées pour elles-mêmes comme l'homosexualité ?

Ce projet de loi est téléguidé par des associations qui en font une pièce majeure dans leur stratégie politique. Elles tiennent en premier lieu à une loi afin de mieux lutter contre la critique des murs homosexuelles, le mariage et l'adoption d'enfants. Elles espèrent également intervenir dans les établissements scolaires pour, sous prétexte de lutte contre l'« homophobie », banaliser l'homosexualité auprès des adolescents. Il est significatif de constater l'inversion des valeurs qui se produit quand, au nom de la loi, le religieux devient obscène dans les écoles alors que les tendances sexuelles seraient vertueuses. Ainsi engagées, il sera plus facile pour les associations d'accuser quiconque de discrimination en ces matières et d'ouvrir la porte à une reconnaissance égalitaire ce qui, en ces domaines, est un non-sens et un signe de faiblesse du pouvoir politique. Le principe de précaution est refusé tout comme sont niés les effets à long terme de la transgression incestueuse de la différence sexuelle; l'inceste étant le résultat de l'indistinction sexuelle et générationnelle.

Le législateur va-t-il, pour traquer une prétendue homophobie, réactualiser le mythe de Dionysos, qui naquit de la cuisse de Jupiter, comme la toute-puissance du droit actuel voudrait fabriquer des unions et rétablir la censure au gré des tendances partielles du communautarisme homosexuel ?

Interview du Père Tony Anatrella par Marie-Estelle Pech, Le Figaro, 24/09/2004

« La justice n'a pas à reconnaître l'homoparentalité. »

LE FIGARO. La droite s'apprête à améliorer le Pacs alors qu'elle était opposée à ce contrat lors de sa création par la gauche. Comment interprétez-vous ce revirement ?

Tony ANATRELLA. L'attitude de la droite me paraît très paradoxale. Elle s'était pourtant opposée au Pacs pour des raisons compréhensibles : éviter le brouillage avec le mariage qui repose exclusivement sur les relations entre un homme et une femme. Mais le problème de la droite française, c'est que lorsqu'elle arrive au pouvoir, elle applique la politique de la gauche en espérant gagner des voix. Du coup elle trahit son électorat. Elle manque de conviction et de courage. Sans doute reprendra-t-elle ses positions antérieures, quand elle reviendra dans l'opposition. Le pacs qui s'inspire des caractéristiques réservées au mariage est un contrat à limage des instabilités affectives contemporaines. Il va s'aligner fiscalement sur le mariage, une nouvelle loi facilite déjà le divorce. On est en train de vider le mariage de sa valeur symbolique.

L'institution du mariage n'a pourtant pas eu besoin des homosexuels pour être fortement ébranlée : baisse de la pratique religieuse, hausse des divorces, des naissances hors mariage...

Certes, mais est-ce une raison pour donner le coup de grâce ? À la limite pourquoi ne pas supprimer le mariage et le remplacer par le Pacs ? On brouille les repères symboliques de la société qui n'a pourtant aucun intérêt à organiser légalement des liaisons homosexuelles. L'homosexualité n'est pas une identité, cest une tendance sexuelle, ce n'est pas une caractéristique fondamentale de la personne humaine. On inverse tout. La loi n'est plus au service du bien commun et de l'intérêt général mais au service des individus.

Que pensez-vous de la reconnaissance d'autorité parentale accordée par la justice à deux femmes homosexuelles ? N'est-ce pas le signe d'une évolution de la société vis-à-vis de l'homosexualité ?

Je pense au contraire que c'est une régression. De même l'adoption d'enfants par les homosexuels représenterait une véritable confusion. Ce n'est pas à la justice de reconnaître l'homoparentalité. Il ne faut pas que l'enfant soit instrumentalisé. La loi de 2002 a été détournée dans ce cas précis. Au départ, elle a été prévue pour les enfants issus du divorce dont l'un des parents ne s'occupe plus, alors que le nouveau partenaire les a pris en charge. La Belgique autorise l'insémination artificielle pour les couples d'homosexuelles, c'est une attitude irresponsable que la France n'a pas suivie et pour cause. Pourquoi devrait-on s'aligner sur le commun dénominateur le plus bas ? Ces enfants sont nés sans père connu, par insémination artificielle. L'une des deux femmes n'est donc pas parente de l'enfant. Elle demande à la loi d'être reconnue au nom de ses exigences affectives. Qu'il y ait des cas particuliers, c'est une chose, en faire un système, c'en est une autre. Pense-t-on à ces enfants ? On fabrique des bombes à retardement.

Quelques citations



Ad majorem Dei gloriam