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La cabale anti Buttiglione

Tout le dossier sur l'Affaire Buttiglione, Dossier sur l'homosexualité et l'homoparentalité

Victime du péché démocratique de Buttiglione, Barroso va remanier sa Commission

François de Lacoste Lareymondie

Article tiré du site Liberté politique,
le site de la fondation de service politique



José Manuel Barroso a donc battu en retraite plutôt que d'affronter le scrutin parlementaire. Il s'est donné un mois pour présenter une autre combinaison de commissaires. Ce qui fait dire à Courrier international que c'est une « victoire de la démocratie » : « En provoquant la chute de la Commission Barroso avant même son entrée en fonctions, le Parlement européen a démontré qu'il était capable de faire contrepoids aux caprices des gouvernements nationaux (28 octobre). » Autrement dit, la démocratie fonctionne sans vote, juge en l'espèce sur la base d'un faux (cf. Décryptage, 22 octobre), avec la seule autorité du retentissement médiatique.
C'est bien dans ce contexte qu'il faut analyser l'échec de Barroso : l'assaut contre Rocco Buttiglione ne s'explique que par la volonté d'un certain nombre de gauchistes, socialistes, « libéraux » et autres libres penseurs de marquer un second point contre l'Église catholique après l'affaire des « racines chrétiennes ». Son péché (démocratique ?) à lui : revendiquer franchement, mais à titre personnel, l'enseignement biblique de l'Église sur la famille et l'homosexualité.

Une manipulation éhontée de la réalité des propos du commissaire désigné italien a permis d'utiliser deux leviers qui se sont révélés efficaces : la volonté du Parlement européen, nouvellement élu, de s'affirmer face à la Commission (face à n'importe quelle commission serais-je tenté de dire) alors que son prédécesseur, bien qu'élu dans la foulée de la démission forcée de la « commission Santer », n'avait pas réussi à le faire; et celle de certains dirigeants de groupes parlementaires de se faire pardonner le partage des dépouilles auquel avait donné lieu la répartition des présidences, en laissant la bride sur le cou aux plus vindicatifs. Sous cet angle, les souverainistes qui ont pratiqué la « politique du pire » portent une certaine responsabilité.
Cet épisode laissera des traces : José Manuel Barroso s'est révélé n'avoir ni la dimension de son poste ni une autorité politique personnelle suffisante, à la différence de Romano Prodi, pour surmonter la première crise politique rencontrée; sans doute a-t-il été rattrapé par son passé maoïste...
S'il est reconduit, il aura beau modifier son équipe que le Parlement aura pris un réel ascendant sur lui, au détriment de la Commission (on pourrait presque s'en satisfaire) puisqu'elle est en début de mandat et non en fin comme dans l'affaire Santer, mais aussi du Conseil qui l'a nommé ; et s'il ne l'est pas, le Conseil sera contraint de rouvrir les équilibres fragiles qu'il pensait avoir sécurisé en le nommant, alors qu'il avait déjà peiné à trouver le président idoine pour la Commission, car il devra, cette fois-ci, tenir compte du Parlement et de ses équilibres politiques internes ; mais il ne pourra le faire qu'au détriment du « couple franco-allemand » dont Barroso était le fruit... On lui souhaite bien du plaisir.

Quel enseignement tirer de ces évènements pour l'avenir de l'Europe ?

1/ Le fonctionnement institutionnel de l'U.E. pourrait bien commencer à obéir à une dynamique propre (celle des assemblées) plutôt qu'à la volonté des rédacteurs des traités : ce qui était attendu des promoteurs de l'élection du Parlement européen au suffrage universel (VGE) il y a 25 ans et ne s'était pas produit alors, pourrait bien se produire maintenant mais de façon différente et imprévisible, tout aussi peu démocratique,
2/ Fille de la chrétienté, l'Union européenne s'écarte de plus en plus de sa source mère, moins par la force des choses que par la volonté délibérée et efficace de lobbies puissants qui savent tirer parti de ses ambiguïtés structurelles. Une dépêche de l'AFP ne titrait-elle pas, mercredi 27 octobre : « Le Vatican perd son influence à mesure que l'Europe grandit » ? Quel aveu...



Cet article se trouve ici, sur le site Liberté politique.



Ad majorem Dei gloriam