Retour à la page d'accueil

Tout le dossier sur l'homosexualité et l'« homoparentalité »

Ne pas ériger en modèle des situations de fait

LE FIGARO. De plus en plus de personnes ont recours à la procréation médicalement assistée, en France ou à l'étranger. L'Église a toujours montré des réticences, pourquoi ?

Xavier LACROIX. L'Église pose une question de fond : celle de la dissociation entre l'acte sexuel, la procréation, ou encore la parenté et la conjugalité. Pour elle, toutes ces dissociations ne vont pas dans le bon sens.

Dans la PMA, il peut aussi y avoir dissociation entre la parenté et l'origine biologique. Faire appel à la banque du sperme, par exemple, c'est introduire un tiers dans la relation, car ce sperme vient bien d'un homme. L'essentiel dans la relation parentale passe certainement par l'amour et l'éducation, mais le passage par le corps n'est pas rien. Il n'est pas indifférent d'être né par l'intermédiaire du corps d'un autre.

Recourir à la médecine pour avoir un enfant, est-ce religieusement condamnable, y compris au sein de couples hommes-femmes stables ?

Au sein du couple, je ne poserais pas la question en termes de ce qui est « permis » ou « défendu ». C'est une question qui relève d'une éthique très intime. Moi, je plaide pour les bienfaits de l'unité... Aujourd'hui, un enfant peut avoir été conçu par un homme, porter le nom d'un autre et être élevé par un troisième pendant que sa mère vit avec un quatrième. Toutes ces dissociations sont autant de discontinuités dans l'histoire de l'enfant et facteurs de difficultés ultérieures pour lui.

Vous êtes a fortiori opposé à l'émergence de l'« homoparentalité »...

Je crois que grandir avec son père et sa mère, un homme et une femme, est un bien élémentaire pour un enfant. Nier cela, c'est nier tous les acquis de la psychanalyse depuis un siècle. Le mot sexe lui-même, qui vient du latin secare qui veut dire différence : chaque individu se construit dans un jeu subtil d'identification et de différenciation vis-à-vis des deux parents de sexes opposés.

Les associations militantes font par ailleurs l'amalgame entre des situations très diverses. Dans certains cas, des enfants nés d'un couple hétérosexuel peuvent être élevés ensuite par deux personnes de même sexe : c'est une situation de fait que je ne nie pas. Mais je ne vois pas de raison de codifier ces situations dans la loi, ce qui reviendrait à les instituer. Assumer des situations de fait est une chose, les offrir en modèle avec l'appui de la loi en est une autre. Sous prétexte de ne pas créer de discrimination entre adultes on risque d'en créer une autre, bien plus grave, entre les enfants.

Le Figaro, 8 novembre 2004, propos recueillis par L.C.









Ad majorem Dei gloriam