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Tout le dossier sur l'homosexualité et l'« homoparentalité »

Ne pas enfermer l'homme dans sa sexualité

Un article de Zenit.org, 02/07/2000

L'Église nous rappelle avant tout que l'on ne doit pas emprisonner la personne dans sa sexualité, affirme le P. Georges Cottier, dominicain, théologien de la Maison pontificale, dans un entretien accordé à L'Avvenire, qui fait le point sur la position de l'Eglise face aux personnes homosexuelles. Tout en rappelant la loi morale et son but, le théologien déplore le « mépris » dont les personnes homosexuelles peuvent faire l'objet et invite la communauté chrétienne a lutter contre les « préjugés ». Il rappelle que les personnes homosexuelles sont elles aussi appelées à la sainteté. Il évoque à plusieurs reprise la « maternité de l'Eglise ».

Une référence à la Création

Loin de toute polémique, la réflexion du P. Cottier rappelle la position pastorale de l'Eglise, au moment où le World gay pride a commencé à Rome (1er-9 juillet) : « Théâtre, danse, musique, débats, avant le défilé », annoncent les organisateurs. L'affiche renvoie - la préoccupation religieuse n'est pas loin, même si c'était par dérision - à la Création: dans un triangle où l'on entrevoit le globe terrestre, deux doigts se rejoignent presque, rappelant les doigts d'Adam et du Créateur du plafond de la Sixtine.

La personne transcende la sexualité

Citant la Lettre aux évêques de l'Église catholique sur le soin pastoral des personnes homosexuelles, publiée par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi en 1986, le P. Cottier préconise de parler de « personnes homosexuelles » et non de l'adjectif substantivé « homosexuel », réducteur. « L'Eglise nous rappelle, avant tout, que l'on ne doit pas emprisonner la personne dans sa sexualité. En 1986, rappelle-t-il, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi a publié un document sur le soin pastoral des personnes homosexuelles, où l'on trouve une précision importante. La personne en tant que telle transcende la sexualité. Il vaut mieux, par conséquent, ne pas parler « d'homosexuels » ou de « lesbiennes », mais de « personnes homosexuelles ou lesbiennes », pour souligner cette transcendance qui est le destin fondamental de tous les êtres humains.

Un phénomène « douloureux » à prendre en considération avec sérieux

Avant d'aborder le sujet, le P. Cottier a également demandé une réflexion « sérieuse » : « Arrêtons-nous un moment pour réfléchir, pour comprendre, et préciser certaines choses, dit-il. L'Église dit des choses essentielles, rappelle le théologien du pape. Et ce sont des éléments qui peuvent offrir la clef d'interprétation de ce phénomène social et personnel, souvent douloureux et grave. J'utilise l'adjectif "grave" ["lourd" en français, ndlr] non dans le sens d'un jugement moral, mais parce qu'il pèse beaucoup sur certaines personnes et mérite d'être pris en considération de façon sérieuse. »

La loi morale, pour arriver à notre « fin »

D'autre part, le théologien insiste sur la distinction entre « tendances » et « actes » homosexuels, et sur le fait que le clivage ne passe pas entre « homosexuel-mauvais » et « hétérosexuel-bon » : ce qui ordonne l'activité humaine, c'est la fin de l'homme, référence de la loi morale. « Nous devons bien faire la distinction, dit-il, entre les tendances homosexuelles, dont dans la plupart du temps la personne n'est pas responsable, et les actes homosexuels. Ces actes, disons, sont jugés selon la loi morale, qui nous indique le chemin pour arriver à notre fin : l'union à Dieu. Certains actes sont conformes à la volonté de Dieu, et donc bons, et d'autres non. Mais cela vaut pour tous les actes de type sexuels, comme pour tous les champs de l'activité humaine. Et cela vaut, naturellement aussi pour les personnes hétérosexuelles. »

Le mariage « monogame et indissoluble »

Exemple : l'adultère ? « Exactement. L'adultère, répond le P. Cottier, est grave, c'est un péché. Ainsi, l'on ne doit pas mettre d'un côté les actes homosexuels et de l'autre les actes hétérosexuels. Pour l'Église, l'usage des actes sexuels n'est moralement licite qu'à l'intérieur du mariage monogame et indissoluble. »

Les personnes homosexuelles souffrent du mépris engendré par les préjugés

Mais c'est le point de vue pastoral qu'envisage le dominicain qui dénonce le mépris dont des personnes homosexuelles peuvent être l'objet du fait de « préjugés ». « L'action pastorale, dit-il, s'adresse à des personnes et doit donc être caractérisée par la compréhension et le respect. Il est vrai, hélas, que ces personnes, souvent, ont été méprisées, n'ont pas reçu de considération, ont beaucoup souffert de comportements qui sont plus le fruit de préjugés que d'inspiration évangélique. Pensons au contraire à la maternité de l'Église : personnes homosexuelles ou personnes hétérosexuelles, célibataires ou mariées, nous sommes tous aimés par l'Église parce que l'Église est le sacrement de l'amour du Christ pour tous. »

Ce que l'homme ne peut changer

Pourtant, l'organisation du Gay pride à Rome, en l'Année du Jubilé a suscité des perplexités en Italie. Le P. Cottier distingue l'« idéologie » sous-jacente. « La difficulté actuelle, explique-t-il, est due à l'idéologie gay, ce qui est une autre chose. C'est un ensemble de revendications, dont certaines sont justes et d'autres non. Justes : ce sont celles qui réclament la reconnaissance de la qualité de personne due à tous. Mais derrière, il y a la tendance de beaucoup à reconnaître les unions entre personnes homosexuelles de façon, je ne dirais pas identique, mais très semblable au mariage. Un peu ce qui se passe pour les unions de fait. Le mariage au contraire est une institution voulue par Dieu que nous, hommes, nous ne pouvons changer selon notre bon plaisir. Donc, l'Église, sans offenser les personnes, doit dire la vérité, c'est-à-dire 'non'. Rappelons que, comme le disait Paul VI, l'annonce de la vérité est une forme éminente de la charité. »

De l'individualisme au narcissisme

Dans la réponse de l'Église, il n'y a donc pas une idéologie, mais la prise en compte d'une réalité objective. Il s'agit, précise le P. Cottier, de « tenir compte d'une loi morale objective, d'un plan de Dieu inscrit dans la réalité que nous devons chercher à découvrir à la lumière de la raison et de la foi ». Citant la Constitution conciliaire Gaudium et Spes, le P. Cottier explique: « Gaudium et Spes dit que l'union entre l'homme et la femme dans le mariage est la première forme de communion. Au contraire, dans la conception individualiste, l'amour n'est plus communion. Nous en arrivons inévitablement à un comportement narcissique. »

Avant tout, lutter contre les préjugés et le mépris

Quelle attitude à tenir, dans la communauté ecclésiale ? Le P. Cottier répond sans hésitation : « Avant tout, lutter contre les préjugés, et le mépris, qui est presque toujours le fruit de préjugés. Que les personnes homosexuelles se sentent de plein droit de la paroisse, parce qu'elles sont des personnes comme les autres et auxquelles s'adresse le même appel à la sainteté qu'à tous les autres hommes et toutes les autres femmes. Je le répète : tenons présente à l'esprit la maternité de l'Eglise qui aime, au nom du Christ, tous les hommes. »

Derrière les provocations, une accumulation de souffrance

Que sont les « groupes de prise de conscience » ? Ces groupes, explique le P. Cottier, peuvent apporter une certaine aide. Mais il met en garde contre l'enfermement d'un groupe sur « sa propre différence ». « Cela peut devenir contre-productif, ou source de nouveaux préjugés », remarque-t-il. Quant à l'efficacité d'une manifestation comme le Gay pride pour aider les personnes homosexuelles, le P. Cottier n'y croit pas. « Au-delà de la coïncidence, dit-il, avec l'Année sainte, et de sa nature plus ou moins provocatrice, cette manifestation n'aide pas à bien comprendre le problème et les dommages humains qui sont en jeu. Il est probable que derrière les provocations, il y ait aussi une accumulation de souffrances. Mais ce n'est certainement pas le chemin adéquat pour les surmonter. »



Ad majorem Dei gloriam